Poutine impose aux géants technologiques étrangers l'ouverture d'une filiale en Russie

Par latribune.fr  |   |  708  mots
Facebook, Google, Telegram et Twitter doivent par ailleurs passer devant les tribunaux russes dans le courant du mois pour de nouvelles accusations de non suppression de contenus jugés illégaux. (Crédits : SPUTNIK)
« S'ils travaillent dans notre pays et y gagnent de l'argent, ils doivent respecter nos lois », a déclaré le président russe. En plus de l'aspect fiscal, se joue également le contrôle des données des géants du Web.

Vladimir Poutine entend imposer sa vision d'un Internet russe. Le dirigeant politique a signé une loi imposant aux géants technologiques étrangers d'ouvrir des filiales en Russie, selon un document publié jeudi par le Kremlin. En ligne de mire, les géants américains des réseaux sociaux Facebook, Twitter et Google, mais aussi le Russe Telegram dont le siège est à Dubaï ou encore le Chinois Tik Tok. Depuis quelques semaines, le ton monte entre le locataire du Kremlin et les géants de la donnée. Il leur a reproché d'"envoyer balader" la Russie.

Au printemps, les autorités russes ont commencé à ralentir Twitter, affirmant que ce dernier n'avait pas supprimé la totalité d'une série de contenus jugés illégaux par Moscou et menaçant Facebook et YouTube de sanctions similaires.

Aussi, l'administration Poutine veut contraindre, sous peine d'être pénalisées de diverses manière, ces géants qui choisissent des environnements fiscaux plus cléments pour déclarer leurs bénéfices. "Une entité étrangère, exerçant des activités sur Internet en Russie, est obligée de créer une succursale, d'ouvrir un bureau ou d'établir une entité juridique russe", indique la nouvelle loi.

Les entreprises d'au-moins 500.000 utilisateurs

"S'ils travaillent dans notre pays et y gagnent de l'argent, ils doivent respecter nos lois", avait répondu Vladimir Poutine, lors de sa grand messe, à un "blogueur" demandant si les réseaux sociaux populaires, tels que le chinois TikTok et le russe ayant son siège à Dubaï Telegram, allaient être bloqués.

"Si elles ne nous écoutent pas, nous ralentirons" leur fonctionnement, entre autres, a-t-il précisé. Après avoir indiqué : "Nous n'avons pas prévu de bloquer quoi que ce soit, nous allons collaborer avec eux. Mais il y a des problèmes, ils nous baladent lorsqu'il ne se conforment pas à nos exigences et aux lois russes", a déclaré le président russe, qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2000 entend garder le contrôle d'Internet.

Alexander Khinshtein, le chef du comité de la politique de l'information et des technologies de l'information à la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a précisé que la loi s'appliquait aux entreprises technologiques dont l'audience quotidienne en Russie est d'au moins 500.000 personnes.

Les entreprises doivent enregistrer un compte personnel sur le site internet de Roskomnadzor, l'autorité nationale de régulation des communications, a-t-il ajouté.

La nouvelle loi affecte potentiellement 20 entreprises, dont des détaillants et des sociétés de commerce en ligne, a rapporté l'agence RIA.

La main mise sur les données des réseaux

En Russie, la multiplication des mesures contre plusieurs réseaux sociaux, souvent sous prétexte de protéger les mineurs et de combattre l'extrémisme, suscite l'inquiétude dans les rangs des critiques du pouvoir, qui y voient une énième tentative d'étouffer la liberté d'expression et l'opposition.

En avril, Twitter puis TikTok ont été condamnés à des amendes plus lourdes que d'habitude, respectivement de 8,9 millions de roubles (99.000 euros) et 2,6 millions (29.000 euros), pour n'avoir pas supprimé des appels "incitant des mineurs" à manifester en soutien à l'opposant emprisonné Alexeï Navalny.

Mercredi, le gendarme de l'internet russe Roskomnadzor a dit avoir entamé des procédures administratives contre Google, arguant que ce dernier n'avait pas fourni de preuves du transfert des données des utilisateurs russes en Russie.

Une loi russe demande en effet aux entreprise numériques internationales de stocker les données des utilisateurs russes dans leur pays.

Les contrevenants s'exposent à des sanctions telles que des interdictions de publicité.

Les autorités russes souhaitent exercer un contrôle accru sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux, et ont déjà infligé par le passé des amendes à des entreprises qui ne suppriment pas des contenus qu'elle juge illégaux.

Moscou a aussi ouvert mercredi une nouvelle procédure contre Google, filiale d'Alphabet, pour violation de la législation sur les données personnelles.

Facebook, Google, Telegram et Twitter doivent par ailleurs passer devant les tribunaux russes dans le courant du mois pour de nouvelles accusations de non suppression de contenus jugés illégaux.

(avec AFP et Reuters)

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