Trois jours après la reconduction de Xi Jinping, le yuan dégringole face au dollar

Par latribune.fr  |   |  615  mots
Le yuan onshore, c'est à dire le yuan qui s'échange sur le marché intérieur chinois, a atteint son plus bas niveau depuis 15 ans. (Crédits : THOMAS WHITE)
Le yuan onshore (qui s'échange sur le marché intérieur chinois) est tombé à 7,3084 yuans pour un dollar (-0,6%), son plus bas niveau depuis décembre 2007 tandis que le yuan offshore (qui circule en dehors de Chine continentale) a chuté jusqu'à 7,3735 yuans pour un dollar. Cette dégringolade est liée au resserrement monétaire américain qui pousse les investisseurs à se ruer sur le billet vert ainsi qu'à la reconduction de Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois, qui laisse planer le risque d'une poursuite de sa politique « zéro covid ».

« Nous avons créé deux miracles : un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme.» C'est en ces termes que Xi Jinping a salué sa reconduction pour un troisième mandat historique à la tête du Parti communiste chinois. Pour autant, la stabilité monétaire semble, elle, remise en question actuellement. En témoigne, la chute de la devise nationale. Le yuan onshore, c'est à dire le yuan qui s'échange sur le marché intérieur chinois, est tombé à 7,3084 yuans pour un dollar (-0,6%), son plus bas niveau depuis décembre 2007, s'approchant du seuil limite de négociation autorisé par la banque centrale chinoise pour la journée.

Même constat pour le yuan offshore, qui circule en dehors de Chine continentale et qui est échangé de manière plus libre que sur le marché intérieur. Il a chuté jusqu'à 7,3735 yuans pour un dollar. Il s'agit du plus faible niveau depuis que les chambres de compensation de Hong Kong ont reçu le feu vert pour ouvrir librement des comptes en monnaie chinoise en 2010.

En conséquence, les Bourses chinoises ont plongé lundi, Hong Kong dévissant de plus de 6%, Shanghai et Shenzhen de plus de 2%.

Resserrement monétaire américain

Plusieurs raisons expliquent cette dégringolade. Le Yuan est d'abord victime de la politique monétaire des Etats-Unis. Depuis plusieurs mois, la Réserve fédérale américaine (Fed) a opéré un resserrement qui se traduit par des hausses de taux dans le but de freiner la consommation et donc la demande, et ainsi espérer faire repartir à la baisse l'inflation. Ces relèvements successifs ont eu pour effet de pousser les investisseurs à se ruer sur le dollar, qui apparaît plus que jamais comme une valeur refuge, au détriment des autres devises comme le yuan. Mais aussi l'euro. Porté par le dynamisme de l'économie américaine et la politique de la Fed plus agressive que la Banque centrale européenne, le dollar est au sommet et à parité avec la devise européenne, ce qui n'a plus été vu depuis quinze ans.

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Politique « zero covid »

Dans le cas de la Chine, les raisons de la chute du yuan se trouvent aussi dans l'inquiétude suscitée par la reconduction de Xi Jinping. Celle-ci préoccupe particulièrement les investisseurs car le président chinois a décidé de confier les postes économiques clés à ses alliés partisans de la politique « zéro Covid », rendue responsable de la chute brutale de la croissance de la deuxième économie mondiale.

Rien que pour la Chine, le Produit intérieur brut (PIB) du pays avait connu un coup d'arrêt au deuxième trimestre avec seulement 0,4% de progression sur un an, sa pire performance depuis 2020, après 4,8% au premier trimestre. Car cette politique de lutte contre l'épidémie entraîne fréquemment la fermeture inopinée d'entreprises et d'usines, pénalisant activités et déplacements, et pesant lourdement sur la consommation des ménages.

Pour autant, lundi, la Chine a publié des chiffres plutôt encourageants. Au troisième trimestre, son PIB a en effet connu une croissance de 3,9% sur un an, selon les données officielles, dépassant les prévisions des analystes. Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine - éminemment politique - n'en reste pas moins très scruté compte tenu du poids du pays en tant que deuxième économie mondiale. Un groupe de 12 experts interrogés par l'AFP tablait en moyenne sur une hausse de 2,5% sur un an du PIB sur la période juillet-septembre.

(Avec AFP)