Ukraine : Le spectre du défaut de paiement plane sur la Russie, un conseiller de Zelenski prédit un accord de paix début mai

Par latribune.fr  |   |  678  mots
La banque centrale russe à Moscou. (Crédits : MAXIM SHEMETOV)
Plus les semaines de conflit passent, plus Moscou se trouve confronté au risque d'étranglement de son système financier. De quoi ralentir ses financements vers la campagne militaire que le Kremlin mène depuis le 24 février en Ukraine ? Vladimir Poutine déploie en tout cas un éventail de contre-mesures pour soutenir l'économie russe. Mais pour un proche du président ukrainien, le conflit pourrait se finir d'ici quelques semaines et déboucher sur des combats tactiques localisés pendant un an.

Jusqu'à quand la Russie de Vladimir Poutine peut-elle tenir, plombée par des sanctions économiques, dont la liste ne cesse de s'allonger de jour en en jour en réaction à l'invasion de l'Ukraine ? Pour un conseiller du président ukrainien Volodimir Zelenski, Moscou ne pourra tenir quelques semaines. « Je pense que dès le mois de mai, le début du mois de mai, nous devrions parvenir à un accord de paix, peut-être beaucoup plus tôt, nous verrons », a ainsi affirmé Oleksi Arestovitch qui ne prend pas part aux pourparlers qui se tiennent entre les deux Etats et qui n'ont pour l'instant abouti qu'à l'ouverture partielle de couloirs pour l'évacuation de civils des zones de combat.

Tandis que ce conseiller proche du président ukrainien pronostique un accord de paix d'ici 6 à 7 semaines, dans le même temps, la Russie fait actuellement face au spectre du défaut de paiement.

Dans une vidéo diffusée par plusieurs médias ukrainiens, Oleksi Arestovitch a en effet précisé que la date exacte de fin de la guerre dépendrait des ressources que le Kremlin souhaitait dédier à ce que ce dernier décrit officiellement comme "une opération militaire spéciale". Toujours selon ce conseiller cité par l'agence Reuters, même si un accord de paix était trouvé, quelques combats tactiques pourraient continuer pendant un an, bien que l'Ukraine insiste pour un retrait complet des forces russes de son territoire.

L'effondrement du rouble pèse

De fait, alors que les Occidentaux ont gelé tous les avoirs étrangers détenus par la banque centrale russe, la Russie se verrait dans l'incapacité de rembourser sa dette intérieure sur les marchés. Après le blocage des paiements de certaines banques russes via la messagerie interbancaire Swift, seules les recettes des ventes d'hydrocarbures restent accessibles. Mais là aussi, selon l'agence Fitch, il est « probable » que 28 sociétés russes - dont Gazprom - liées à l'exploitation des ressources naturelles n'honorent pas leurs engagements financiers. En cause, l'effondrement du rouble qui entraine avec lui les créances de milliers d'entreprises russes.

Dès lors, un défaut de paiement coupe automatiquement un État des marchés financiers et compromet son retour pour des années. Cette exclusion, la Russie l'a déjà connu et l'a même vécu comme une humiliation en 1998, premier défaut souverain sur sa dette intérieure. Il a fallu attendre douze ans pour que la Russie puisse revenir emprunter sur les marchés internationaux, avec une nouvelle émission obligataire en 2011.

"C'est une situation unique dans laquelle la partie qui impose les sanctions décidera d'un défaut de la Russie en 2022", a estimé lundi Elina Ribakova, cheffe économiste adjointe de l'Institut international de la Finance (IIF) interrogé par l'AFP.

Elle note qu'"à moins que le trésor américain ne permette de débloquer une partie des 300 milliards de dollars d'actifs gelés de la Russie pour payer moins de 20 milliards de dollars en avoirs étrangers d'euro-obligations russes, nous verrons probablement un défaut".

Mais un certain flou demeure autour de la première échéance de paiement du 16 mars, la situation étant inédite. Les analystes de JPMorgan estiment eux que ces paiements devraient être possibles.

Le Trésor américain précise d'ailleurs que le paiement des intérêts est possible jusqu'au 25 mai 2022, pour les personnes américaines, sur les obligations émises avant le 1er mars 2022 par la Banque centrale de Russie, un fonds souverain russe, ou le ministère des Finances. Après cette date, il leur faudra une autorisation pour continuer à recevoir ces paiements.

Face à l'effondrement du rouble, l'administration de Vladimir Poutine déploie une politique de soutien tous azimuts pour tenter de défendre les intérêts russes. Le Kremlin a ainsi décidé d'une série de mesures visant à soutenir le rouble, tel le remboursement de créances en rouble ou encore l'achat d'or défiscalisé.

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(Avec agences)