Affaire Fillon : Le Maire démissionne, l'UDI se démarque, "pas de trêve" pour Macron...

Par latribune.fr  |   |  1110  mots
Bruno Le Maire (à g.) avec François Fillon (au c.), à Lyon le 22 novembre 2016 lors d'un meeting de Les Républicains pendant l'entre-deux tours de la primaire de la droite et du centre.
La décision, ce matin, du candidat de la droite et du centre de poursuivre sa campagne présidentielle malgré le lancement d'une procédure de mise en examen provoque de nombreuses réactions, y compris dans son camp où apparaissent les lézardes d'un front pas tout à fait uni.

[ Article publié le mercredi 1er mars 2017 à 16h14, et mis à jour à 17h48 ]

"C'est au peuple français et à lui seul que j'en appelle désormais, à ceux qui me suivent et à ceux qui me combattent. Seul le suffrage universel et non pas une procédure à charge peut décider de qui sera le prochain président de la République. Je ne céderai pas, je ne me rendrai pas, je ne me retirerai pas."

Par cette déclaration faite à la presse ce mercredi 1er mars vers midi depuis son siège de campagne, François Fillon a annoncé qu'il ne renoncerait pas à sa candidature à l'élection présidentielle malgré une convocation des juges le 15 mars en vue de sa mise en examen dans l'affaire d'emplois présumés fictifs de son épouse.

Voici les premières réactions :

L'UDI "suspend" son soutien

L'UDI a décidé de "suspendre" son soutien à François Fillon dans un premier temps. Jean-Christophe Lagarde, son président, a en effet annoncé à l'AFP que le parti centriste "suspendait" sa participation à la campagne de François Fillon. Les parlementaires UDI se sont réunis cet après-midi alors qu'un accord devait être paraphé accordant près de 70 circonscriptions gagnables par les centristes. L'UDI prendra la semaine prochaine une décision définitive sur son soutien, ou pas, à François Fillon

"LES REPUBLICAINS": Le Maire démissionne car Fillon n'a pas le "respect de la parole donnée"

Il explique ainsi sa démission de l'équipe de campagne de François Fillon où il était représentant pour les affaires européennes et internationales :

"Le 26 janvier dernier, François Fillon déclarait devant les Français que dans ce cas de figure, il retirerait sa candidature à la présidence de la République française. Je crois au respect de la parole donnée. Elle est indispensable à la crédibilité de la politique. Elle est la condition nécessaire pour mener sereinement les efforts de redressement de la France. En accord avec mes principes, je démissionne donc de mes fonctions," explique-t-il dans un communiqué.

"EN MARCHE!" : Macron prône la tolérance zéro pour les politiciens

Le candidat du mouvement "En Marche!" s'exprimait depuis le Salon de l'agriculture, à Paris :

"Pour ce qui relève du domaine judiciaire, puisqu'il y en a bien un, cela concerne François Fillon et ses juges. Pour ce qui est du domaine public et de la vie politique, les Français seront juges mais ne donnons pas au vote démocratique le rôle de l'absolution, ça n'est pas le sien."

"Si certains proposent aujourd'hui une trêve elle doit alors s'appliquer à tous les crimes et délits (...) On ne saurait la réserver aux délinquants en col blanc ou à la simple classe politique (...) Je suis pour la tolérance zéro pour tout le monde"

"Les mots ont un sens, ça fait plusieurs fois cette semaine que François Fillon choisit d'utiliser des grands mots, c'est plutôt le signe d'une perte de nerfs ou alors d'une perte du sens des réalités (...)"

FRONT NATIONAL : pour Philippot, ce "calendrier instrumentalisé" profite à Macron

Le vice-président du Front National argumentait sur BFM TV et LCI :

"M. Fillon a annulé le Salon de l'agriculture pour faire de la com. Il y a trois semaines, s'il était mis en examen, il partait, aujourd'hui il ne part plus. Il parle d'assassinat politique de mascarade judiciaire mais il y participe, ça n'a pas beaucoup de sens"

"Moi je ne juge pas le fond, l'affaire sur le fond est grave, il y a une suspicion d'enrichissement personnel et familial dans l'affaire Fillon. Mais évidemment que sur le calendrier, chacun maintenant est conscient qu'il y a un calendrier instrumentalisé et que tout cela est construit pour bénéficier au candidat du hollandisme c'est-à-dire Monsieur Macron."

PARTI SOCIALISTE : pour Hamon, Fillon manque de sérieux, lui qui dénonçait le laxisme et la lenteur de la justice

Le candidat du Parti socialiste réagit face à la presse lors d'un déplacement en Bretagne :

"La réalité, c'est que le feuilleton des affaires qui concernent François Fillon aujourd'hui rend médiocre cette campagne présidentielle"

"Il emprunte au même registre que tous les politiques mis en examen qui expliquent qu'ils sont victimes d'un complot médiatique, politique, judiciaire, tout cela n'est pas sérieux" "Il ne peut pas être celui qui dans les tracts demande que les procédures en justice soient accélérées, dénonce le laxisme de la justice (...) et reprocher ensuite aux juges de faire leur travail dans un contexte où il est légitime qu'il soit entendu par la justice"

"LA FRANCE INSOUMISE" : pour Mélenchon, la droite devrait choisir un autre candidat plus "présentable"

Le candidat de "La France insoumise" s'est exprimé face à la presse :

"La situation est malsaine, ce n'est pas bon pour la démocratie une situation pareille" (...) "Ce n'est pas mon bord, je suis un homme lié à la gauche par son histoire, mais ça me fait presque de la peine pour mes compatriotes qui auraient le droit d'avoir un candidat qui puisse être présentable si j'ose dire"

"Chaque citoyen est sommé, par son vote, de lui vote une immunité, ça revient à ça, ce n'est pas du tout le sens de l'élection." (...)

"Tout est faussé, sans doute le mieux serait qu'ils se choisissent un autre candidat pour qu'au moins on puisse avoir le débat."

"DEBOUT LA FRANCE" : pour Dupont-Aignan, "le vote Fillon n'est plus un vote utile"

Le candidat de "Debout la France" s'est exprimé via un communiqué à la presse :

"Au-delà de la procédure judiciaire qui ne concerne que lui, François Fillon prend en otage les électeurs de la droite et du centre, qui lui avaient fait confiance." (...) "Il les exhorte une nouvelle fois à le suivre dans ce qui n'est plus qu'une aventure personnelle qui offre un boulevard à M. Macron. Le vote Fillon n'est plus un vote utile"

(Avec Reuters)

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Pour mémoire, la campagne du candidat des Républicains est totalement bouleversée depuis les révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de son épouse (le "PenelopeGate") et de deux de ses enfants comme collaborateurs lorsqu'il était député et sénateur : le soupçon d'emplois fictifs d'assistants parlementaires touche également la candidate du Front National au Parlement européen qui lui réclame plus de 300.000 euros de salaires "indûment versés".

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