Pékin annonce une nouvelle dévaluation du yuan pour doper son économie

Par latribune.fr  |   |  585  mots
C'est la plus grosse dévaluation que le yuan connaît depuis 10 ans. Pékin a abaissé le taux de référence du renminbi à deux reprises, mardi 11 et mercredi 12 août.
La Chine a de nouveau abaissé le taux-pivot du yuan, mercredi 12 août. La Banque centrale chinoise (PBoC) a annoncé que sa monnaie, jusque-là strictement encadrée, prendrait désormais davantage en compte les fluctuations du marché. Cette décision de Pékin est d'abord motivée par la nécessité de mettre un terme à la baisse des exportations chinoises, qui accusent une chute de 8,3% en juillet.

Après avoir créé la surprise mardi 11 août en annonçant une dévaluation du yuan de 2%, Pékin a abaissé pour la deuxième fois en 24 heures le taux de référence du yuan face au dollar, de 1,62%. La PBoC a donc réduit le taux-pivot autour duquel le yuan est autorisé à fluctuer à 6,3306 yuans pour un dollar (contre 6,2298 yuans mardi).

Le renminbi (RMB, pour "monnaie du peuple") a ainsi atteint son plus bas niveau depuis quatre ans ce mercredi 12 août.

Hier, cette annonce a rendu les marchés financiers particulièrement nerveux tout au long de la journée. La Banque de Chine a tenté de calmer le jeu. Elle assure que la mesure est "une action unique", et réfute l'idée d'une dévaluation prolongée. Mais cette intervention qualifiée d'"unique" a pourtant été renouvelée ce mercredi matin par la PBoC.

"Eu égard à la situation économique internationale et intérieure, rien ne justifie actuellement une dépréciation soutenue du yuan", déclarait hier la Banque populaire de Chine dans un communiqué.

Avec cette annonce, Pékin envoie un signal, notamment aux Etats-Unis qui estiment, depuis plusieurs années déjà, que la Chine sous-évalue artificiellement sa monnaie pour doper ses exportations. Pour autant, le pays a réagi prudemment hier à cette annonce. Car si Pékin répond à une des exigences de Washington, cette dévaluation risque d'avoir un impact sur ses exportations.

D'abord silencieux, le Trésor américain a fini par déclarer qu'il était "encore trop tôt" pour juger des implications de la décision chinoise.

"Une étape positive" pour le FMI

Quelques minutes avant cette nouvelle dévaluation, le FMI a salué une "étape positive" après les annonces de Pékin sur une plus grande flexibilité du yuan.

"Le nouveau mécanisme (...) semble constituer une étape positive qui permettra aux forces du marché de jouer un plus grand rôle pour déterminer le taux de change", a ainsi estimé le Fonds monétaire international, dans un communiqué, faisant référence au premier mouvement de dévaluation.

L'impact exact de cette mesure, accueillie très prudemment par Washington, dépendra de la manière dont "elle sera mise en œuvre", a expliqué le FMI, qui a assuré que Pékin devait à terme viser une flexibilité effective du yuan dans "les deux à trois prochaines années".

 DTS : la dévaluation n'aura pas d'impact sur la décision du FMI

Pour autant, l'institution de Washington persiste et signe, et assure que ces mesures n'auront pas "d'implication directe" sur sa décision d'intégrer ou non la devise chinoise parmi les monnaies de référence internationale.

Le Fonds étudie actuellement une demande de Pékin d'intégrer le renminbi au panier des devises de référence internationales que le FMI utilise pour ses droits de tirage spéciaux (DTS). Pour l'heure, l'unité de compte de l'institution est composée de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).

Le FMI, qui doit rendre sa décision en novembre, a récemment assuré qu'un des critères retenus sera de savoir si le yuan est "librement utilisable".

Si l'institution estime que l'annonce de Pékin "n'a pas d'implication directe" sur son évaluation, elle reconnaît dans son communiqué qu'une plus grande flexibilité du yuan "facilitera les opérations" en droits de tirage spéciaux ...si la monnaie chinoise est acceptée parmi les devises de référence du FMI.