Opération séduction pour Biden au Vietnam, sur fond de guerre commerciale avec la Chine

Par latribune.fr  |   |  730  mots
Joe Biden renforce son partenariat avec le Vietnam, un pied de nez à la Chine. (Crédits : Reuters)
Alors que les relations diplomatiques avec la Chine sont plus tendues que jamais, le président américain Joe Biden se déplace chez son voisin, le Vietnam, avec qui il va renforcer drastiquement ses relations commerciales. La Chine dénonce une stratégie d'isolement à son encontre, que nie en bloc le chef d'Etat américain.

De retour du G20 indien, Joe Biden a fait un crochet par le Vietnam pour annoncer « le début d'une ère de coopération encore plus grande » avec son allié asiatique. Si cette visite avait des allures de pieds de nez au voisin chinois, le président américain s'est défendu de vouloir « isoler » son rival commercial.

Mais concrètement, il a annoncé la conclusion d'un « partenariat stratégique étendu » entre les deux pays, qui correspond au plus haut degré de proximité diplomatique possible, suite à sa rencontre avec le chef du parti communiste au pouvoir, Nguyen Phu Trong.

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Le Vietnam comme partenaire technologique

« Nous approfondissons notre coopération dans le domaine des technologies émergentes essentielles, notamment en ce qui concerne la mise en place d'une chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs plus résistante », a déclaré Joe Biden. Les deux pays ont conclu en la matière un vaste partenariat, afin de développer les capacités du Vietnam « au bénéfice de l'industrie américaine », selon un communiqué.

Les Etats-Unis, dans ce texte, vantent la capacité du Vietnam à jouer un rôle essentiel pour « monter des chaînes d'approvisionnement de semi-conducteurs robustes ». En d'autres termes: moins dépendantes de la Chine. L'accord se veut gagnant-gagnant. Il doit permettre aux Etats-Unis, que Joe Biden veut réindustrialiser à grande vitesse, de garantir des approvisionnements de composants électroniques essentiels. De l'autre côté, le partenariat fait espérer au Vietnam des ressources pour résoudre le problème de saturation de ses capacités de production.

Joe Biden, engagé dans une intense activité diplomatique en Asie a répondu indirectement à son adversaire économique, avec qui les relations sont extrêmement tendues : « nous ne cherchons pas à faire du mal à la Chine. Il ne s'agit pas de l'isoler. Vraiment. Tout le monde a intérêt à ce que la Chine aille bien. » Il n'en a pas moins accusé Pékin de « changer certaines règles du jeu sur le commerce et dans d'autres domaines ». Par exemple, l'action Apple a tangué récemment en Bourse à la suite d'informations selon lesquelles la Chine a interdit l'usage de l'iPhone dans certaines administrations et entreprises d'Etat.

Biden, critique de la Chine

Le président américain a repris un refrain désormais fréquent sur les difficultés économiques de la Chine, en déclarant que son homologue Xi Jinping avait « vraiment beaucoup à faire », par exemple face au chômage « accablant » des jeunes. Joe Biden a dit, sans plus de précision, avoir rencontré le Premier ministre chinois Li Qiang lors du sommet du G20 à New Delhi, et assuré que leur échange n'avait « pas été conflictuel ». Xi Jinping n'a pas fait le déplacement en Inde mais le président américain a répété qu'il espérait le rencontrer.

Le démocrate de 80 ans fait le pari que face aux problèmes de la Chine, l'Amérique, avec sa robuste santé économique, a une carte à jouer auprès des pays asiatiques, et notamment auprès du Vietnam donc. Tout en veillant à ne pas être perçu comme prenant parti pour Washington ou Pékin, Hanoï veut affermir sa position face à la Chine, sur fond de rivalités maritimes et territoriales.

La question des droits de l'Homme, placardisée ?

Lundi, Joe Biden rencontrera le président Vo Van Thuong et le Premier ministre Pham Minh Chinh. Il a aussi prévu de se recueillir à Hanoï devant le monument consacré à John McCain, ancien héros américain de guerre décédé, qui avait contribué à reconstruire les liens entre les deux pays. Lors de cette visite, le président américain devra jongler entre les intérêts stratégiques et la défense des droits humains, dans laquelle le Vietnam affiche un bilan désastreux.

Les opposants sont victimes d'intimidations, de harcèlement et d'emprisonnement à l'issue de procès inéquitables, et des cas de torture ont été signalés, selon l'organisation Human Rights Watch. Les militants redoutent que le président américain, malgré ses grands discours sur la défense de la démocratie dans le monde, ne s'étende pas sur le sujet. Lors de sa conférence de presse à Hanoï, Joe Biden a assuré qu'il évoquait la question des droits humains « avec chaque personne rencontrée ».