Pétrole : pas d'accord à Doha, les cours s'effondrent

Par latribune.fr  |   |  605  mots
L'issue de cette réunion a ravivé les inquiétudes des acteurs du secteur, qui redoutent que les pays producteurs ne relancent la course aux parts de marché, ce qui risquerait de porter un coup d'arrêt à la remontée du prix du baril.
Les pays producteurs membres de l'Opep ont annoncé dimanche qu'aucun accord n'avait été trouvé sur un gel de la production. Les discussions ont buté sur la participation de l'Iran, qui refuse d'appliquer le gel, alors que l'Arabie Saoudite exige que tous les membres de l'Opep soient parties prenantes.

Les discussions de Doha entre pays producteurs de pétrole membres de l'Opep ou extérieurs au cartel ont échoué dimanche 18 avril. Elles se sont en effet achevées sans accord sur un "gel" de la production, l'Arabie saoudite ayant exigé que l'Iran se joigne au mouvement.

Même si les concertations vont se poursuivre, l'issue de cette réunion a ravivé les inquiétudes des acteurs du secteur, qui redoutent que les pays producteurs ne relancent la course aux parts de marché, ce qui risquerait de porter un coup d'arrêt à la remontée du prix du baril. L'Arabie saoudite notamment a menacé d'accroître sa production si aucun n'accord n'était trouvé.

Ainsi, lundi, à l'ouverture des marchés asiatiques, les cours du pétrole se sont effondrés. Le Brent de la mer du Nord a chuté de près de 7% dans les premiers échanges et perdu quasiment trois dollars pour revenir tout juste au-dessus de 40 dollars le baril. Le contrat mai sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a reculé dans les mêmes proportions et se traitait à 37,75 dollars le baril. L'échec de la réunion de Doha semble donc mettre un terme à la récente remontée des cours pétroliers.

L'Iran tente de bénéficier de la levée des sanctions

Dix-huit pays, dont la Russie qui ne fait pas partie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), étaient représentés à Doha pour finaliser un accord dans les tuyaux depuis février et qui aurait stabilisé la production jusqu'en octobre prochain à ses niveaux de janvier. Mais Ryad, chef de file de l'Opep, a insisté pour que tous les pays membres de l'Opep soient partie prenante à ce gel concerté de la production, y compris l'Iran. Or, la République islamique, absente dimanche à Doha, se refuse à stabiliser sa production au moment où la levée des sanctions occidentales liées à son programme nucléaire peut lui permettre de reprendre pied sur le marché mondial de la production de brut. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, l'a clairement expliqué:

"Si l'Iran gèle sa production pétrolière au niveau de février, cela signifiera qu'il ne peut pas bénéficier de la levée des sanctions".

La Russie mécontente

Au terme de cinq heures de discussion tendue, notamment entre l'Arabie saoudite et la Russie, sur la formulation d'une éventuelle déclaration finale, délégués et ministres ont annoncé qu'aucun accord n'avait été trouvé. Le ministre qatari de l'Energie, Mohamed al Sada, a déclaré:

"Nous avons conclu que nous avions tous besoin de temps pour de nouvelles consultations" .

Plusieurs sources au sein de l'Opep ont précisé que si l'Iran acceptait de s'associer au gel de la production lors de la prochaine réunion du cartel, prévue le 2 juin, les discussions avec les autres pays producteurs pourraient reprendre. Le ministre russe du Pétrole, Alexander Novak, a toutefois regretté les exigences "déraisonnables" de l'Arabie saoudite et s'est dit déçu de l'issue de la réunion de Doha.

L'espoir d'une limitation concertée de l'offre mondiale avait permis au baril de Brent de rebondir à près de 45 dollars, en progression de 60% par rapport aux plus bas touchés en janvier autour de 27 dollars, après la chute qui lui avait fait perdre plus de 75% depuis le pic à 115 dollars de la mi-2014. Mais "sans accord, les probabilités d'assister à un rééquilibrage des marchés sont désormais repoussées à la mi-2017", a résumé Abhishek Deshpande, spécialiste du pétrole chez Natixis.

(Avec Reuters)