Rencontre Trump-Juncker : une trêve dans les tensions commerciales

Par latribune.fr  |   |  794  mots
À en croire Donald Trump, « une nouvelle phase » commence dans la relation entre l'Europe et l'Amérique après l'accord qu'il a noué avec son homologue européen Jean-Claude Juncker. (Crédits : Reuters)
Donald Trump et le chef de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker se sont efforcés, le 25 juillet, de désamorcer la crise née des tarifs douaniers imposés par Washington, annonçant toute une série de mesures et de "concessions" portant sur l'agriculture, l'industrie et l'énergie. Les Européens ont obtenu l'essentiel : la suspension de toute nouvelle surtaxe, le temps de trouver un accord "pour parvenir à un zéro tarifs douaniers". La menace de taxer à 25% les importations d'automobiles européennes sur le sol américain est repoussée, selon une source européenne. En contrepartie, l'UE s'engage à accroître les importations de gaz et de soja américains.

Pour ce premier face-à-face, le chef de l'exécutif européen, reçu à la Maison Blanche le 25 juillet, espérait dissuader Donald Trump de taxer les importations automobiles ; une mesure qui pourrait être annoncée dès le mois d'août "au nom de la sécurité des États-Unis" et qui, de fait, inquiète beaucoup les Européens. L'Allemagne est particulièrement concernée par cette disposition car, là-bas, ce secteur clé emploi quelque 800.000 personnes. Mais c'est finalement sur l'acier qu'il a surtout convaincu le président américain de revoir sa position.

Toujours dans l'objectif de désamorcer une crise qui perdure depuis plusieurs mois, les deux hommes ont annoncé d'autres mesures, de court terme, sur l'agriculture, l'industrie et l'énergie. Voici les principales.

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Vers un "zéro tarifs douaniers" dans les échanges industriels, hors automobile

Parlant d'un "grand jour" pour le libre-échange et évoquant une "nouvelle phase" dans les relations entre les États-Unis et l'UE, Donald Trump a mis en avant leur volonté commune d'aller à terme vers un "zéro tarifs douaniers" dans leurs échanges industriels, exception faite sur secteur automobile.

Le locataire de la Maison Blanche a en effet promis de "résoudre" la question des tarifs douaniers américains de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium européens. Ce sont précisément ces taxes, en application depuis le 1er juin, qui avaient mis le feu aux poudres en Washington et Bruxelles. Il n'a cependant pas précisé si cela signifiait que l'administration Trump allait surprendre, voire supprimer ces taxes.

De son côté, Jean-Claude Juncker n'a pas précisé lui non plus si les représailles européennes à ces taxes allaient aussi être levées.

En d'autres termes, les deux parties sont simplement tombés d'accord pour ne pas annoncer de nouvelles sanctions tant que leurs discussions sont réengagées. Néanmoins, devant les journalistes, ce dernier a estimé qu'il s'agit là d'une "concession majeure" de la part de Trump et plusieurs représentants de l'UE considèrent d'ailleurs l'accord obtenu sur ce point comme un succès important.

"C'est la première fois que les Américains acceptent de réévaluer la mesure qu'ils ont prise dans les secteurs de l'acier et de l'aluminium."

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Selon une source européenne, concernant le secteur automobile, aucun nouveau tarif douanier ne sera imposé sur les importations de voitures européennes aux États-Unis. La Maison Blanche avait pourtant chargé, fin mai, son département au Commerce d'examiner la possibilité d'imposer des taxes supplémentaires allant jusqu'à 25% sur ce secteur stratégique de l'économie mondiale.

L'UE va acheter "beaucoup de soja"

D'autres mesures, plus de court terme, ont été annoncées lors de la conférence de presse post-rencontre. Sur l'agriculture, par exemple. L'Union européenne va commencer "presque immédiatement" à acheter "beaucoup de soja" aux producteurs américains, a déclaré le président républicain sans toutefois annoncer de volume.

La question du soja pourrait d'ailleurs susciter des frictions en Europe alors que 94% du soja planté aux États-Unis est génétiquement modifié pour résister aux désherbants, selon des données du ministère américain de l'agriculture, l'USDA. Il s'agira de commercialisation puisque la culture de soja génétiquement modifié est interdite en Europe. Le soja devra aussi avoir été au préalable homologué par l'UE.

L'UE importe actuellement beaucoup de soja des pays d'Amérique latine car depuis l'accord agricole de Blair House (accord bilatéral UE/USA de 1992), elle a renoncé à cultiver du soja.

Hausse des importations de gaz naturel liquéfié

Lors de ces pourparlers, L'UE s'est également engagée à augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis. Le journal Les Echos ajoute également qu'elle a aussi accepté de discuter des normes réglementaires pour faciliter l'accès aux matériels médicaux américains sur le marché européens - des biens récemment visés par des mesures de rétorsion chinoises, comme le soja d'ailleurs et certains produits énergétiques.

Réformer de concert l'OMC

Enfin, les deux continents vont travailler de concert afin de réformer l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour "s'attaquer au problème de pratiques commerciales déloyales incluant le vol de la propriété intellectuelle, le transfert forcé de technologies, les subventions industrielles, les distorsions créées par les entreprises d'Etat et la surcapacité", a détaillé le président américain, des propos qui vise la Chine.

(avec AFP et Reuters)