Abstention record : "C'est un échec", selon Castaner (LREM)

Par latribune.fr  |   |  807  mots
Le nouveau gouvernement ne prend pas à la légère l'abstention record à ce premier tour des législatives, bien qu'elle s'inscrive dans une tendance à l'effritement de la participation depuis l'inversion du calendrier électoral en 2002. "C'est notre responsabilité gouvernementale, celle du président, celle du Premier ministre, de redonner confiance dans l'élection", a notamment déclaré le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.
LREM a réalisé hier une performance historique, mais fragilisée par une abstention de plus de 51%. Évitant tout triomphalisme affiché, les représentants du parti d'Emmanuel Macron se montrent inquiets et axent une partie de leur discours sur la nécessité de "raccrocher cette France périphérique, cette France des oubliés", "ces 50% de Français en colère ou en attente".

Jamais de toute la Ve République (instituée en 1958, soit il y a près de soixante ans) la France n'avait connu une telle abstention à une élection législative : 51,29% en moyenne selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur - en clair, moins d'un électeur sur deux s'est déplacé dimanche pour voter.

Certes, d'élection en élection, la participation aux législatives n'a cessé de s'effriter (voir graphique Statista). Ce phénomène a débuté en 2002, année où a été appliquée pour la première fois l'inversion du calendrier électoral - les législatives ont été placées après la présidentielle : le taux d'abstention était alors de 35,58%...

Pourtant, eu égard au contexte si particulier de cette année 2017, ces chiffres ne sont pas pris à la légère, y compris par le grand gagnant du raz-de-marée électoral, le parti d'Emmanuel Macron, La République en Marche (LREM), qui s'achemine vers la majorité absolue à l'Assemblée nationale dimanche prochain.

| Lire : Législatives : une abstention record qui modifie la donne

Ainsi, lundi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner déclarait que cette abstention record qui a marqué le premier tour des élections législatives était "un échec" et que le gouvernement s'attacherait à apporter des "réponses au quotidien" aux Français qui ont ainsi exprimé leur défiance.

"C'est un échec de cette élection", a-t-il concédé sur France 2, ajoutant : "Il faut l'entendre, il faut redonner confiance."

Il insistait en appelant "tous les candidats, quel que soit leur parti politique, à se mobiliser pour donner envie" :

"C'est notre responsabilité gouvernementale, celle du président, celle du Premier ministre, de redonner confiance dans l'élection", a-t-il ajouté, affirmant que "l'exécutif apporterait des "réponses au quotidien".

Les élus néophytes de LREM recevront une formation politique

Christophe Castaner a assuré que la chambre orange qui se dessine ne serait pas une assemblée de "godillots" mais qu'elle contribuerait à la "cohérence" des réformes promises par le chef de l'Etat pour ne pas retomber dans les affres du mandat de François Hollande, entravé par les "frondeurs" socialistes. "Il n'y aura pas d'uniformité, par contre il faut de la cohérence, une fois qu'une décision politique est prise, elle doit être respectée", a dit Christophe Castaner, précisant que les nouveaux venus de LREM, souvent néophytes en politique, suivraient un séminaire à la suite des législatives.

"Il ne faut pas avoir peur de la discipline, mais ça ne veut pas dire que vous êtes godillots", a-t-il déclaré. "On ne veut pas une majorité pour être tranquilles, on veut une majorité pour réformer."

"Raccrocher cette France périphérique, cette France des oubliés"

Sur RTL, Benjamin Griveaux, porte-parole de LREM, a estimé que "le meilleur moyen pour raccrocher cette France périphérique, cette France des oubliés", était de "mettre en oeuvre rapidement les éléments sur le marché du travail, la réforme du travail, l'assurance-chômage et sur l'éducation."

Jean-Paul Delevoye, président de la commission d'investiture de LREM pour les élections légistatives, a mis en regard les électeurs "qui sont sur la réserve et qui s'interrogent" et eux qui ont envoyé "le message d'une extraordinaire mobilisation".

"Nous n'oublions pas les 50% de Français en colère..."

"Nous mesurons la responsabilité qui est la nôtre. Nous n'oublions pas les 23% du premier tour, les 50% des Français qui étaient en colère ou en attente. On n'oublie pas non plus les 50% de taux de participation, donc des Françaises et des Français qui sont sur la réserve et qui s'interrogent", a-t-il commenté sur Europe 1.

"Mais on a reçu aussi le message d'une extraordinaire mobilisation", a-t-il nuancé.

Des débats confisqués à l'Assemblée qui se déplaceraient "dans la rue"?

Jean-Paul Delevoye a lui aussi promis que le débat parlementaire ne serait pas muselé, comme s'en inquiètent Les Républicains et la gauche.

"Notre souci, c'est d'avoir des débats parlementaires, de nous enrichir de nos différences et de faire en sorte que ce ne soit pas un groupe godillot mais au contraire un groupe d'interpellation", a-t-il dit à propos des futurs élus LREM. "Nous allons redonner une culture du débat", a-t-il affirmé.

Sur Franceinfo, la candidate LR Nathalie Kosciusko-Morizet, fortement menacée par le candidat LREM dans la 2e circonscription de Paris, historiquement acquise à la droite, a dit craindre que le débat ne se déplace à l'avenir "dans la rue".

"C'est un problème, parce que si le débat n'a pas lieu dans l'assemblée, il a lieu dans la rue. Parce que ce n'est plus une assemblée s'il n'y a pas de débat, c'est une chambre d'enregistrement", a-t-elle estimé

(Avec Reuters)

* Graphique réalisé par Statista