Présidentielle américaine : treize Russes inculpés pour ingérence

Par latribune.fr  |   |  634  mots
"La Russie a entamé sa campagne anti-américaine en 2014, longtemps avant que je n'annonce mon intention d'être candidat à la présidence. Cela (la campagne russe) n'a pas eu d'incidence sur le résultat de l'élection. L'équipe de campagne Trump n'a rien fait de mal, il n'y a eu aucune collusion!", a réaffirmé Donald Trump. (Crédits : JONATHAN ERNST)
Le procureur spécial Robert Mueller a dévoilé vendredi qu'une opération sophistiquée a été menée entre 2014 et 2016 afin "de semer la discorde au sein du système politique américain" et de favoriser Donald Trump face à Hillary Clinton. Donald Trump a reconnu la responsabilité de la Russie mais nié toute collusion. Moscou a réfuté ces accusations.

L'opération était baptisée "Projet Lakhta"et était dotée de financements importants. Elle visait à soutenir le candidat républicain Donald Trump et à dénigrer son adversaire démocrate Hillary Clinton. C'est ce qu'ont déclaré vendredi 16 février les services du procureur spécial américain Robert Mueller, qui ont émis un acte d'inculpation de 37 pages contre trois entités et 13 Russes.

Le document dévoile un niveau de sophistication et de préparation plus important que ce que l'on savait jusqu'à présent des ingérences russes. L'opération, commencée en 2014, s'est étalée sur plusieurs années, jusqu'en 2016. L'Agence de recherche russe de l'internet "s'est assigné comme objectif stratégique de semer la discorde au sein du système politique américain, notamment lors de l'élection présidentielle américaine de 2016", explique le texte.

Des messages clivants sous fausse identité

Des Russes ont notamment illicitement volé des numéros de sécurité sociale et des dates de naissance d'Américains afin d'ouvrir des comptes sur la plate-forme de paiement PayPal et de poster des messages clivants sur les réseaux sociaux. En se faisant passer pour des Américains, ils se sont rendus aux Etats-Unis pour recueillir des renseignements et ont même organisé des rassemblements politiques. Certains des accusés ont approché des personnes associées à l'équipe de campagne de Donald Trump, alors candidat républicain, sans que ces dernières sachent à qui elles avaient affaire.

L'acte d'inculpation recoupe pour l'essentiel les conclusions d'une évaluation effectuée en janvier 2017 par la communauté américaine du renseignement, qui avait conclu à une ingérence de Moscou dans l'élection dont l'objectif était de favoriser Donald Trump.

Des accusations "absurdes" selon Moscou

"Ces inculpations viennent rappeler que les gens ne sont pas toujours ce qu'ils disent être sur le réseau internet", a déclaré vendredi Rod Rosenstein, l'Attorney General adjoint (vice-ministre américain de la justice).

Il a ajouté que rien ne permettait, au vu des chefs d'inculpation, de dire qu'un Américain s'était en connaissance de cause engagé dans les manoeuvres d'ingérence dans les élections.

A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié d'absurdes ces nouvelles accusations d'ingérence.

"Treize personnes ont interféré dans les élections américaines? Treize contre des services de renseignement (américains) dotés de milliards de dollars? Contre les services de renseignement et de contre-espionnage, contre les dernières technologies? Absurde, oui!", a écrit sur Facebook Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe.

Pas "d'incidence sur le résultat de l'élection" selon Trump

Donald Trump a reconnu vendredi que la Russie s'était engagé dans des menées anti-américaines avant les élections américaines de 2016, mais, dans un tweet envoyé après l'inculpation, il a assuré que son équipe de campagne n'avait rien commis de mal.

"La Russie a entamé sa campagne anti-américaine en 2014, longtemps avant que je n'annonce mon intention d'être candidat à la présidence. Cela (la campagne russe) n'a pas eu d'incidence sur le résultat de l'élection. L'équipe de campagne Trump n'a rien fait de mal, il n'y a eu aucune collusion!", a-t-il réaffirmé.

Le directeur du National Intelligence Dan Coats a déclaré mardi devant la commission des renseignements du Sénat, lors de son audition annuelle sur les menaces dans le monde, qu'il avait déjà eu en sa possession des éléments montrant que la Russie visait maintenant les élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre.

 (Avec Reuters)