Après la visite jugée constructive en Chine d'Antony Blinken, Joe Biden qualifie Xi Jinping de « dictateur »

Le président des Etats-Unis a qualifié son homologue chinois de « dictateur » alors que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken venait tout juste d'achever une visite de deux jours à Pékin, la première d'un chef de la diplomatie américaine en près de cinq ans.
Joe Biden a estimé qu'Antony Blinken avait fait « du bon boulot » en Chine, mais expliqué qu'il « faudrait du temps » pour apaiser la relation très tendue entre les deux grandes puissances.
Joe Biden a estimé qu'Antony Blinken avait fait « du bon boulot » en Chine, mais expliqué qu'il « faudrait du temps » pour apaiser la relation très tendue entre les deux grandes puissances. (Crédits : BONNIE CASH)

[Article publié le mercredi 21 juin 2023 à 08h12 et mis à jour à 10h37] De quoi mettre de l'huile sur le feu.. A peine son secrétaire d'Etat, Antony Blinken, rentré d'un voyage à Pékin avec l'objectif de renouer le dialogue entre la Chine et les Etats-Unis, que le président américain a désigné comme « dictateur » son homologue chinois Xi Jinping.

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Faisant référence à un épisode récent au cours duquel les Etats-Unis ont détruit un ballon chinois qui selon eux espionnait leur territoire, Joe Biden a assuré que « la raison pour laquelle le président chinois s'est tellement énervé quand j'ai abattu ce ballon plein de matériel d'espionnage est qu'il ne savait pas que cet engin se trouvait là ». Il s'exprimait lors d'une réception en Californie avec des donateurs du parti démocrate, en présence de journalistes.

« C'est très embarrassant pour les dictateurs quand ils ne savent pas ce qui s'est passé », a déclaré le président américain, ajoutant : « Lorsque le ballon a été abattu, il s'est trouvé très embarrassé et il a même démenti que l'aéronef se trouvait là ».

Interrogée à ce sujet, une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, a sans surprise condamné ces propos. « Cette remarque de la partie américaine est vraiment absurde, très irresponsable, ne reflète pas la réalité, contrevient aux pratiques diplomatiques et porte gravement atteinte à la dignité politique de la Chine », a-t-elle déclaré devant la presse. « C'est ouvertement une provocation politique », a fustigé la porte-parole.

La visite d'Antony Blinken pourtant saluée comme une réussite

Ces déclarations interviennent alors que le secrétaire d'Etat Antony Blinken a achevé lundi une visite de deux jours à Pékin, la première d'un chef de la diplomatie américaine en près de cinq ans. Sa rencontre avec Xi Jinping avait été saluée par les deux pays comme une réussite après des mois de tensions, malgré la persistance de profonds désaccords. « Les deux parties ont fait des progrès et sont parvenues à des terrains d'entente sur certains points spécifiques », s'est félicité Xi Jinping sans préciser ces derniers, qualifiant les avancées de « très bonne chose », selon la télévision publique CCTV.

Les deux parties ont toutefois minimisé les perspectives de grande réconciliation. Selon le secrétaire d'Etat américain, qui s'est dit « lucide », les plus de 11 heures de discussions qu'il a menées en deux jours visaient surtout à rétablir le dialogue. « Nous avons fait des progrès et nous allons de l'avant », a déclaré Antony Blinken devant la presse, avant de nuancer: « Aucune de ces questions ne sera résolue en une seule visite ».

« Du temps » pour apaiser la relation

Toujours à propos de Xi Jinping, Joe Biden a encore déclaré : « Nous sommes dans une situation où il veut à nouveau établir une relation ». Il a estimé que le secrétaire d'Etat avait fait « du bon boulot » en Chine, mais expliqué qu'il « faudrait du temps » pour apaiser la relation très tendue entre les deux grandes puissances. « Et d'ailleurs, je vous le promets, ne vous faites pas de souci à propos de la Chine qui a de vraies difficultés économiques », a encore dit le démocrate de 80 ans, en campagne pour sa réélection.

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Le président américain a évoqué un autre point de frictions avec la Chine : le sommet au cours duquel les dirigeants de l'Australie, de l'Inde, du Japon et des Etats-Unis - connus sous le nom de "Quad" - ont adressé en mai des critiques à peine voilées à la politique de Pékin en Asie-Pacifique, qu'ils considèrent comme une source d'instabilité. Les quatre pays « travaillent main dans la main en mer de Chine méridionale et dans l'océan Indien », a déclaré Joe Biden, selon qui cette démonstration d'unité entre les quatre pays était ce qui avait « vraiment contrarié » le président chinois.

Ce n'est pas la première fois que le locataire de la Maison Blanche fait des déclarations marquantes lors de réceptions de levée de fonds, des événements en petit comité au cours desquels les caméras, les micros et les appareils photo sont exclus - les journalistes présents peuvent toutefois écouter les propos introductifs du président et les retranscrire. C'est lors d'un événement de ce genre, en octobre 2022, que Joe Biden avait par exemple évoqué le risque d'une « apocalypse » nucléaire déclenchée par la Russie.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 21/06/2023 à 9:25
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Du temps pour """apaisée""" la relation, donc. Je meurs.

à écrit le 21/06/2023 à 8:38
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"la Chine qui a de vraies difficultés économiques" Et c'est certainement l'un des hommes les mieux informés de la planète car disposant de la première puissance de renseignement au monde et de loin. Ils vont donc essayer d'arrondir les anglais car si...

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