Crédit Suisse face à de nouvelles pertes et de nouveaux départs de dirigeants

La série noire continue pour la deuxième banque suisse qui affiche une perte nette au premier trimestre de 273 millions de francs suisses après une perte nette de plus de 2 milliards au trimestre précédent. Confronté à une série de scandales depuis un an, le groupe annonce également le départ de plusieurs dirigeants clés, à deux jours de son assemblée générale.
Le groupe bancaire suisse essuie une nouvelle perte trimestrielle de 273 millions de francs suisses, après une perte nette de plus de 2 milliards au trimestre précédent.
Le groupe bancaire suisse essuie une nouvelle perte trimestrielle de 273 millions de francs suisses, après une perte nette de plus de 2 milliards au trimestre précédent. (Crédits : Reuters)

Pertes financières et changement de direction : les trimestres se suivent et se ressemblent au Crédit Suisse, ce géant bancaire empêtré dans des scandales à répétition depuis plusieurs années. La deuxième banque suisse a annoncé, ce mercredi, une nouvelle perte nette trimestrielle de 273 millions de francs suisses, largement due aux provisions pour litiges (700 millions de francs suisses) et dans une moindre mesure à l'impact de la guerre en Ukraine (206 millions de pertes).

Lors du quatrième trimestre 2021, la banque avait déjà publié une perte nette de près de 2,1 milliards de francs suisses (2,05 milliards d'euros) après une précédente perte nette de 250 millions au premier trimestre 2021.

D'autres mauvaises surprises

Ce n'est pas une surprise car la banque avait lancé un avertissement sur résultat le 20 avril dernier. Mais l'analyse des comptes recèle d'autres mauvaises surprises, comme des revenus inférieurs aux attentes des analystes financiers, ainsi que des charges en hausse.

Les contre-performances de la banque touchent son cœur de métier, comme la banque privée (-45% par rapport au premier trimestre 2021) et la banque d'investissement (-50%). Et ce, alors même que son concurrent UBS a annoncé des revenus records dans la banque d'investissement au premier trimestre.

Après les affaires Archegos et Greensill, la banque s'est engagée dans une politique de réduction de son profil de risque, qui se traduit par des pertes de revenus. La banque est notamment sortie des activités, généralement lucratives, de services aux fonds spéculatifs, après la débâcle d'Archegos.

Nouveau remaniement à la tête de Crédit Suisse

« Le premier trimestre 2022 a été marqué par des conditions de marché volatiles et l'aversion au risque des clients », avance de son côté le directeur général Thomas Gottstein, qui a succédé, en février 2020, au charismatique patron Tidjane Thiam, contraint à la démission suite à une obscure affaire d'espionnage.

A deux jours d'une assemblée générale qui s'annonce mouvementée vendredi prochain, la banque a également procédé à un nouveau remaniement de sa direction, après avoir déjà évincé plusieurs dirigeants ces derniers mois. Le groupe annonce ainsi le départ de trois autres dirigeants, tous en place depuis longtemps, le directeur financier, le directeur juridique et le responsable des activités en Asie.

Le directeur financier, David Mathers, était ainsi un pilier de la banque, à ce poste depuis 12 ans, tout comme pour le directeur juridique depuis plus de 10 ans, Romeo Cerutti, qui sera remplacé par un transfuge d'UBS, Markus Diethelm, rompu d'ailleurs à la gestion des litiges dans son ancienne maison, notamment en matière de fraude fiscale en France. L'an dernier, Ulrich Körner, le nouveau patron de la gestion d'actifs, était lui aussi issu du concurrent UBS.

Le directeur juridique paye ainsi la succession d'affaires qui touchent la banque depuis plus d'un an, du litige avec un milliardaire géorgien au Bermudes, en passant par Archegos - qui aura coûté jusqu'ici plus de 5 milliards de francs suisses à la banque - et Greensill, sans parler de la démission du l'ancien président du groupe, Antonio Horta-Osório, pour non-respect des règles de quarantaine liées au Covid.

Pour Thomas Gottstein, « 2022 est une année de transition », focalisée sur le nouveau plan stratégique de la banque présentée en novembre dernier, avec comme priorité la gestion privée.

« Compte tenu du manque de dynamisme des bénéfices et des provisions pour litiges supplémentaires à venir, nous pensons que la forte baisse du ratio de capital ce trimestre, bien qu'elle ne soit pas différente de celle observée chez les pairs, suscitera des inquiétudes », souligne néanmoins le courtier Jefferies, dans son commentaire des résultats du trimestre.

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Commentaire 1
à écrit le 28/04/2022 à 12:11
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