Manipulation des taux de change  : Le Credit Suisse pas impliqué, selon un jury américain

Par latribune.fr  |   |  705  mots
Les bonnes nouvelles sont en ce moment rares pour le Credit Suisse. (Crédits : ARND WIEGMANN)
Un jury américain a estimé jeudi que Crédit Suisse n'avait pas participé en connaissance de cause à une entente entre les traders de plusieurs grandes banques visant à manipuler les taux de change entre 2007 et 2013. Un soulagement pour la banque helvète, secouée par des scandales à répétition.

Le Credit Suisse n'a pas participé, avec d'autres établissements, à infléchir un taux de référence du marché des changes. Il a été exonéré de sa responsabilité dans cette affaire par un jury américain : « nous sommes extrêmement heureux que le jury ait convenu avec nous que les accusations des plaignants n'étaient pas fondées », a indiqué une porte-parole de l'établissement suisse dans un message à l'AFP.

Quinze autres grandes banques ont passé un accord pour solder les poursuites des plaignants, des investisseurs s'estimant lésés et regroupés dans une action collective, pour 2,3 milliards de dollars au total. Une série de pénalités représentant plusieurs milliards de dollars a aussi été infligée à leur encontre par les autorités de divers pays.

Il était reproché à tous ces établissements d'avoir utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter de façon indue afin d'infléchir les taux de change entre 2007 et 2013.

Crédit Suisse était la seule entreprise à avoir refusé de négocier un accord. Le procès avait débuté le 11 octobre dans un tribunal de Manhattan à New York. Les jurés ont reconnu l'existence d'une entente destinée à manipuler les taux de change, mais ont répondu « non » à la question de savoir si Credit Suisse avait « participé en connaissance de cause » à cette entente.

La banque suisse secouée par des scandales à répétition

Le verdict apporte une bouffée d'air à l'établissement suisse, par ailleurs secoué par des scandales à répétition, comme la faillite en mars 2021 de la société financière britannique Greensill, dans laquelle 10 milliards de dollars avaient été engagés par le biais de quatre fonds, et l'implosion du fonds américain Archegos, qui lui a coûté quelque 5 milliards de dollars. Un nouveau directeur général, Ulrich Körner, est arrivé aux commandes début août pour redresser le groupe bancaire. Il doit présenter sa stratégie le 27 octobre.

En amont de cette présentation, la banque a d'ores et déjà annoncé, ce vendredi, avoir vendu sa participation dans le groupe espagnol Allfunds pour 334 millions d'euros. Actionnaire depuis 2020, elle détenait une participation de 8,6% dans cette plateforme spécialisée dans les services pour les fonds.

Dans une autre affaire de longue date, Credit Suisse a accepté lundi de s'acquitter aux Etats-Unis d'un montant de 495 millions de dollars pour régler le dernier litige sur les titres adossés à des créances hypothécaires lié à la crise financière de 2008, engagé par les autorités du New Jersey.

Une perte plus lourde que prévue

De quoi pénaliser les résultats de la banque suisse qui a dévoilé, en juillet dernier, une perte beaucoup plus lourde que prévu par les investisseurs, à 1,59 milliard de francs suisses (1,6 milliard d'euros). Le numéro deux du secteur bancaire helvétique, qui avait dégagé un bénéfice net de 253 millions de francs au deuxième trimestre l'an passé, avait déjà émis un avertissement sur ses résultats début juin en raison des secousses sur les marchés financiers depuis l'invasion de l'Ukraine qui ont affecté sa banque d'investissement. Mais les analystes interrogés par l'agence suisse AWP tablaient en moyenne sur une perte de 254 millions de francs pour le trimestre écoulé.

Durant le trimestre concerné, sa banque d'investissement avait essuyé une perte de 1,1 milliard de francs suisses en raison d'une baisse « significative » de l'activité d'émission sur les marchés des capitaux ainsi que par une réduction de l'activité clientèle, a reconnu la banque dont les résultats trimestriels ont également été affectés par des provisions pour litiges. « Nos résultats pour le deuxième trimestre 2022 sont décevants », a admis Thomas Gottstein, qui dirigeait le groupe depuis 2020, cité dans le communiqué, affirmant que la performance de la banque a été « considérablement affectée » par « les vents contraires géopolitiques, macroéconomiques et sur les marchés ». « L'urgence d'une action décisive est claire », a-t-il ajouté, précisant qu'un examen complet, pour renforcer la gestion de fortune, la banque de détail suisse et la gestion d'actifs est en cours.

(Avec AFP)