Pour sauver leur système de retraite, les Britanniques devraient travailler jusqu'à... 71 ans

Par latribune.fr  |   |  730  mots
L'âge de la retraite publique est fixé à 66 ans au Royaume-Uni, et doit passer à 67 ans entre 2026 et 2028. Il devrait passer à 68 ans à partir de 2044 (Photo d'illustration). (Crédits : TOBY MELVILLE)
Selon une étude du Centre international sur la longévité au Royaume-Uni, l'âge de la retraite devra être porté à 71 ans au Royaume-Uni d'ici 2050 pour conserver l'équilibre du système de pension d'Etat. Or, outre-Manche, le nombre d'inactifs en raison de maladies chroniques s'est envolé depuis la pandémie.

Quand on se compare, on se console. Selon une étude du Centre international sur la longévité au Royaume-Uni (ILCUK), les Britanniques devraient travailler cinq années supplémentaires pour ne pas dégrader leur système de retraite. Pour l'agence, « la plupart des pays qui se classent en haut » de l'Indice de vieillissement en bonne santé « ont une population qui vieillit rapidement ». Résultat, la part de personnes en âge de travailler (15 à 64 ans), elle, diminue.

C'est le cas au Royaume-Uni où, conclut l'étude, « l'âge de la retraite devrait être fixé à 70 ou 71 ans, contre 66 ans actuellement, pour maintenir le statu quo du nombre de travailleurs par retraité » touchant une pension d'Etat.

Pour rappel, au Royaume-Uni, l'Etat prend en charge une pension publique, dont le montant est limité : 203.85 livres, soit 238 euros, au maximum par semaine. Une majorité de retraités britanniques touchent, en parallèle, une retraite privée. L'âge légal de départ à la retraite est, quant à lui, fixé à 66 ans outre-Manche, et doit passer à 67 ans entre 2026 et 2028. Il devrait passer à 68 ans à partir de 2044. A titre de comparaison, en France, l'âge légal de départ a été porté l'an dernier de 62 à 64 ans.

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Pourtant, si permettre aux gens de travailler plus longtemps est une solution, « des recherches montrent qu'à 70 ans, seuls 50% des adultes » sont en capacité de le faire, selon le rapport publié lundi.

Se concentrer sur la prévention des problèmes de santé

Les chercheurs de l'ILCUK appellent ainsi le gouvernement à se concentrer davantage sur la prévention des problèmes de santé, non seulement chez les personnes âgées, mais aussi chez celles en âge de travailler. De fait, le Royaume-Uni a vu s'envoler depuis la pandémie le nombre d'inactifs, en raison de maladies chroniques.

Et si les Britanniques sont « confrontés à des problèmes de santé plus tôt » dans la vie, « le problème devient encore plus pressant », car cela réduit encore le nombre de travailleurs qui financent le système, prévient l'étude.

Une population active réduite crée, en outre, « d'énormes pénuries de main-d'œuvre qui doivent être comblées par la main-d'œuvre migrante », selon les auteurs, qui ajoutent que ce « n'est pas une solution durable et se fait au détriment économique et social des pays d'origine ainsi que de destination ».

L'entrée en vigueur du Brexit début 2021 a notamment compliqué la venue au Royaume-Uni des centaines de milliers de travailleurs issus de l'Union européenne. L'étude note aussi que « le récent ralentissement de l'espérance de vie » outre-Manche lié aux politiques d'austérité des années 2010 et au Covid-19 « a temporairement atténué la pression », mais que celle-ci est toujours présente à plus long terme.

Une « dégradation effrayante » de la santé des enfants de moins de 5 ans

Selon un rapport publié lundi par The Academy of Medical Sciences, un centre de recherche indépendant sur la santé au Royaume-Uni, « les progrès en matière de santé infantile ont marqué le pas » au Royaume-Uni ces dernières années. Un enfant sur cinq de 5 ans est en surpoids ou obèse. Ceux qui résident dans les zones les plus défavorisées ont deux fois plus de risque d'être obèses que ceux vivant dans les zones aisées.

« Les taux de vaccination sont tombés en dessous des seuils de sécurité de l'Organisation mondiale de la santé, ce qui menace de provoquer des épidémies », alertent également les chercheurs. Le service de santé publique NHS est confronté à « d'énormes défis » en raison notamment du « vieillissement de la population », souligne un des auteurs du rapport, Andrew Pollard, spécialiste en vaccination à l'université d'Oxford. Mais ce rapport qui fait état « d'une dégradation effrayante de la santé de nos enfants rend les perspectives d'avenir encore plus sombres », écrit-il.

Saturé, après une cure d'austérité de plusieurs années, le NHS fait face à des listes d'attente interminables, rendant très difficile l'accès aux soins. Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a fait l'an dernier de la réduction du nombre de patients en attente d'un traitement l'une des grandes priorités de son gouvernement. Mais il a reconnu lundi avoir échoué.

(Avec AFP)