Le Medef veut faire de la formation un enjeu de la présidentielle

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  639  mots
Pierre Gattaz, le président du Medef, souhaite que les enjeux éducatifs soient au cœur de la campagne présidentielle. Son objectif: à l'horizon de 10 ans que "100% des élèves soient citoyens et employables".
Le Medef commence à distiller ses revendications dans le cadre de la campagne pour la présidentielle. Il veut ainsi totalement repenser le système éducatif français pour développer l'employabilité.

C'est une habitude au Medef : profiter de la période de la campagne présidentielle pour tenter de peser sur les débats et de mettre les revendications patronales au cœur des priorités. L'élection du printemps 2017 n'échappe pas à la règle. De fait, le président du Medef, Pierre Gattaz a commencé à distiller ses recommandations. Mais alors qu'on attendait l'organisation patronale sur ses traditionnelles revendications touchant à la compétitivité des entreprises et au besoin de flexibiliser davantage le marché du travail, c'est finalement aux questions concernant l'éducation et la formation que le Medef a accordé sa priorité. Pourquoi ? « car la situation française se détériore en termes éducatifs » a expliqué Pierre Gattaz devant la presse... ce qui « obère l'employabilité ». Et le Medef de regretter que 25% des élèves entrant au collège ne maitrisent pas les fondamentaux (lire, écrire compter) et qu'il y ait 100.000 « décrocheurs » par an dans le système éducatif.

Résultat, le Medef constate que 25% des 15/29 ans ne sont ni en situation d'emploi ni en en formation.

Alors, l'organisation avance son objectif pour corriger cet état de fait. Elle souhaite qu'à l'horizon de 10 ans « 100% des élèves soient citoyens et employables à la fin de leur scolarité et tout au long de leur vie ».

Plus d'autonomie pour les établissements scolaires

Le Medef a son plan pour parvenir à cet objectif. D'abord, à l'instar de beaucoup de spécialistes de l'éducation, elle considère que « tout se joue dès primaire ». Les élèves quittant le CM2 devraient, à l'avenir, absolument maîtriser les fondamentaux, avoir un début de culture « du digital » et posséder des notions d'anglais. Pour ce faire, le Medef prône une plus grande autonomie pour les écoles et le droit pour elles d'apporter des innovations qu'elles soient pédagogiques, organisationnelles, techniques...

Un plus grande autonomie que le Medef réclame aussi pour les collèges et les lycées où les élèves devraient avoir la possibilité d'échanger davantage avec la société civile (entreprises, artistes, chercheurs, etc. Il faudrait également une plus grande ouverture à l'international.

Donner une information réelle sur les débouchés possibles

Toute l'information sur les trajectoires et les parcours possibles devrait également être repensée. Avec une information réelle sur les débouchés (nombre d'emplois, qualité des emplois, évolution dans le temps) dans tel ou tel secteur ciblé. Il conviendrait aussi d'afficher la qualité et la performance des organismes de formation, notamment en matière d'accès à l'emploi. Le Medef plaide aussi pour le développement de passerelles à tous les étages entre les formations professionnelles mais aussi entre les formations professionnelles et générales, à l'instar de ce qui existe en Suisse.

Enfin, bien entendu, l'organisation patronale milite pour que le monde de l'entreprise soit le principal acteur dans l'enseignement professionnel. Ainsi, les référentiels de métiers devraient être rédigés sous la responsabilité des branches professionnelles et les ouvertures des formations devraient être définies par ces mêmes branches. Dans le même ordre d'idée, il devrait y avoir une liberté totale d'ouverture et de fermeture des centres de formation professionnelle quand le financement est intégralement privé. Et, vieille revendication, le droit de l'apprentissage devrait être aligné sur le droit commun du travail... y compris en matière de rupture du contrat.

Du grand classique donc de la part de l'organisation patronale qui espère que ces enjeux éducatifs seront au cœur de la campagne Pour Pierre Gattaz, cet objectif de « 100% de jeunes, citoyens et employables » permet de fixer un cap au pays. Car c'est ce qu'il reproche aux actuels candidats à la primaire de la droite. Si le président du Medef adhère à leurs propositions en faveur des entreprises, il leur reproche, à tous, cet absence de cap.