Turquie : Erdogan demande à l'Occident de "se mêler de ses affaires"

Par latribune.fr  |   |  573  mots
"L'attitude de beaucoup de pays et de leurs représentants sur la tentative de coup d'Etat en Turquie est une honte", a déclaré le président turc devant des centaines de partisans réunis à Ankara.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté avec véhémence vendredi les critiques occidentales contre les purges en cours au sein de l'armée et d'autres institutions dans la foulée du putsch manqué du 15 juillet, laissant entendre que certains, aux Etats-Unis, se rangeaient au côté des comploteurs.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi l'Union européenne et les Etats-Unis à "se mêler de leurs affaires", après les critiques des Occidentaux contre les vastes purges qui ont suivi le coup d'Etat raté du 15 juillet.

"Certains nous donnent des conseils. Ils se disent inquiets. Mêlez-vous de vos affaires!" a déclaré M. Erdogan depuis le palais présidentiel à Ankara.

Le chef de l'Etat turc a par ailleurs regretté qu'aucun représentant occidental ne soit venu en Turquie après le coup d'Etat.

"Ces pays dont les leaders ne sont pas inquiets pour la démocratie turque, ni pour la vie de nos citoyens et leur avenir alors qu'ils sont tellement préoccupés par le sort des putschistes, ne peuvent pas être nos amis", a-t-il ajouté.

Purges massives

Plus de 18.000 personnes ont été placées en détention depuis l'échec du putsch, et, sur ce nombre, on en recense 9.677 en état d'arrestation, qui attendent de passer en jugement. En outre, 50.000 passeports ont été confisqués. Le ministère du Travail dit quant à lui enquêter sur les agissements de 1.300 de ses agents, possiblement impliqués dans le putsch. Plus de 130 médias ont également été fermés.

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Les purges visent les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis et accusé par le pouvoir turc d'être l'instigateur des événements du 15 juillet. Recep Tayyip Erdogan assure que les partisans de Gülen ont infiltré l'Etat à différents niveaux (établissements scolaires, organismes de charité et entreprises) afin de créer un "Etat parallèle" visant à prendre le contrôle du pays.

Les pays occidentaux ont condamné le coup de force, dans lequel 246 personnes ont perdu la vie et plus de 2.000 autres ont été blessées. L'Union européenne a également mis en garde implicitement la Turquie contre un gel des négociations d'adhésion du pays à l'UE si les poursuites contre les putschistes ne se font pas dans le respect de l'Etat de droit.

Réorganisation de l'armée turque, inquiétude aux Etats-Unis

La Turquie a entrepris de réorganiser son armée à la suite du putsch manqué. Près de 1.700 militaires, dont 40% de généraux et amiraux, ont été congédiés pour conduite déshonorante. Les principaux responsables de l'état-major eux sont maintenus à leur poste.

Mais selon le directeur américain du Renseignement James Clapper, la purge effectuée en Turquie a écarté de nombreux officiers avec lesquels Washington était en contact.

"Cela a un impact, parce que (la purge) a affecté tous les segments de l'appareil de sécurité nationale en Turquie", a dit James Clapper jeudi soir. "Beaucoup de nos interlocuteurs ont été arrêtés. Il ne fait pas de doute que cela va rendre la coopération plus difficile avec les Turcs."

S'exprimant vendredi au QG des forces spéciales à Ankara, qui a été fortement endommagé par les combats le soir du putsch, Recep Tayyip Erdogan a condamné les propos des Américains.

"Au lieu de remercier notre pays pour avoir repoussé une tentative de putsch, vous prenez le parti des comploteurs. Le putschiste est déjà dans votre pays", a dit le chef de l'Etat en faisant allusion à Gülen, qui nie toute implication dans le coup de force et vit en exil en Pennsylvanie depuis 1999.

(Avec AFP et Reuters)