Taïwan : la Chine se montre déterminée et prête à se "battre jusqu'au bout"

Par latribune.fr  |   |  784  mots
Wei Fenghe (Crédits : Reuters / Caroline Chia)
La guerre des mots s'est installée entre Washington et Pékin sur la fin de l'indépendance de Taïwan. La Chine a le projet de rattacher l'île à son territoire, pour l'instant de manière "pacifique", tout en faisant poindre la menace "d'autres options" également sur la table. Chaque année, des milliards de dollars d'échanges maritimes transitent par cette région stratégique.

Pékin enfonce le clou. Après avoir menacé la veille les Etats-Unis de déclencher une guerre "si on ose séparer Taïwan de la Chine", le même ministre de la Défense a annoncé ce dimanche que le pays comptait se "battre jusqu'au bout" pour empêcher l'indépendance de l'île.

La Chine estime que cette île de 24 millions d'habitants est l'une de ses provinces historiques qu'elle entend reprendre par la force si nécessaire. La mer qui l'entoure constitue un autre point chaud majeur. Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer riche en ressources, par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars d'échanges maritimes.

"Nous allons nous battre à tout prix et nous allons nous battre jusqu'au bout. C'est le seul choix possible pour la Chine", a affirmé Wei Fenghe, sur un ton offensif, lors du forum de sécurité "Dialogue de Shangri-La" à Singapour.

"Ceux qui poursuivent l'indépendance de Taïwan dans le but de diviser la Chine n'arriveront certainement pas à leurs fins", a-t-il déclaré. "Personne ne devrait jamais sous-estimer la détermination et la capacité des forces armées chinoises à sauvegarder son intégrité territoriale".

Cette déclaration sonne comme une réplique à celle, la veille, du ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, qui avait dénoncé l'activité militaire "provocatrice et déstabilisante" de Pékin.

Vers la "réunification"

Aussi, les intentions de la seconde économie mondiale sont claires. Le gouvernement chinois souhaite une "réunification pacifique" avec Taïwan mais se réservait "d'autres options", a déclaré le ministre de la Défense.

M. Wei a exhorté Washington à "cesser de dénigrer et de contenir la Chine (...) à cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures de la Chine et à cesser de nuire aux intérêts de la Chine".

Mais il s'est également montré plus conciliant, appelant à une relation sino-américaine "stable", qui, selon lui, est "vitale pour la paix mondiale".

Le président Joe Biden, lors d'une visite au Japon le mois dernier, a semblé rompre avec des décennies de politique américaine lorsque, en réponse à une question, il a déclaré que Washington défendrait militairement Taïwan si elle était attaquée par la Chine.

Taipei tente de calmer le jeu

Taïwan, qui dispose d'un gouvernement démocratique, vit sous la menace constante d'une invasion par la Chine autoritaire, qui considère l'île comme une partie de son territoire et qui veut la reprendre un jour, par la force si nécessaire.

Dimanche, le Premier ministre taïwanais Su Tseng-chang a, lui, encore tenté de calmer le jeu. "Tant qu'il y a égalité, réciprocité et aucune condition politique préalable, nous sommes prêts à engager un dialogue avec la Chine en faisant preuve de bonne volonté", a-t-il dit, réaffirmant une position que la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a maintes fois exprimée en public.

"Taïwan ne veut pas fermer la porte à la Chine. C'est la Chine qui a utilisé divers moyens pour opprimer et traiter Taïwan de manière déraisonnable", a ajouté Su Tseng-chan.

Mais les incursions sans précédent d'avions militaires chinois dans la zone défense aérienne taïwanaise ont fait monter la pression ces derniers mois.

La Chine refuse de discuter avec Tsai Ing-wen depuis sa première élection en 2016, la considérant comme une séparatiste qui a refusé d'accepter que la Chine et Taïwan fassent partie d'"une seule Chine".

Les deux Corées

M. Wei a insisté dimanche sur le fait que la Chine respectait la liberté de navigation et s'en est pris de manière voilée à Washington.

"Une certaine grande puissance a longtemps pratiqué l'hégémonie de la navigation sous le prétexte de la liberté de navigation", a-t-il déclaré.

M. Wei a déclaré que la Chine, principal allié de la Corée du Nord, souhaitait la paix dans la péninsule coréenne après une récente série d'essais d'armement.

"La clé pour (résoudre) le problème maintenant est de prêter attention aux intérêts en matière de sécurité de toutes les parties et de les satisfaire", a-t-il déclaré.

S'exprimant dimanche au sommet, le ministre sud-coréen de la Défense, Lee Jong-sup, a déclaré que Séoul renforcerait ses capacités de défense et collaborerait avec les Etats-Unis face à la menace du Nord.

(Avec agences)

Lire aussi 3 mnPékin prévient les Etats-Unis : « Si on ose séparer Taïwan de la Chine, l'armée chinoise déclenchera une guerre, quel qu'en soit le prix »