Moscou prend en otage les discussions sur le nucléaire iranien, un chantage « inacceptable » pour les négociateurs européens

Par latribune.fr  |   |  436  mots
(Crédits : Lisi Niesner)
La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont prévenu samedi la Russie que ses nouvelles exigences dans les tractations sur le programme nucléaire de l’Iran, concernant les sanctions que lui imposent les Occidentaux après son offensive en Ukraine, risquaient de mener à l’effondrement de l’accord. Celui-ci est pourtant « prêt à être conclu » et doit l’être « avec la plus grande urgence », ont insisté les négociateurs.

Alors que les tractations sur l'accord censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange d'une levée des sanctions étaient sur le point d'aboutir à Vienne, elles ont finalement été suspendues ce vendredi. Et pour cause, mise au ban des nations après son offensive en Ukraine, la Russie bloque le processus. Car elle exige désormais une garantie très spéciale, loin des conditions premières : l'obtention de larges exemptions sur les représailles imposées par les Occidentaux à son égard, afin que ces mesures de rétorsion n'affectent pas sa coopération économique avec l'Iran.

Des revendications jugées « hors sujet » par le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, et considérées comme « inacceptables » par les négociateurs européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, dits E3), qui ont stoppé net les discussions.

« Personne ne devrait chercher à exploiter les négociations. [...] Ceci risque de mener à l'effondrement de l'accord, privant le peuple iranien d'une levée de sanctions et la communauté internationale des assurances nécessaires concernant le programme nucléaire iranien », ont-ils déclaré samedi dans un communiqué commun.

Retrait des Etats-Unis en 2018

Les négociateurs européens les portaient pourtant à bout de bras depuis novembre 2021, et tentaient de les sauver en réintégrant Washington au compromis, baptisé JCPoA (joint comprehensive plan of action), après le retrait en 2018 de Donald Trump.

Ce dernier avait en effet rétabli les sanctions contre l'Iran, bloquant les négociations autour du pacte conclu en 2015 par l'Iran d'un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne de l'autre. Alors que Téhéran s'était depuis progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire, les négociations n'avaient pu reprendre qu'après l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche.

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L'urgence de conclure un accord

Après ce nouvel arrêt brutal des discussions , les négociateurs E3 expriment ainsi leur « déception » face au chantage de Vladimir Poutine, qui compte bien perturber le processus, alors même que les diplomates évoquaient le 4 mars dernier parvenir à une entente imminente.

« Nous comprenons que l'Iran et les Etats-Unis ont activement travaillé à résoudre les derniers sujets bilatéraux et nous sommes donc prêts à conclure cet accord maintenant », ajoutent-ils dans le fameux communiqué.

Avant de conclure que l'accord sur le retour au JCPoA aujourd'hui sur la table « peut et doit être conclu avec la plus grande urgence ».

(Avec AFP)

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