Pétrole : l’Arabie saoudite et la Russie coupent fortement leur production pour soutenir les cours

Par latribune.fr  |   |  647  mots
En novembre, l'Opep+ a accepté des réductions volontaires totalisant environ 2,2 millions de barils par jour. (Crédits : Reuters)
Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, réunis au sein de l'Opep+, sont convenus dimanche de prolonger l'accord actuel de réduction de la production de brut jusqu'à la fin du deuxième trimestre afin d'éviter une offre excédentaire. A eux deux, la Russie et l'Arabie saoudite réduisent leur production d'environ 1,5 million de barils par jour.

Nouvelle baisse de capacité pour soutenir les prix du pétrole. Alors que la croissance économique est morose, c'est l'objectif de l'Arabie saoudite et de la Russie, les deux poids lourds de l'Opep+ des pays exportateurs de pétrole, en annonçant ce dimanche la prolongation jusqu'à juin de leur baisse de production de pétrole. Ainsi, Riyad va continuer de réduire sa production d'un million de barils par jour (bpj) pour la période d'avril à juin, a annoncé son ministère de l'Energie, cité par l'agence de presse officielle saoudienne (SPA). De son côté, Moscou va réduire la voilure à hauteur de 471.000 barils quotidiens, portant à la fois sur la production et les exportations.

Manne financière pour Moscou

Dans le détail, la Russie va mettre en place une baisse supplémentaire de sa production de 350.000 barils par jour en avril, 400.000 en mai et 471.000 en juin, a indiqué le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak. En ce qui concerne les exportations, la réduction portera sur « 121.000 barils par jour » en avril et « 71.000 » en mai, selon le dirigeant russe. Malgré une part moins importante dans le budget fédéral qu'avant le conflit en Ukraine, la manne financière issue de la vente des hydrocarbures reste essentielle pour Moscou au moment où son économie est tournée vers l'effort de guerre pour soutenir son assaut militaire chez son voisin. Pour autant, les recettes sont impactées par les sanctions mises en place par les pays occidentaux, qui oblige Moscou à réorienter ses exportations vers l'Asie, et notamment vers la Chine et l'Inde.

D'autres pays de l'OPEP+ baissent aussi leur production

Tant pour Riyad que pour Moscou, ces mesures s'ajoutent à la réduction de 500.000 barils par jour annoncée en avril 2023 et qui court jusqu'à fin 2024. Parmi les 23 autres membres de l'Opep+, d'autres pays, ont eux aussi annoncé prolonger leurs coupes. Les Emirats arabes unis (EAU) vont réduire leur production de pétrole de 163.000 bpj jusqu'en juin, le Koweït de 135.000, l'Algérie de 51.000 et Oman de 42.000. Le ministre irakien du Pétrole, Hayan Abdel Ghani, a confirmé aux journalistes que Bagdad prolongerait également la baisse de sa production. Cette stratégie coordonnée avait été dévoilée au printemps 2023 pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, avant d'être renforcée par l'effort supplémentaire de Moscou et Riyad.

Dans la perspective de cette nouvelle prolongation, les prix du pétrole avaient bondi vendredi, le West Texas Intermediate (WTI) américain s'élevant ponctuellement au-delà de 80 dollars, une première depuis novembre. Le baril de Brent de la mer du Nord est lui parvenu à un sommet en un mois et terminé avec un gain de 2%, à 83,55 dollars. Mais il reste loin de son éphémère envolée à près de 100 dollars fin septembre et surtout des 140 dollars atteints à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine.

Prime géopolitique

Selon les analystes, le cartel produisait jusqu'ici 6,8 millions de barils par jour de moins qu'en septembre 2022, qui avait constitué un pic post-pandémie. Sur ce total, quelque 2,2 millions de barils sont concernés par des engagements pris jusqu'à fin mars, dont un million pour les Saoudiens. S'exprimant récemment sur la reconduction probable de ces coupes, Barbara Lambrecht, de Commerzbank assurait « que le brut restera soutenu autour de 80 dollars le baril, tant que le marché intégrera une prime géopolitique » liée à la situation au Moyen-Orient.

Les perspectives de demande de pétrole sont incertaines pour cette année. L'Opep s'attend à une nouvelle année de croissance relativement forte de la demande de 2,25 millions de bpj, tirée par l'Asie, tandis que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une croissance beaucoup plus lente de 1,22 million de bpj.

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