Moscou se tourne vers la Corée du Nord pour obtenir des armes, selon les Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  916  mots
Kim Jong Un pourrait se rendre à Vladivostok dans les semaines qui viennent. (Crédits : Reuters)
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a l'intention de se rendre en Russie pour discuter avec le président Vladimir Poutine de ventes d'armes qui doivent aider Moscou à reconstituer son stock.

[Article publié le mardi 05 septembre 2023 à 08h14 et mis à jour à 12h58] L'information vient de la Maison Blanche. Kim Jong Un, dirigeant de la Corée du Nord, a l'intention de rencontrer le président russe Vladimir Poutine pour lui vendre des armes. Le Kremlin « ne peut pas » confirmer la tenue d'un sommet Poutine-Kim Jong Un, a-t-on fait savoir dans la matinée ce mercredi à Moscou. « Non, nous ne pouvons pas (confirmer), nous n'avons rien à dire sur ce sujet », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

En revanche, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a annoncé lundi que les deux pays discutaient de la possibilité d'organiser des exercices militaires conjoints. « Nous en discutons avec tout le monde, y compris avec la Corée du Nord. Pourquoi pas ? Ce sont nos voisins », a déclaré le ministre, cité par l'agence TASS, à des journalistes.

Lire aussiRussie : les dépenses militaires s'envolent, pour peser un tiers du budget de l'Etat

 « Comme nous l'avons déjà dit, des négociations sur la fourniture d'armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement », a déclaré Adrienne Watson, une porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Et « nous savons que Kim Jong Un souhaite que ces négociations continuent, avec notamment un échange diplomatique au plus haut niveau en Russie » a-t-elle ajouté dans un courriel à la presse.

Des munitions pour l'artillerie

Mercredi, le porte-parole en chef du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, s'était déjà alarmé de l'avancée rapide de ces négociations sur de futures livraisons d'armes de Pyongyang à Moscou et avait sommé le régime communiste de « cesser » ces discussions. Il avait révélé que « ces accords potentiels verraient la Russie recevoir d'importantes quantités » d'armements, en particulier des munitions pour l'artillerie, ainsi que des matières premières pour son industrie de la défense.

Lire aussiCorée du Nord : échec du lancement d'un satellite espion

Ces armements seraient « utilisés contre l'Ukraine », avait ajouté l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. Le New York Times précise que Vladimir Poutine souhaite obtenir des obus d'artillerie et des missiles antichars nord-coréens. Kim Jong Un chercherait, quant à lui, à acquérir des technologies de pointe pour satellites et sous-marins, ainsi qu'une aide alimentaire. Selon Washington, la Corée du Nord a déjà fourni des roquettes d'infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés à être utilisés par le groupe paramilitaire privé Wagner.

Le ministre russe de la Défense en Corée du Nord

Un responsable au ministère sud-coréen de l'Unification a aussi déclaré à l'AFP que plusieurs éléments « indiquaient » que les discussions entre Pyongyang et Moscou sur de futures livraisons d'armes progressaient. « Toute forme de coopération entre la Corée du Nord et ses pays voisins doit être menée de manière à ne pas porter atteinte aux normes internationales et à la paix », a-t-il ajouté.

La Maison Blanche a ainsi de nouveau dénoncé lundi la visite fin juillet du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou en Corée du Nord, où il a assisté à un défilé militaire aux côtés de Kim Jong Un, afin de « tenter de convaincre Pyongyang de vendre à la Russie des munitions d'artillerie ». Selon la même source, un autre groupe de responsables russes s'était ensuite rendu en Corée du Nord pour des entretiens de suivi.

Une coopération militaire « inéluctable »

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Japon ont par ailleurs déclaré la semaine dernière que tout accord visant à accroître la coopération entre la Russie et la Corée du Nord violerait les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies interdisant les ventes d'armes à Pyongyang, résolutions que Moscou a elle-même approuvées. Selon Cho Han-bum, chercheur à l'Institut coréen pour l'Unification nationale, des sanctions internationales ne permettront pas d'empêcher un quelconque échange d'armes entre Pyongyang et Moscou. La Russie et la Corée du Nord ne s'inquiètent « pas » des sanctions, car les deux pays en font déjà l'objet, estime-t-il, ajoutant que la coopération militaire entre les deux pays semble « inéluctable ».

Le mois dernier, Washington a sanctionné trois entités accusées de chercher à faciliter les ventes d'armes entre la Corée du Nord et la Russie. Elles étaient liées à un ressortissant slovaque déjà sanctionné par le Trésor américain en mars pour avoir permis des ventes d'armes entre Pyongyang et Moscou, selon le département du Trésor. Selon cette même source, la Russie continue à épuiser ses munitions et à perdre ses équipements lourds en Ukraine, l'obligeant à se tourner vers son groupe restreint d'alliés pour obtenir de l'aide.

Kim Jong Un devrait se rendre à Vladivostok

Toujours selon le New York Times, Kim Jong Un devrait se rendre à Vladivostok, sur la côte est de la Russie, à bord d'un train blindé dans le courant du mois, pour y rencontrer Vladimir Poutine. Vladivostok accueille du 10 au 13 septembre le 8e Forum économique oriental, organisé par le Kremlin.

Les déplacements à l'étranger du dirigeant nord-coréen sont rares. Outre ses voyages à Singapour et au Vietnam en 2018 et 2019 pour des sommets avec le président américain de l'époque Donald Trump, Kim Jong Un a effectué quatre visites en Chine. Il a aussi déjà rencontré Vladimir Poutine à Vladivostok en 2019.

(Avec AFP)