Nucléaire : risque de radiations à Zaporijia, la Russie bloque un texte de l'ONU sur le désarmement

Par latribune.fr  |   |  569  mots
La centrale ukrainienne de Zaporijia qu'occupe l'armée russe. (Crédits : Reuters)
Lors d'une conférence à New York sur le désarmement nucléaire, où ont été évoqués les risques d'accidents nucléaires en Ukraine, Moscou a affiché son opposition à l'adoption d'un texte commun des 191 Etats participants. « Notre délégation a une objection clé sur certains paragraphes qui sont éhontément politiques », a affirmé le diplomate à la tête de la délégation russe. Si ce texte n'aurait probablement pas changé la nature du risque nucléaire, la position russe illustre le retour des tensions sur ce sujet alors que Moscou occupe des sites nucléaires ukrainiens et évoque la menace de frappes nucléaires.

La question (et la menace) nucléaire continue de préoccuper la communauté internationale. Vendredi, la Russie s'est opposée à l'adoption d'une déclaration commune, tombée à l'eau de fait à l'issue des quatre semaines de conférence d'examen à l'ONU du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Moscou dénonce la tournure « politique » du texte et son absence « d'équilibre ».

Depuis le 1er août, les 191 pays signataires du TNP, un texte qui cherche à empêcher la multiplication des armes nucléaires, à promouvoir le désarment et la coopération autour du nucléaire civil, discutent au siège de l'ONU de ce sujet. Ce mois de négociation n'aura pas permis d'établir une position commune en raison du véto russe dans cette conférence où un consensus unanime est nécessaire pour établir une déclaration. « La conférence n'est pas en position de parvenir à un accord », a déploré son président Gustavo Zlauvinen.

Désaccords autour de Zaporijia

« Notre délégation a une objection clé sur certains paragraphes qui sont éhontément politiques », a exprimé le représentant russe. Selon des sources internes à la conférence, la Russie a surtout mis son veto aux paragraphes sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia qu'occupe l'armée russe.

Le dernier projet de texte, finalement avortée, évoquait ouvertement une « grande inquiétude » concernant les combats militaires autour des centrales ukrainiennes et le risque d' « impact important sur la sécurité ». A cela s'ajoutent d'autres points sensibles qui ont été abordés dans les discussions comme le programme nucléaire iranien et les essais nucléaires nord-coréens.

Les blocages dans ce genre de conférence sont courants. La dernière conférence d'examen en 2015 n'avait pas non plus abouti à un accord sur les questions de fond. Une situation dont s'agacent certains Etats signataire du TNP mais non dotés de l'arme nucléaire comme l'Autriche.

Retour de la menace nucléaire

« Tandis que plus des trois quarts des 191 États signataires prônaient des avancées crédibles en matière de désarmement nucléaire, ce sont principalement les Etats dotés d'armes nucléaires, et avant tout la Russie, qui ont résisté », a pointé le gouvernement autrichien dans un communiqué.

Cette conférence se tenait dans un contexte de retour des tensions nucléaires avec la guerre en Ukraine. La Russie n'hésite pas à occuper des centrales nucléaires comme à Zaporijia, devenue le théâtre de bombardements et d'affrontements avec les forces ukrainiennes. L'opérateur des centrales nucléaires ukrainiennes Energoatom a alerté ce samedi que des risques de fuites radioactives autour de Zaporijia existaient, après des salves de bombardements dont Ukrainiens et Russes s'accusent chacun.

« Conséquence des bombardements périodiques, l'infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d'hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives », a déclaré la compagnie nucléaire ukrainienne, faisant état sur site d' « un risque d'incendie élevé ».

Selon l'opérateur ukrainien de la centrale, celle-ci « fonctionne (depuis samedi midi) avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d'incendie »La mairie de Zaporijjia distribue préventivement depuis le 23 août des comprimés d'iode aux habitants qui résident autour de la centrale. Selon le maire, aucune anomalie radioactive n'avait été observée pour l'instant.