Crédit Suisse solde son dernier litige aux Etats-Unis avant la présentation de son plan stratégique

La banque suisse, qui traverse une passe critique depuis deux ans, vient de conclure un accord pour mettre fin à des poursuites aux Etats-Unis, un héritage de la crise financière de 2008. La banque aura ainsi réglé 3,6 milliards de francs suisses de litiges en deux ans. Elle doit présenter son plan stratégique le 27 octobre pour renforcer ses fonds propres et réduire sa base de coûts.
Le groupe bancaire suisse aura versé 3,6 milliards de francs suisses au titre de ces litiges depuis le dernier trimestre 2020.

C'était le dernier litige en cours liée à la crise financière de 2008. Crédit Suisse a annoncé, ce lundi, être parvenu à un accord définitif avec le procureur général du New Jersey pour solder une affaire ancienne concernant la vente de titres adossés à des créances hypothécaires, dont la valeur s'était brutalement effondrée lors de l'éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis.

La deuxième banque helvétique, en pleine crise de défiance sur les marchés, et qui doit présenter le 27 octobre son plan stratégique, va ainsi s'acquitter d'une amende de 495 millions de dollars pour régler tous les dédommagements en justice. Un montant déjà couvert par des provisions, précise la banque dans son communiqué. Cet accord « marque une autre étape importante dans les efforts de la banque pour régler activement les litiges et questions du passé », souligné également Crédit Suisse.

Dans une plainte déposée en 2013, le procureur de l'Etat du New-Jersey reprochait à la banque de n'avoir pas suffisamment informé ses clients des risques liés à quelque 10 milliards de dollars de titres adossés à des crédits immobiliers (MBS, mortgage back securities), avec à la clé, une demande initiale de dédommagement de 3 milliards de dollars. Fin 2021, le groupe bancaire avait constitué un stock de provisions lié à ce litige de 850 millions de dollars. Il va donc pouvoir reprendre une partie de ces provisions en 2022.

Banque de détail visée par la cession d'actifs

Ce règlement lève une sérieuse hypothèque sur la banque avant la présentation de son plan stratégique qui doit rassurer clients et investisseurs, et dont les contours suscitent de nombreuses spéculations. Selon le Financial Times, plusieurs options seraient envisagées, notamment pour combler un besoin de capital estimé à 4,5 milliards de francs suisses.

Après avoir évoqué la scission de la banque d'investissement, un plan drastique de suppression de quelque 6.000 postes (sur un effectif total de 50.000), la banque pourrait également céder quelques actifs de sa banque de détail en Suisse, comme sa participation dans l'opérateur de marché Six (Bourse de Zurich) ou le distributeur de fonds Allfunds, des banques suisses spécialisées ou bien SwissCard, co-entreprise détenue avec American Express. Le célèbre palace Savoy, détenu par la banque, pourrait également faire partie des actifs cédés.

3,6 milliards de francs suisses de litige depuis 2020

La banque, qui traverse une passe très difficile depuis deux ans, doit impérativement frapper fort pour retrouver la confiance des marchés et des clients. Sa capitalisation a littéralement fondu depuis un an et demi à quelque dix milliards de francs suisses, ce qui en fait désormais une proie. En revanche, le risque de faillite, un temps évoqué sur les marchés, n'est pas sérieusement envisagé, même si les CDS de la banque (titres qui offrent une assurance contre un éventuel défaut, qui s'échangent sur un marché étroit et hautement spéculatif) avait atteint récemment des niveaux exceptionnellement élevés, plus élevés même que lors de la crise financière de 2008.

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Avec un ratio de solvabilité CET1 de 13,5%, la solvabilité de la banque reste pourtant bien supérieure aux exigences réglementaires. Reste que la banque doit lever des capitaux pour renforcer ses fonds propres pour répondre aux inquiétudes de ses principaux bailleurs de fonds, compte tenu de son profil de risque et d'une probabilité de dégradation de sa note de crédit. Et cette fragilité financière trouve en grande partie son origine dans le coût des litiges que la banque a dû régler ces dernières années : 3,6 milliards de francs suisses depuis la fin 2020. Mais la banque accuse également une baisse de ses revenus et des coûts en hausse. D'où les changements stratégiques qui s'imposent à la nouvelle direction de la banque.

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Commentaires 2
à écrit le 18/10/2022 à 3:18
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Et la principale banque allemande, pas un mot ?

à écrit le 17/10/2022 à 15:10
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Les amendes ont été largement provisionnées, pas de souci pour l'Union des Bandits Suisse qui reste toujours bien disponible pour blanchir l'argent de tous les malfaisants. A trés bientôt pour un prochain scandale ...

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