Washington et Séoul soupçonnent la Corée du Nord de développer un nouveau missile balistique intercontinental

Le Japon a déclaré ce mardi 22 août que la Corée du Nord envisageait le lancement d’un satellite dans les jours à venir. Mais la Corée du Sud et les Etats-Unis soupçonnent Pyongyang de développer un nouveau missile balistique intercontinental. De son côté, la Corée du Nord voit dans les manœuvres militaires menées conjointement par Washington et Séoul la préparation à une invasion et menace de répliquer par des actions « écrasantes ».
La Corée du Nord a annoncé le lancement imminent d'un satellite.
La Corée du Nord a annoncé le lancement imminent d'un satellite. (Crédits : Reuters)

La Corée du Nord pourrait procéder au lancement d'un satellite dans les prochains jours. C'est ce qu'a annoncé le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, après que son gouvernement l'a informé de ce lancement imminent par Pyongyang. Les garde-côtes japonais ont également émis une alerte concernant un « lancement de fusée satellite » entre le 24 et le 31 août pour trois zones de danger, dans la mer Jaune, la mer de Chine orientale et les eaux à l'est de l'île de Luçon aux Philippines.

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Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre japonais a appelé Pyongyang « à annuler ce lancement » et a ordonné à son gouvernement de prendre « toutes les mesures possibles pour se préparer à toute éventualité imprévue ».

Un « acte illégal » selon la Corée du Sud

D'autant que Washington et Séoul soupçonnent en réalité Pyongyang de développer un nouveau missile balistique intercontinental, qui comporte des technologies semblables à celles d'un lanceur de satellites.

« Le soi-disant lancement de satellite par la Corée du Nord est une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU », qui lui interdisent de développer des missiles balistiques, a déclaré ce mardi le ministère sud-coréen de l'Unification, chargé des affaires nord-coréennes dans un communiqué. « Peu importe les excuses qu'essaye d'avancer la Corée du Nord, elle ne peut justifier cet acte illégal », a-t-il poursuivi.

Échec d'un premier lancement en mai

Selon les services de renseignement sud-coréens, un premier lancement était prévu pour le mois de mai, mais c'était soldé par un échec. Le 31 mai, une fusée présentée par Pyongyang comme étant le lanceur d'un satellite d'observation militaire s'était perdue en mer Jaune peu après son décollage, non sans avoir déclenché des alertes aériennes en Corée du Sud et dans l'archipel japonais d'Okinawa. La Corée du Nord avait invoqué un problème technique, dont le comité central du Parti des travailleurs au pouvoir avait ensuite « sévèrement critiqué » les responsables.

Après 36 jours de recherches en mer, l'armée sud-coréenne avait fini par récupérer des parties de la fusée et du satellite. Après examen par des experts sud-coréens et américains, le ministère sud-coréen de la Défense avait estimé que le satellite n'avait « aucune utilité militaire ».

D'après le député Yoo Sang-bum, les services de renseignements de Corée du Sud ont indiqué la semaine dernière au Parlement que la Corée du Nord pourrait tenter à nouveau de lancer un satellite avant le 75e anniversaire de la fondation du régime, le 9 septembre.

Le régime de Pyongyang semble confiant d'avoir « amélioré et complété les aspects techniques du lancement au cours des trois derniers mois », a estimé Choi Gi-il, professeur de sécurité nationale à l'Université Sangjil. « Compte tenu de la nature du régime nord-coréen, trois mois semblent suffisants pour trouver des failles dans le lancement raté de mai et appliquer des correctifs. Reste à voir s'il peut réussir cette fois-ci », a-t-il ajouté.

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Des manœuvres américano-sud-coréennes jugées « agressives »

Cette annonce d'un prochain lancement par Pyongyang coïncide avec Ulchi Freedom Shield, le nom donné aux manœuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur qui ont débuté lundi et doivent se dérouler jusqu'à la fin du mois d'août. Selon les deux alliés, ces exercices visent à répondre aux menaces croissantes de la Corée du Nord, dotée d'armes nucléaires.

Dans un éditorial publié ce mardi 22 août, l'agence de presse officielle de la Corée du Nord (KCNA) a condamné ces exercices militaires au « caractère agressif ». Si les exercices impliquent une « provocation nucléaire », la possibilité « d'une guerre thermonucléaire dans la péninsule coréenne deviendra plus réaliste », a-t-elle prévenu.

Pyongyang estime que ces exercices conjoints préparent en réalité une invasion du Nord ou un renversement de son régime. La Corée du Nord a averti à plusieurs reprises que des actions « écrasantes » y répliqueraient. Ces derniers jours, des attaques informatiques attribuées à des pirates nord-coréens ont déjà pris pour cible des entreprises sud-coréennes travaillant pour les deux armées. « L'enquête policière a confirmé qu'un groupe de hackeurs nord-coréens est responsable de l'attaque », a affirmé la police sud-coréenne, précisant qu'aucune donnée militaire n'avait été volée.

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Un « téléphone rouge » entre les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon

La semaine dernière, le président américain Joe Biden a reçu à Camp David son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol et le Premier ministre japonais Kishida. C'était la première fois que les dirigeants des trois pays se rencontraient pour un sommet autonome.

Les trois pays ont annoncé à cette occasion un programme d'exercices militaires conjoints sur plusieurs années et la mise en place d'un canal de communication d'urgence au plus haut niveau, une sorte de « téléphone rouge » à trois combinés pour se prémunir de la menace nord-coréenne.

Le téléphone rouge est une ligne de communication directe établie en 1963 entre Washington et le Kremlin. Le but de cette ligne est de désamorcer des situations conflictuelles entre les deux blocs, initialement l'URSS devenue en 1991 la fédération de Russie et les États-Unis d'Amérique, lors de la guerre froide.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 22/08/2023 à 16:51
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La Chine s"en sert comme épouvantail et bouc émissaire éventuel mais les US... pour nous faire peur et que l'on se tienne tranquille ! ,-)

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