Pétrole : Paris propose au G7 que les pays producteurs fixent un prix maximum

Par latribune.fr  |   |  698  mots
Logo de Aramco, l'entreprise pétrolière royale de l'Arabie Saoudite. (Crédits : Reuters)
Pour enrayer l'inflation, l'Elysée suggère qu'un tel plafond soit fixé par les pays producteurs eux-mêmes. Les autres pays du G7 semblent plutôt dubitatifs, car la mesure se heurte à la réalité d'un marché pétrolier où le prix est fixé en fonction de l'offre et de la demande mondiales. En revanche, la possibilité d'imposer un prix plafond aux exportations de pétrole russe pourrait aboutir, si la Chine et l'Inde y sont favorables.

En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées! Ce slogan ancien est en train de retrouver un air de jeunesse. Ainsi, Paris est favorable à la fixation d'un "prix maximum du pétrole" au niveau des "pays producteurs" afin de contrer l'envolée des prix provoquée par la guerre en Ukraine, a déclaré dimanche la présidence française en marge du sommet du G7 en Allemagne.

Paris n'est pas "opposé par principe" à la proposition américaine de plafonnement des prix mais "ce qui serait pour nous beaucoup plus puissant c'est qu'on mette un prix maximum au pétrole qui vienne de tous les pays producteurs", a souligné l'Elysée.

"C'est ce qu'il faut qu'on réengage dans la discussion avec Opep+, et avec tous les producteurs de pétrole au monde", a ajouté la présidence française, sans préciser les modalités d'une telle négociation pour convaincre les pays producteurs d'accepter une telle mesure.

Cette proposition est distincte de la mesure suggérée par les Etats-Unis d'un plafonnement des prix du pétrole qui serait décidée dans les pays consommateurs. En effet, les Etats-Unis, qui comptent, contrairement à la France, parmi les premiers producteurs dé pétrole du monde, entend imposer un seuil maximum de prix de vente en raison de l'envolée des prix de l'essence à des niveaux historiques.

Cette seconde idée sera discutée par les dirigeants du G7 réunis jusqu'à mardi dans le sud de l'Allemagne mais plusieurs capitales, dont Berlin, ont relevé qu'il s'agissait d'une mesure complexe à mettre en œuvre.

Moscou continue à profiter de ses revenus pétroliers

En revanche, l'idée de fixer un prix plafond au pétrole russe semble, elle, en bonne voie de concrétiser. Les discussions sont "très constructives", selon un responsable allemand, cité par l'agence Reuters.

Car, malgré les embargos, Moscou continue à profiter des revenus issus de la vente de ses produits pétroliers, la flambée des prix de l'énergie compensant la baisse de ses volumes d'exportations. Un plafonnement des prix pourrait résoudre ce dilemme tout en évitant de restreindre davantage l'offre pétrolière et d'alimenter l'inflation, selon les responsables, mais pour qu'il fonctionne, il faut que les gros importateurs comme l'Inde et la Chine y adhèrent.

La proposition française, elle, veut s'appliquer à tous les pays producteurs et vise même une extension d'une telle mesure au gaz dont la géopolitique est quelque peu différente de celle de l'or noir.

"Ce qu'on doit faire au G7, c'est plutôt d'essayer d'avoir un "price cap" (plafonnement) sur le pétrole, et à mes yeux le gaz aussi, pour éviter d'avoir des conséquences trop importantes des sanctions et de la situation" économique mondiale, a précisé à l'AFP une source au sein de la présidence française.

Mais, une telle mesure est très complexe à mettre en place, car le prix du pétrole est fixé par le marché international, même si l'Opep+, qui réunit les membres de l'Opep et 10 autres pays producteurs dont la Russie, limitent leur offre pour maintenir un certain niveau des cours. En effet, la majorité de ces pays dépendent des revenus générés par la rente pétrolière pour alimenter leur budget public.

Le baril de Brent à 113 dollars

Les raisons pour lesquelles le prix du baril de brut s'est installé au-dessus des 100 dollars depuis plusieurs semaines se trouvent dans la crise énergétique qu'a traversé l'Europe durant la période hivernale ainsi que les embargos pétroliers imposés par les pays occidentaux, notamment l'Europe, pour sanctionner l'invasion de l'Ukraine par la Russie à la fin du mois de février.

Vendredi, le prix du baril de Brent s'affichait à quelque 113 dollars, ayant progressé de 1,8% sur un mois.

Depuis plusieurs semaines, l'administration Biden a lancé des appels au pays producteurs du Golfe Persique, notamment l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, pour qu'ils pompent davantage de pétrole, mais sans succès pour le moment. Le président américain a prévu de se rendre au Proche-Orient, notamment à Riyad, à la mi-juillet pour en discuter.

(avec AFP)