"Panama Papers" : les avocats au cœur de la fuite parlent de "crime", la Fifa enquête

Par latribune.fr  |   |  723  mots
Le gouvernement du Panama a assuré dimanche qu'il "coopérera vigoureusement" avec la justice en cas d'ouverture d'une procédure judiciaire.
Le cabinet d'avocats Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, évoque une "attaque contre Panama", sur fond de compétition entre pays pour attirer les entreprises. Le comité d'éthique de la Fédération internationale de football (Fifa) a pour sa part annoncé avoir ouvert une enquête sur l'un de ses membres.

Selon le patron du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, dont les archives ont fait l'objet d'une "fuite" massive à l'origine de l'enquête réalisée par plus de 100 journaux sur des avoirs dans les paradis fiscaux de personnalités de premier plan, ces révélations ne sont rien de moins qu'un "crime", voire une "attaque" contre le Panama. Après la divulgation de documents regroupés sous la dénomination "Panama papers" provenant de ce cabinet spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, Ramon Fonseca Mora, directeur et co-fondateur de Mossack Fonseca, a déclaré dimanche 3 avril à l'AFP :

"C'est un crime, un délit."

Ramon Fonseca Mora a fondé le cabinet il y a une trentaine d'années avec Juergen Mossack. Les deux avocats ont d'abord ouvert leur cabinet aux Iles Vierges britanniques avant de revenir à Panama lorsque celles-ci ont été contraintes, sous la pression internationale, d'abandonner le système des actions au porteur anonymes.

Une guerre entre les pays ouverts et ceux qui taxent

Selon l'avocat, d'ailleurs, "c'est une attaque contre Panama car plusieurs pays n'apprécient pas que nous soyons très compétitifs pour attirer les entreprises".

"Il y a deux manières de voir le monde: la première est d'être compétitif et la seconde de créer des impôts" a-t-il estimé, ajoutant qu'"il y a une guerre entre les pays ouverts, comme le Panama, et les pays qui taxent de plus en plus leurs entreprises et leurs citoyens".

Le gouvernement du Panama coopérera

"Les documents montrent que les banques, les cabinets d'avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles", affirme en revanche le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) qui a coordonné l'enquête.

Le gouvernement du Panama a d'ailleurs pour sa part assuré dimanche qu'il "coopérera vigoureusement" avec la justice en cas d'ouverture d'une procédure judiciaire.

La Fifa ouvre une enquête

Le comité d'éthique de la Fédération internationale de football (Fifa) s'est aussi immédiatement saisi du dossier dimanche, en annonçant avoir ouvert une enquête sur l'un de ses membres. Elle concerne notamment l'Uruguayen Juan Pedro Damiani et ses relations d'affaires avec son compatriote Eugenio Figueredo, ancien vice-président de la Fifa et ex-président de la Confédération sud-américaine (Conmebol), précise le comité d'éthique dans un communiqué. Le communiqué fait suite à des informations parues dans la presse affirmant qu'un lien entre Juan Pedro Damiani et Eugenio Figueredo apparaissait dans les "Panama Papers".

Eugenio Figueredo, 83 ans, est l'un des sept responsables de la Fifa qui avaient été arrêtés en mai dernier à Zurich. Il a été extradé en décembre vers l'Uruguay où il devra répondre d'accusations de blanchiment d'argent et de corruption. Juan Pedro Damiani est le président de Penarol, l'un des deux clubs de Montevideo, avec le Nacional, qui dominent le championnat uruguayen. Il est membre du comité d'éthique de la Fifa depuis sa création en 2006 et est actuellement membre de la chambre de jugement de ce comité. Dimanche, il a déclaré à Reuters:

"Nous avons travaillé avec Figueredo (mais) quand l'affaire (de la Fifa) a été mise en lumière, nous avons immédiatement cessé notre relation de travail", a dit Juan Pedro Damiani.

L'ancien joueur français et dirigeant suspendu de l'Union des associations européennes de football (UEFA) Michel Platini est également concerné par cette fuite. Son nom apparaît dans les documents obtenus par l'ICIJ : aidé par les avocats de Mossac Fonseca, il est à la tête d'une société offshore -Balney Entreprises Corp, créée le 6 décembre 2007.- depuis le 27 décembre 2007, soit moins d'un an après son élection à la tête de la prestigieuse association footballistique. Dans un communiqué, Michel Platini a expliqué que sa situation fiscale était connue de la Suisse, où il réside fiscalement :

"Suite aux informations diffusées, Michel Platini tient à faire savoir, comme il l'a indiqué à maintes reprises aux journalistes en charge de cette enquête, que l'intégralité de ses comptes et avoirs sont connus de l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007."

(Avec AFP et Reuters)