Mer Baltique : la Russie accuse l'Ukraine d'être à l'origine d'un incendie sur un terminal gazier près de Saint-Pétersbourg

Par latribune.fr  |   |  901  mots
Un important incendie s'est déclaré dans ce terminal du port d'Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg, géré par l'entreprise Novatek. (Crédits : LENINGRAD REGION GOVERNOR ALEXAN)
Moscou accuse l'Ukraine d'avoir frappé un terminal gazier dimanche dernier, près de Saint-Pétersbourg, situé pourtant à 900 km de la frontière ukrainienne. Ces derniers mois, l'Ukraine multiplie les frappes en territoire ennemi.

L'Ukraine s'aventure de plus en plus loin en territoire adverse. Ce lundi, le Kremlin a accusé l'Ukraine d'avoir frappé le terminal gazier du port d'Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg, sur la rive russe de la mer Baltique, soit à quelque 900 km de la frontière ukrainienne, la veille. Dans les faits, un incendie conséquent s'est déclaré dans ce terminal géré par l'entreprise Novatek.

« Le régime de Kiev continue de montrer son visage bestial en frappant des sites d'infrastructure civile », a fustigé à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Le ministère russe de la Défense, les systèmes de défense aérienne (...) font tout le nécessaire pour empêcher de telles attaques terroristes », a-t-il ensuite rétorqué.

De son côté, l'entreprise a précisé que l'incident a été provoqué par un « facteur externe », sans donner plus de précisions.

Ces derniers jours, l'Ukraine a procédé à des attaques contre des dépôts pétroliers. Rien que la semaine dernière, elle a revendiqué l'attaque contre un dépôt pétrolier dans la région frontalière russe de Briansk. Elle avait déjà reconnu une attaque contre un dépôt pétrolier dans la région de Leningrad, dans le nord-ouest de la Russie, à près de 1.000 km de la frontière entre les deux pays.

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Multiplication des frappes en Russie

La Russie et l'Ukraine se sont accusées mutuellement de multiplier les frappes touchant des zones résidentielles ces deux derniers mois. Et ce, alors que la ligne de front est en grande partie gelée. Dmitri Peskov a ainsi accusé l'Ukraine d'avoir bombardé dimanche la ville de Donetsk, sous contrôle russe dans l'est ukrainien, « un acte de terrorisme monstrueux », a-t-il qualifié, qui a fait 27 morts.

Ce bombardement particulièrement meurtrier a frappé dimanche un marché à l'heure d'affluence, selon les autorités locales mises en place par Moscou. Le bilan du bombardement à Donetsk est l'un des pires sur le sol russe annoncés depuis le début de la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine en février 2022.

Une attaque qui passe mal du côté de la Russie. Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé « un acte terroriste barbare contre la population civile », effectué selon lui, à l'aide de « six » salves d'artillerie tirées depuis Avdiïvka, épicentre des combats et encore sous contrôle de Kiev. Moscou compte mettre cette frappe au programme des discussions à New York à l'ONU du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à partir de lundi.

L'Ukraine n'a pas commenté dans l'immédiat, et l'AFP n'était pas en mesure dimanche de vérifier les circonstances de la frappe. En revanche, Kiev a fait état de bombardements russes qui ont fait au moins deux morts dans des villages sous contrôle ukrainien à l'ouest de Donetsk dimanche.

Ailleurs sur la ligne de front, l'armée russe a revendiqué la prise de Krakhmalnoïe, un village de 45 habitants dans la région de Kharkiv (est), après avoir annoncé la prise d'un village de la région de Donetsk jeudi dernier. Kiev a minimisé la prise russe, sur une ligne de front en grande partie figée. « Il s'agit de cinq maisons. Elles ont été détruites par les Russes », a assuré à la télévision ukrainienne Volodymyr Fitio, un porte-parole des forces terrestres. Les troupes ukrainiennes ont été « déplacées vers des positions de réserve », où elles « tiennent maintenant la défense », a-t-il ajouté.

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La Russie « responsable »

Face aux attaques ukrainiennes sur le territoire russe, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé vendredi dernier que la Russie était « forcément responsable » de toute « escalade » et des frappes sur son sol, dans un entretien accordé à la chaîne LCI.

« S'il y a escalade, c'est condamnable, mais c'est forcément la Russie qui en est responsable. Attention à ne pas faire passer la victime pour l'agresseur », a déclaré Sébastien Lecornu, interrogé sur les « frappes » ukrainiennes en Russie, de plus en plus fréquentes. « Toutes les victimes civiles sont un drame, y compris les victimes civiles russes », a-t-il nuancé, « après, une fois qu'on a dit ça, l'Ukraine agit quand même dans un cadre de légitime défense ». Avant d'insister :

« Il ne faut pas que la propagande des uns et des autres vienne faire oublier cela et que l'Ukraine, à 99,8%, mène toujours ses frappes sur le sol ukrainien occupé par la Russie. Il ne faut pas que les quelques frappes qui peuvent exister ici ou là (en Russie, ndlr) viennent faire oublier la réalité (...) de ce qui se passe depuis février 2022 », a-t-il insisté.

La Russie de Vladimir Poutine, près de deux ans après le début de son invasion de l'Ukraine, s'efforce de présenter la guerre comme n'ayant pas d'effets sur la vie quotidienne des Russes. Mais depuis cet hiver, les attaques de drones et de missiles en territoire russe de l'Ukraine, en réplique aux bombardements d'ampleur sur son territoire et à l'approche de la présidentielle en Russie au mois de mars, force même à des évacuations de la grande ville de Belgorod.

(Avec AFP)