Paris suspend l'exportation en Turquie de "matériels de guerre susceptibles d'être employés en Syrie"

Par latribune.fr avec AFP  |   |  483  mots
La France demande la tenue rapide d'une réunion de la Coalition contre Daech, explique le communiqué. (Crédits : MURAD SEZER)
Les ministère français des Armées et des Affaires étrangères estiment que "l'offensive unilatérale engagée par la Turquie dans le Nord-Est de la Syrie" "remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech".

"La France a décidé de suspendre tout projet d'exportation vers la Turquie de matériels de guerre susceptibles d'être employés dans le cadre de l'offensive en Turquie", ont annoncé samedi les ministère français des Armées et des Affaires étrangères. "Cette décision est d'effet immédiat", ont précisé les deux ministère dans un communiqué.

"Le conseil des Affaires étrangères de l'UE qui se réunira le 14 octobre à Luxembourg sera l'occasion de coordonner une approche européenne en ce sens".

Entre 2015 et fin 2018, la Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) a autorisé 460 nouvelles licences à destination de la Turquie (hors prorogation). Entre 2009 et 2018, la France a reçu de la Turquie, qui fait partie des quinze premiers exportateurs mondiaux de ventes d'armes, près de 600 millions d'euros de commandes (594,5 millions). Ce qui en fait un importateur d'armes tricolores modeste. D'où la relative facilité de la France à suspendre l'exportation des armements vers la Turquie. Sur la période 2009-2018, les industriels français ont livré pour 461,7 millions d'euros de matériels militaires à Ankara.

"Atteinte à la sécurité des européens"

"La France réitère sa ferme condamnation de l'offensive unilatérale engagée par la Turquie dans le Nord-Est de la Syrie", poursuit le texte.

Elle "remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique, ndlr). Elle entraîne des conséquences humanitaires importantes. Elle porte donc atteinte à la sécurité des européens".

"La France demande la tenue rapide d'une réunion de la Coalition contre Daech pour évoquer la poursuite des efforts de la Coalition dans ce contexte", conclut le communiqué.

Une suspension analogue des ventes d'armes à Ankara a été annoncée vendredi et samedi par les gouvernements néerlandais puis allemand.

Une "question vitale"

En réaction à la décision de Berlin, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a assuré à la radio allemande Deutsche Welle que cette offensive dans le nord syrien était une "question vitale" et "une question de sécurité nationale, une question de survie".

"Peu importe ce que tout le monde fait, qu'il s'agisse d'un embargo sur les armes ou d'autre chose, cela ne fait que nous renforcer", a-t-il ajouté.

"Même si nos alliés soutiennent l'organisation terroriste, même si nous sommes seuls, même si un embargo est imposé, quoi qu'ils fassent, notre lutte est dirigée contre l'organisation terroriste", la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), a-t-il martelé.

La Turquie a déclenché mercredi une offensive dans le nord de la Syrie contre une milice kurde, deux jours après que les Etats-Unis ont retiré des militaires américains déployés dans certains secteurs du nord syrien juste à la frontière avec la Turquie.