Rencontre historique entre présidents chinois et taïwanais

Par latribune.fr  |   |  629  mots
Cette rencontre historique intervient à un peu plus de deux mois les élections présidentielle et législatives du 16 janvier à Taïwan, pour lesquelles le Parti démocrate progressiste (DPP), partisan de l'indépendance, part favori, ce que Pékin veut à tout prix éviter.
Les présidents chinois Xi Jinping et taïwanais Ma Ying-jeou se sont rencontrés samedi à Singapour, une première entre dirigeants des deux entités depuis la fin de la guerre civile en 1949, marquée par la victoire des communistes en Chine continentale et le retrait des nationalistes sur l'ancienne Formose.

C'est un jour à marquer d'une pierre blanche. Les présidents chinois Xi Jinping et taïwanais Ma Ying-jeou se sont rencontrés samedi à Singapour. L'annonce de cette rencontre historique - une première depuis 1949 - a provoqué cette semaine une vive polémique à Taïwan à l'approche des élections législatives et présidentielle, l'opposition favorable à l'indépendance y voyant une volonté de Pékin de peser sur le résultat.

Ma Ying-jeou a évoqué après l'entretien une discussion "positive et franche" qui lui laisse espérer que Pékin peut utiliser des moyens pacifiques, et non la force, pour résoudre ses différents avec Taïwan.

Il a ajouté lors d'une conférence de presse que son homologue chinois lui avait assuré que le déploiement de missiles en Chine ne visaient en aucun cas Taïwan, que Pékin considère comme une province chinoise.

Un peu plus tôt, avant leur tête-à-tête à huis clos, Ma Ying-jeou et Xi Jinping s'étaient serré la main devant les journalistes, le premier portant une cravate rouge, la couleur du parti communiste, et le second une cravate bleue, celle du parti nationaliste.

Assis face à son homologue dans la salle d'entretien, le président chinois s'était exprimé en premier pour assurer que Pékin et Taipeh avaient "la capacité et la sagesse" de résoudre eux-mêmes leurs divergences.

"Rien ne nous séparera. Nous sommes une seule famille", a dit Xi Jinping.

En réponse, Ma Ying-jeou s'était dit déterminé à promouvoir la paix et la stabilité de part et d'autre du détroit de Taïwan, ajoutant que la relation entre les deux entités devait être basée sur la sincérité, la sagesse et la patience.

Mise en garde

Ma avait également indirectement invité son homologue chinois à respecter la démocratie taïwanaise.

"Les deux côtés devraient respecter les valeurs et les modes de vie de l'autre", a-t-il déclaré avant le tête-à-tête à huis clos entre les deux hommes, dont les responsables du protocole ont indiqué qu'ils se désigneraient par le terme "monsieur" pour éviter celui de "président", aucun d'entre eux ne reconnaissant l'autre en tant que chef d'Etat.

Cette rencontre historique intervient à un peu plus de deux mois les élections présidentielle et législatives du 16 janvier à Taïwan, pour lesquelles le Parti démocrate progressiste (DPP), partisan de l'indépendance, part favori, ce que Pékin veut à tout prix éviter.

Ma Ying-jeou, qui quittera ses fonctions l'an prochain en raison de la limitation du nombre de mandats, espère redorer son blason grâce à cette initiative, malgré la montée du sentiment anti-Pékin à Taïwan.

Si la rencontre a été accueillie avec enthousiasme à Pékin, il n'en a pas été de même à Taipeh, où la candidate du DPP à la présidence, Tsai Ing-wen, a dénoncé le manque de transparence entourant son organisation.

Chao Tien-lin, directeur du département des affaires chinoises au sein du DPP, a estimé de son côté que Ma ne devait pas "brader et sacrifier les intérêts de Taïwan". "Il doit répondre aux attentes de la démocratie et de l'opinion publique taïwanaises. C'est ce qui compte avant tout", a-t-il dit.

Les suspicions ouvertement exprimées par l'opposition taïwanaise sur l'objectif réel de cet entretien ont été confortées par des déclarations du directeur du Bureau chinois des affaires taïwanaises, qui a qualifié samedi les "séparatistes" de l'île de principale menace pour la paix.

Lors d'une conférence de presse à Singapour, Zhang Zhijun a ajouté qu'aucune des deux entités ne tolérerait une séparation, en allusion aux ambitions indépendantistes du DPP.