Vaccins anti-Covid, effets secondaires, contagiosité : trois questions qui resurgissent avec Omicron

Par latribune.fr  |   |  1201  mots
A ce stade, Omicron est présent dans une trentaine de pays sur tous les continents. (Crédits : DADO RUVIC)
Alors que le dernier variant détecté en Afrique du Sud inquiète le monde, il suscite également des interrogations, et avec elles, des informations plus ou moins erronées qui circulent. En effet, jusqu'ici de nombreuses inconnues demeurent : quel est le niveau de contagiosité d'Omicron ? Les vaccins sont-ils efficaces contre ce nouveau variant ? Explications.

La France n'échappe pas au nouveau variant du coronavirus, Omicron, recensé désormais auprès de neuf personnes dans l'Hexagone,  selon le dernier bilan actualisé vendredi matin par le ministère de la Santé. Aussi, un nouveau Conseil de défense sanitaire aura lieu lundi pour "voir s'il y a lieu de prendre des mesures complémentaires", a annoncé jeudi le Premier ministre Jean Castex.

A l'origine, Omicron a été repéré en novembre au Botswana et en Afrique du Sud, qui en a fait l'annonce le 25 novembre. A ce stade, il est présent dans une trentaine de pays sur tous les continents. Aux Etats-Unis, cinq cas du variant Omicron ont été confirmés jeudi dans l'Etat de New York, un en Californie, un dans le Minnesota et un à Hawaï, portant à dix le total de cas confirmés pour l'instant dans le pays. L'Australie a pour sa part annoncé vendredi avoir détecté, à Sydney, un premier cas de variant Omicron chez un étudiant n'ayant pas voyagé à l'étranger.

Sur le papier, le nombre inédit de mutations qu'il comporte laisse craindre qu'il soit plus transmissible et plus résistant aux vaccins. Mais que sait-on réellement de ce variant ?

Quel est son niveau de contagiosité ?

Dès l'annonce, Omicron a été classé "préoccupant" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les inquiétudes sont pour le moment théoriques : elles viennent d'une part des caractéristiques génétiques d'Omicron, et de l'autre, de ce qui est observé en Afrique du Sud. L'OMS juge toutefois "élevée" la "probabilité qu'Omicron se répande au niveau mondial". En effet, le nombre de cas et la part attribuée à ce variant augmentent très rapidement dans la province sud-africaine de Gauteng (qui comprend Johannesburg), où il a d'abord été détecté. Néanmoins, Il faudra "plusieurs semaines" pour mieux comprendre ce nouveau variant et savoir s'il est plus transmissible, plus dangereux et plus résistant aux vaccins, a souligné l'organisation.

Une étude de scientifiques sud-africains, elle, est plus affirmative sur le niveau de contagiosité du nouveau variant. Le risque d'attraper une nouvelle fois le Covid-19 est trois fois supérieur avec le variant Omicron qu'avec les variants Beta et Delta, estime-t-elle. Et pour cause, en Afrique du Sud, où a été annoncée l'identification du variant Omicron la semaine dernière, les autorités ont décrit une propagation "exponentielle" du virus. Le nouveau variant y est déjà dominant.

De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), basé à Stockholm, a estimé le 2 décembre qu'Omicron "pourrait causer plus de la moitié des infections provoquées par le virus SARS-CoV-2 dans l'Union européenne d'ici les tous prochains mois".

Les vaccins sont-ils efficaces contre Omicron ?

S'il est trop tôt pour dire si ce variant réduira l'efficacité des vaccins, on peut toutefois le craindre. Du point de vue génétique, il possède un nombre de mutations inédit, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d'entrée du virus dans l'organisme.

En se fondant sur l'expérience des précédents variants, on sait que certaines de ces mutations peuvent être associées à une plus grande transmissibilité et à une baisse d'efficacité des vaccins. "Si on se base sur la génétique, c'est quelque chose de très particulier qui peut être inquiétant, mais on n'en est là, c'est tout", a expliqué jeudi à l'AFP Vincent Enouf, du Centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur à Paris.

Mais même si l'efficacité des vaccins est réduite face à Omicron, cela ne veut pas dire qu'ils ne seront plus efficaces du tout. Car les anticorps ne sont qu'un des volets de la réponse immunitaire, qui passe aussi par des cellules appelées lymphocytes T. Plus difficile à mesurer, cette "immunité cellulaire" joue également un rôle très important, en particulier contre les formes graves de la maladie. "On pense que la réponse cellulaire sera en partie efficace contre Omicron", estime le professeur Jean-Francois Delfraissy.

Du côté des laboratoires, Moderna, AstraZeneca, Pfizer/BioNTech et Novavax, se sont dits confiants dans leur capacité à créer un nouveau vaccin contre Omicron. La Russie a, elle aussi, annoncé travailler sur une version de son Spoutnik V ciblant spécifiquement ce variant.

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Les vaccins sont-ils dangereux ?

Sur la question de l'efficacité ou de la dangerosité des vaccins, la désinformation a gangréné le monde entier. Les infox, principalement relayées par les réseaux sociaux, alimentent la méfiance des citoyens. Leur axe principal ? Exagérer ou inventer les effets indésirables pour faire croire que les vaccins sont plus dangereux que le Covid-19. L'une des principales sources qui alimentent ces "fake news" sont les chiffres de pharmacovigilance. Ces registres -publics en général- recensent des effets indésirables survenus chez des personnes vaccinées mais sans que soit établi de lien de cause à effet. Ainsi le décès d'une personne vaccinée peut être signalé sans qu'il n'y ait de lien autre que chronologique.

De fait, seulement dans de très rares cas, les autorités sanitaires ont estimé possible un lien de cause à effet (myocardites et péricardites, thromboses atypiques par exemple). Ainsi, les injections du vaccin d'AstraZeneca/Oxford ont été suspendues dans de nombreux pays en mars, à cause de très rares cas de thromboses. Si une poignée de pays, comme le Danemark et la Norvège, l'ont définitivement abandonné, la plupart ont rapidement repris les injections, en les limitant aux personnes les plus âgées. Mais après la polémique, ce vaccin a été massivement boudé dans beaucoup de pays. Le vaccin de Johnson & Johnson a connu une polémique similaire. Les vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna ont eux été associés à un risque accru de myocardite, une inflammation du muscle cardiaque. Celui de Moderna a d'ailleurs été déconseillé pour les jeunes adultes dans plusieurs pays.

Cependant, le bénéfice/risque reste largement favorable aux vaccins.

Parmi les fausses informations relayées, il existe une théorie selon laquelle les vaccins à ARN messager modifierait le génome. Or, c'est impossible puisque l'ARN messager du vaccin ne va pas jusqu'au noyau de la cellule, où se trouve l'ADN. Autre exemple en Guadeloupe, où l'opposition aux vaccins est virulente et le taux de vaccinés bien plus faible qu'en métropole, le décès du musicien Jacob Desvarieux, du groupe Kassav, mort à 65 ans fin juillet du Covid alors qu'il était vacciné a lui aussi alimenté la suspicion. Une pétition diffusée sur Facebook affirmait que "le vaccin que vous souhaitez nous imposer par tous les moyens ne protège pas (...) et pourrait même dans certains cas aggraver la santé"... sans préciser que le musicien présentait une fragilité depuis une greffe rénale...

(Avec AFP)

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