Syrie : le régime refuse de discuter du sort de Bachar al-Assad

Par latribune.fr  |   |  616  mots
Ce que le gouvernement syrien entend par "transition politique", c'est une période qui doit permettre l'élaboration d'une nouvelle Constitution et la formation d'un nouveau gouvernement, avec la participation de l'opposition, a précisé le ministre des Affaires étrangères syrien.
Le ministre des Affaires étrangères syrien a exclu d'aborder le sujet lors des négociations de paix qui s'ouvriront lundi à Genève. L'opposition accuse Damas de torpiller ainsi les discussions avant même qu'elles ne commencent.

Le gouvernement syrien participera bien aux négociations de paix qui doivent s'ouvrir lundi 14 mars à Genève, a-t-il confirmé samedi. Mais une ligne rouge ne pourra pas être dépassée, a-t-il précisé: aucune discussion ne pourra être menée sur le sort de Bachar al Assad et l'organisation d'un scrutin présidentiel.

En critiquant l'émissaire des Nations unies, Staffan de Mistura, qui a déjà présenté un ordre du jour des négociations et annoncé une élection présidentielle en Syrie dans dix-huit mois, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, a averti lors d'une conférence de presse à Damas:

"La délégation gouvernementale repoussera toute tentative de mettre cette question à l'ordre du jour. (...) Nous ne discuterons pas avec des gens qui parlent de la présidence (...) S'ils (les opposants, ndlr) ont cela en tête, je leur conseille de ne pas venir à ces négociations."

Damas n'attendra pas plus de 24 heures l'opposition

En demandant au représentant des Nations unies de conserver "neutralité et objectivité", le chef de la diplomatie syrienne a souligné que l'opposition se faisait des "illusions" si elle pensait pouvoir mettre sur la table à Genève l'avenir du président Assad. Les rebelles, a-t-il renchéri, se trompent lourdement s'ils pensent "prendre à Genève le pouvoir qu'ils n'ont pas pu gagner par les armes sur le terrain".

Les délégués de Damas, a poursuivi Moualem, seront dès dimanche à Genève, mais n'attendront pas plus de vingt-quatre heures que les discussions débutent. Passé ce délai, ils repartiront si l'opposition ne se présente pas.

Les discussions de paix en danger

Répondant à ces affirmations, le Haut Conseil des négociations (HCN), principale coalition de l'opposition, a accusé Damas de torpiller ainsi les discussions avant même qu'elles ne commencent. L'opposition syrienne veut en effet qu'elles soient centrées sur l'établissement d'un organe gouvernemental de transition qui disposerait des pleins pouvoirs exécutifs. Elle rejette l'idée de se joindre à un gouvernement syrien élargi.

"Nous sommes venus pour avoir un organisme de transition sans Assad au pouvoir", a déclaré à Genève à l'agence de presse russe RIA Mohamed Allouche, qui dirige le bureau politique du groupe rebelle Djaïch al Islam (Armée de l'islam). "La période de transition ne peut s'ouvrir qu'avec la chute de Bachar al Assad ou sa mort", a-t-il ensuite affirmé. "Il n'est pas possible d'ouvrir cette période en présence de ce régime ou du chef de ce régime encore au pouvoir", a-t-il ajouté.

Les Kurdes syriens exclus des négociations

Au contraire, ce que le gouvernement syrien entend par "transition politique", c'est une période qui doit permettre l'élaboration d'une nouvelle Constitution et la formation d'un nouveau gouvernement, avec la participation de l'opposition, a précisé le ministre des Affaires étrangères syrien. Moualem a par ailleurs souligné l'engagement du gouvernement syrien à respecter l'accord de "cessation des hostilités" mis au point par Washington et Moscou, qui a permis de réduire le niveau de violence dans l'ouest de la Syrie depuis son entrée en vigueur le 27 février.

Quant aux Kurdes syriens du PYD (Parti de l'Union démocratique), qui sont exclus des négociations de Genève comme le voulait la Turquie, Moualem a pourtant affirmé qu'ils étaient "dans la même tranchée" face aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) avec l'armée syrienne. Il a néanmoins repoussé l'idée d'une solution "fédérale" pour mettre fin au conflit, avancée par le PYD et par un ministre russe.

En cinq ans, la guerre en Syrie a fait plus de 250.000 morts.

(Avec Reuters)