Russie : les autorités détruisent fruits et viandes occidentaux sous embargo

Par latribune.fr  |   |  438  mots
Depuis près d'un an, la Russie interdit l'importation de la plupart des produits alimentaires des pays qui la sanctionnent pour son rôle présumé dans la crise ukrainienne, une décision qui affecte particulièrement le secteur agricole européen.
Cette démarche est conforme à un décret du Kremlin mais contestée par la société civile.

Jusqu'à présent, ils étaient simplement renvoyés dans leur pays d'origine par les douanes. Mais la Russie a commencé à détruire sur place les produits alimentaires européens et américains sous embargo, saisis à la frontière ou dans les magasins.

Les autorités russes mettent ainsi en oeuvre un décret en ce sens du Kremlin, et ce, malgré une levée de boucliers dans la société civile et chez des personnalités de tous bords.

114 tonnes de viandes de porc détruites mardi

L'agence sanitaire russe Rosselkhoznadzor a annoncé, jeudi 6 août au matin, une première saisie de 73 tonnes de pêches et de nectarines à la frontière bélarusse, qui transitaient sous un faux certificat turc et seront par conséquent détruites. Un autre chauffeur, transportant 1,5 tonne de tomates sans certificat, contrôlé à la même frontière, a pour sa part détourné son camion pour retourner au Bélarus, selon l'agence Ria Novosti. Une première destruction de 114 tonnes de viande de porc européenne sous embargo avait eu lieu mardi à Samara (centre) comme démonstration de la détermination des autorités.

La Russie interdit l'importation de la plupart des produits alimentaires des pays qui la sanctionnent pour son rôle présumé dans la crise ukrainienne depuis près d'un an, une décision qui affecte particulièrement le secteur agricole européen.

Les autorités russes, qui accusent des pays tels que le Bélarus ou le Kazakhstan d'introduire sur le territoire russe des produits européens sous embargo en les faisant passer pour des produits locaux, espèrent que quelques cas de destruction suffiront à décourager les personnes tentées d'enfreindre l'embargo.

Pétition pour que la nourriture soit redistribuée aux nécessiteux

Mercredi, des personnalités de tous horizons politiques sont toutefois montées au créneau contre la destruction de ces produits, appelant à leur redistribution aux nécessiteux. Le chef du Parti communiste russe Guennadi Ziouganov a notamment regretté une "mesure extrême", tandis que l'avocat Evguéni Bobrov, membre du Conseil des droits de l'Homme du Kremlin, a dénoncé "une proposition arbitraire".

Une pétition signée par plus de 250.000 personnes sur le site internet Change.org réclame elle aussi que la nourriture saisie soit donnée "aux anciens combattants, aux handicapés, aux familles nombreuses et à ceux qui ont souffert des récents désastres naturels". Le quotidien russe Vedomosti a dénoncé pour sa part jeudi dans un éditorial une "barbarie ostentatoire" et une "guerre absurde contre la nourriture en période de crise économique".

(Avec AFP)