Trump conditionne les droits de douane sur l'acier à un accord "juste" sur l'Aléna

Par latribune.fr  |   |  741  mots
Le projet de taxation des importations américaines d'acier et d'aluminium annoncé par Donald Trump s'est invité lundi dans la renégociation sur l'accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec le Canada et le Mexique. (Crédits : KEVIN LAMARQUE)
Donald Trump a adopté une position dure sur le commerce en exigeant un accord de libre-échange "juste" avec le Mexique et le Canada, en échange de tout assouplissement de taxes à venir sur les importations d'acier et d'aluminium. Si les négociations pour réviser l'Aléna se sont achevées hier à Mexico, sans avancée notoire, le président américain et le Premier ministre canadien Justin Trudeau ont convenu de l’importance de mener à bien ces pourparlers.

Donald Trump serait-il déjà prêt à faire marche arrière sur son projet d'imposer des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium aux États-Unis ? Si le président américain estime qu'il "ne lâchera rien", il a en tout cas laissé entendre lundi, sur Twitter, qu'il pourrait assouplir sa position s'il obtenait un accord "juste" sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), dont les négociations se sont achevées hier à Mexico, sans avancée notoire.

"Nous avons de grands déficits avec le Mexique et le Canada. L'Aléna, qui est en cours de renégociation en ce moment même, a été un mauvais accord pour les États-Unis. (...) Les taxes sur l'acier et l'aluminium seront retirées uniquement si un nouvel accord juste de l'Aléna est signé. Et si nous ne trouvons pas d'accord, je mettrais fin à l'Aléna."

Le cabinet du chef du gouvernement canadien indique que Justin Trudeau a appelé Donald Trump pour lui dire que des droits de douane seraient un obstacle aux discussions en cours pour réviser l'Aléna. Au téléphone, le Premier ministre canadien "a défendu bec et ongles" les entreprises canadiennes et leurs salariés, indique ce même cabinet. La conversation a été constructive, ajoute-il aussi.

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Le Canada et le Mexique exemptés comme en 2002 ?

Le week-end dernier, le ministre du Commerce Wilbur Ross et le conseiller du président pour le Commerce Peter Navarro ont pourtant déclaré qu'ils ne s'attendaient pas à ce que des pays soient exemptés de ces taxes, comme cela avait été le cas en 2002 pour le Canada et le Mexique, lorsque George W. Bush avait également décidé de taxes sur l'acier (jusqu'à 30% !) pour sauver la sidérurgie américaine. L'Allemagne, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, la France, le Japon, les Pays-Bas ou encore la Russie étaient alors particulièrement visés.

Toutefois, Peter Navarro a évoqué la possibilité d'exemptions pour "des cas particuliers", en d'autres termes, certaines entreprises ou produits, en indiquant que la décision devrait être officialisée cette semaine ou en début de semaine prochaine.

L'Aléna dans la balance

Entré en vigueur en 1994, l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avait justement pour but d'éliminer la plupart des droits de douane entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, afin de stimuler les échanges entre eux. Donald Trump, qui a imposé la renégociation de l'Aléna deux jours seulement après son investiture, a maintes fois menacé de se retirer purement et simplement de cet accord, qu'il juge responsable de pertes d'emplois aux États-Unis et de délocalisations de nombreuses entreprises américaines au Mexique, en particulier du secteur automobile.

À raison, mais ce secteur fait figure d'exception d'après un article du Monde : le déficit commercial américain dans ce domaine est passé de 24 milliards à 64 milliards. Désormais, une voiture sur cinq de la zone est fabriquée au Mexique, et le secteur automobile représente 21% des exportations mexicaines vers les États-Unis selon ProMexico, l'agence de promotion du Mexique.

Mais la situation avec le Canada, son premier partenaire commercial, est radicalement différente.

"Le Canada doit bien mieux traiter nos agriculteurs. Très restrictif", a pourtant martelé lundi Donald Trump qui s'en est souvent pris à son voisin du nord notamment sur sa production de lait.


Le Canada, principal fournisseur d'acier

S'agissant de l'acier, les États-Unis sont les plus gros importateurs d'acier au monde et le Canada est leur principal fournisseur (16% des importations) devant le Brésil (13%) et la Corée du Sud (10%).

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait, dès jeudi, jugé qu'une taxation des importations d'acier canadien "serait inacceptable", soulignant que "les États-Unis ont un surplus de deux milliards de dollars avec le Canada dans le secteur de l'acier".

En cas de taxation, le Canada prendra "des mesures pour défendre nos intérêts commerciaux et nos ouvriers", a menacé à Mexico la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland.

La balance commerciale est globalement équilibrée entre les États-Unis et le Canada, a maintes fois souligné la ministre.

En 2016, les États-Unis avaient même un excédent commercial de 8 milliards de dollars avec Ottawa. De janvier à septembre 2017, celui-ci est de l'ordre de 3 milliards.

(Avec AFP et Reuters)