Trump critique ouvertement la Fed, le dollar fléchit

Par latribune.fr  |   |  919  mots
(Crédits : Reuters)
Le président américain Donald Trump s'en est pris ouvertement sur la chaîne CNBC à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, présidée par Jérôme Powell, jugeant que le dollar est très fort et que les hausses successives des taux d'intérêt pourraient nuire à l'économie américaine. En réaction à ces propos, le dollar a perdu du terrain face à l'euro en cours de séance, le 19 juillet.

(article publié le 20 juillet à 9h57, mis à jour à 15h15 avec les tweets accusateurs de Trump sur l'Union européenne et la Chine qui "manipulent" leurs monnaies)

Et voilà maintenant que Donald Trump s'en prend à la Fed, fait rarissime pour un président américain en exercice. Dans un entretien à la chaîne financière CNBC, devant être diffusé en intégralité ce 20 juillet outre-Atlantique, le locataire de la Maison Blanche a surpris les marchés en affirmant n'être "pas content" de la politique monétaire menée par la Fed, qui relève progressivement les taux d'intérêt, contribuant ainsi à la hausse du dollar.

En effet, depuis sa prise de fonction en début d'année, le président de l'institution Jerome Powell, un républicain modéré respecté, d'ailleurs nommé à la surprise générale par Donald Trump, a poursuivi la politique de sa précédecesseure Janet Yellen en augmentant les taux deux fois. Et la Fed devrait relever graduellement son taux directeur à nouveau à deux reprises avant le 31 décembre, pour le situer à près de 2,50% au lieu de 2% aujourd'hui.

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"J'ai placé un homme très bien à la tête de la Fed. Mais je n'approuve pas forcément ses choix (...) Parce que nous sommes en croissance, ils veulent relever encore les taux d'intérêt. Je ne suis pas content de cela, mais en même temps, je les laisse faire ce qu'ils estiment être le mieux (...) Regardez l'euro (...) il tombe ! La Chine : leur monnaie est en chute libre. Cela nous met dans une position désavantageuse"

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Maîtriser l'inflation

La Banque centrale entend maîtriser l'inflation et éviter une surchauffe après le stimulus budgétaire massif décidé par l'administration Trump et alors que le marché de l'emploi est très étroit, favorisant la hausse des prix. Mais en relevant le taux de l'argent au jour le jour que les banques se prêtent entre elles, ce resserrement monétaire renchérit le coût du crédit pour les consommateurs et entrepreneurs, ce qui n'est pas du goût de l'administration.

Interrogée lors de sa première conférence de presse en mars sur fait de savoir s'il craignait d'éventuelles futures pressions de la Maison Blanche sur la direction de la politique monétaire, le nouveau patron de la Fed avait répondu : "Non, cela ne me tient éveillé la nuit. Vous pouvez compter sur nous pour rester focalisés sur notre tâche".

Le dollar plombé par les propos de Trump

Par ces commentaires, Donald Trump a une fois de plus rompu avec la tradition qui veut que le président respecte l'indépendance des décisions de la Réserve fédérale. Il est, en effet, rarissime qu'un président s'en prenne ainsi ouvertement aux choix de la Fed.

Ses critiques sur les hausses des taux et le niveau élevé du dollar ont pesé sur le billet vert, tandis que le yuan est tombé dans la nuit du 19 juillet à son plus bas depuis plus d'un an. Dans le détail, le dollar s'est replié en cours de séance le 19 juillet. Vers 19h00 GMT (21h à Paris), la monnaie unique européenne valait 1,1646 dollar, contre 1,1639 dollar le jour d'avant, vers 21H00 GMT.

La devise européenne reculait également légèrement face à la monnaie nipponne à 130,94 yens pour un euro contre 131,34 yens mercredi soir. Et le dollar baissait face au yen à 112,43 yens pour un dollar contre 112,86 yens mercredi soir.

Pour Omer Esiner, de Commonwealth Foreigh Exchange, le dollar a surtout pâti des commentaires de Donald Trump "suggérant qu'il voit la force du dollar face à l'euro et à la monnaie chinoise comme un désavantage majeur pour l'économie américaine", a-t-il ajouté en soulignant que le président, tout comme son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, ont déjà loué les mérites d'un dollar plus faible.

"Tout autre signal suggérant que l'administration considère le dollar comme une arme dans son arsenal de guerre commerciale pourrait nettement affecter la performance (du billet vert) à l'avenir", a noté M. Esiner.

Sur Twitter, Trump accuse l'Union européenne et la Chine de manipuler leurs monnaies

Plus tard dans la journée, Donald Trump a accusé, sur Twitter, l'UE et la Chine de manipuler leur monnaie et critique la Banque centrale américaine pour l'augmentation du coût du crédit.

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"La Chine, l'Union européenne et les autres manipulent leur monnaie en baissant leurs taux d'intérêt, alors que les Etats-Unis augmentent leurs taux, avec un dollar devenant de plus en plus fort, ce qui dégrade notre compétitivité", a-t-il déclaré dans un premier tweet. "Comme d'habitude, ce n'est pas juste", a-t-il ajouté.

Dans un second tweet, le président américain a estimé que "les États-Unis ne devraient pas être pénalisés parce qu'ils vont très bien". "Resserrer (la politique monétaire) fait du tort désormais à tout ce que nous avons fait".

(avec agences)