Venezuela : le gouvernement "décrète" l'occupation d'une usine américaine

Par latribune.fr  |   |  598  mots
Des employés de Kimberly-Clark se regroupent devant l'usine, dimanche 10 juillet, au lendemain de l'annonce de cessation d'activité.
Confrontée à un "manque de devises" pour acheter les matières premières, l'entreprise Kimberly-Clark, qui fabrique notamment du papier toilette, avait annoncé samedi la cessation de ses activités à Maracay. Le président du pays Nicolas Maduro a par ailleurs annoncé que la banque américaine Citibank allait fermer le compte de la banque centrale vénézuélienne.

"Usine fermée, usine prise par les travailleurs." La mise en garde prononcée voilà deux mois par le président Nicolas Maduro a pris corps, lundi. Le gouvernement vénézuélien a ainsi ordonné l'occupation de l'usine de l'entreprise américaine Kimberly-Clark, qui avait arrêté sa production d'articles d'hygiène -papier toilette et couches notamment- en raison de la détérioration des conditions économiques locales.

Cette mesure d'occupation a été annoncée publiquement par le ministre du Travail Oswaldo Vera à l'usine Kimberly-Clark de Maracay, ville située à une centaine de kilomètres à l'ouest de la capitale Caracas. Le ministre a assuré que le gouvernement répondait à une demande présentée par les employés de l'usine.

"Nous décrétons l'occupation immédiate de l'entreprise Kimberly-Clark Venezuela par les travailleurs", a déclaré Oswaldo Vera, qui a signé un document à cet effet sous les vivats du personnel. Le ministre a ordonné le redémarrage des machines. "A partir d'aujourd'hui, Kimberly-Clark rouvre ses portes et reprend sa production", a-t-il annoncé.

Manque de devises et inflation

Kimberly-Clark a annoncé samedi qu'elle cessait ses activités au Venezuela en raison d'un "manque de devises" pour acheter les matières premières. Elle a aussi souligné "l'augmentation rapide de l'inflation", qui a été de 180,9% en 2015 et que le Fonds monétaire international (FMI) évalue pour 2016 à 720%. Cette décision intervient dans un contexte de grave crise économique depuis la chute des cours du pétrole. Près de 80% des produits de première nécessité sont désormais quasi-introuvables, selon des organismes privés.

Installée au Venezuela depuis plus de 20 ans, l'entreprise a déclaré que les conditions actuelles rendaient "impossible" le fonctionnement de son usine de Maracay mais que "si les conditions changeaient", elle étudierait "la viabilité" d'une reprise de ses activités au Venezuela.

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Lundi, l'entreprise a réagi dans un communiqué à l'occupation de son usine. "Si le gouvernement vénézuélien prend le contrôle de Kimberly-Clark et de son activité, il sera responsable" du personnel et des installations, a-t-elle déclaré.

Plusieurs autres firmes internationales installées au Venezuela ont elles aussi suspendu leurs activités ces derniers temps, brièvement ou pour une durée indéfinie. Coca Cola a stoppé en mai une grande partie de sa production locale par manque de sucre. Les groupes américains Kraft Heinz et Clorox ont également arrêté leurs activités.

Citibank va fermer le compte du Venezuela

Nicolas Maduro a par ailleurs affirmé lundi que la banque américaine Citibank avait fait savoir qu'elle allait fermer le compte que la banque centrale du Venezuela utilise pour ses paiements internationaux.

Dans une intervention radio-télévisée, le président vénézuélien a déclaré que le Venezuela était la cible d'un "blocus financier". Il a affirmé que Citibank avait indiqué qu'elle procéderait dans un mois à la fermeture de ce compte de la Banque centrale du Venezuela (BCV). Avant d'ajouter que la mesure concernait aussi une autre banque de l'Etat vénézuélien, Banco de Venezuela (BDV).

Citibank "dit que d'ici trente jours elle va fermer le compte de la Banque centrale et de Banco de Venezuela. Cela s'appelle un blocus financier", a déclaré le président.

Nicolas Maduro avait déjà déclaré dans le passé que le Venezuela, qui vit une grave crise économique, était la cible d'un "boycott financier" visant à lui interdire l'accès aux financements internationaux.

(Avec AFP)