Le yuan "bientôt" inclus dans le panier des DTS du FMI ?

Par latribune.fr  |   |  589  mots
Le yuan deviendra-t-il une référence internationale ? (Crédits : © Stringer China / Reuters)
La devise chinoise pourrait, selon Bloomberg, être incluse dans le calcul de la monnaie du FMI dans les prochains mois. Ce serait un premier pas vers l'ambition chinoise d'un yuan "monnaie de réserve."

La devise chinoise, le yuan ou officiellement renminbi (« monnaie du peuple ») pourrait entrer en 2016 dans la composition des « Droits de Tirage spéciaux » (DTS), l'unité de compte du Fonds Monétaire International (FMI). C'est du moins ce que croit savoir l'agence Bloomberg qui cite des sources « officielles chinoises. »

Communiqué prêt

Selon Bloomberg, les représentants du FMI ont « assuré » au gouvernement chinois que le yuan entrera « probablement bientôt » dans le panier de devises qui compose les DTS et qui, aujourd'hui, n'inclut que quatre devises : le dollar, l'euro, le yen et la livre sterling.  « Les officiels chinois sont si sûr de disposer du feu vert de Washington qu'ils ont déjà rédigé les communiqués de presse pour saluer cette décision », affirme Bloomberg.

Dès la fin de l'année ?

Le FMI passe actuellement sous revue la composition des DTS et a prévu une réforme de ces derniers en septembre 2016. En théorie, le conseil d'administration du FMI avait décidé que les DTS resteraient inchangés jusqu'à cette date, mais il est possible que, dans le cadre de sa révision quinquennale des DTS, qui doit s'achever à la fin de l'année, l'institution de Washington décide d'ajouter le renminbi dans le calcul du taux des DTS. Une réunion du Conseil d'administration est prévue en novembre à ce sujet.

Rivaliser avec le dollar

L'entrée du yuan dans les DTS est une mesure importante, même si elle est surtout symbolique. En septembre, le montant des DTS était de 280 milliards de dollars, ce qui est assez faible au regard des réserves de devises qui s'élèvent à 11.000 milliards de dollars. Mais si le yuan entrait dans les DTS, tout pays membre du FMI pourrait obtenir des yuans contre des DTS. La monnaie chinoise deviendrait donc une monnaie de référence et de couverture.

Pékin en a donc fait une véritable obsession, y voyant un élément de prestige essentiel à ses yeux et la confirmation du poids mondial acquis par l'économie chinoise depuis dix ans. Surtout, ceci favoriserait la transformation du statut du yuan, monnaie utilisée jusqu'ici principalement pour commercer avec la Chine. Car si la devise chinoise est la troisième monnaie d'exportation du monde, elle n'est pas encore une monnaie de réserve.

En entrant dans le calcul des DTS, Pékin veut faire à long terme du yuan un rival du dollar. En dernier lieu, il s'agit bien de pouvoir utiliser cette devise comme une puissance économique pour les intérêts chinois, à l'image de ce que font les Etats-Unis depuis soixante ans. Ce développement du yuan s'inscrit donc dans la rivalité économique sino-étatsunienne.

Efforts chinois

Aussi le gouvernement chinois a-t-il tout fait pour développer l'usage international du yuan. Des accords d'échanges de devises ont été passés avec trente banques centrales et les investissements directs en yuans ont été encouragés. En août dernier, le mode de fixation du cours du yuan a été modifié, ce qui a été l'occasion de le dévaluer, afin de rendre sa valeur plus proche de celle de la réalité du marché des devises. Le FMI s'était alors félicité de la décision chinoise, tout en insistant encore sur le chemin à parcourir pour que le renminbi satisfasse à la condition de « libre convertibilité » nécessaire pour entrer dans le calcul des DTS. Pékin entend pouvoir faire du yuan une monnaie librement convertible et flottante d'ici deux ou trois ans.