Adhésion à l'UE : la Macédoine du Nord, dont la candidature est toujours bloquée, a le soutien de la France

Par latribune.fr  |   |  931  mots
En 2020, les Vingt-Sept ont approuvé l'ouverture des négociations concernant la Macédoine du Nord. (Crédits : Reuters)
Depuis l'ouverture des négociations pour intégrer la Macédoine du Nord à l'Union européenne en 2020, l'adhésion du pays est bloqué par la Bulgarie en raison de contentieux lié à la langue et à l'histoire. Pour tenter de régler le différend entre les deux Etats, Emmanuel Macron s'est dit prêt, lundi, à accueillir à Paris, « le moment venu », leurs autorités respectives. Depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, les débats sur de nouvelles adhésions à l'UE, notamment celle de l'Ukraine, ne cessent de diviser les Vingt-Sept.

La Macédoine du Nord pourra-t-elle un jour entrer dans l'Union européenne ? Rien n'est moins sûr. Le pays a dû faire face à de nombreux blocages dont celui de la Grèce. Cette dernière refusait catégoriquement l'appellation de Macédoine, également nom de sa province septentrionale, en y voyant une usurpation de son héritage historique. Athènes avait finalement changé de position une fois la mention « du Nord » ajoutée au nom du pays et levé son blocage en 2018. L'année suivante, c'est Emmanuel Macron qui avait mis son veto, avec deux autres Etats membres, à l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Macédoine du nord et l'Albanie, estimant que les conditions n'étaient pas réunies pour un élargissement de l'UE à ces deux pays.

En 2020, les Vingt-Sept ont finalement approuvé l'ouverture des négociations concernant la Macédoine du Nord. Mais depuis, le processus est bloqué par la Bulgarie en raison d'un contentieux lié à la langue et à l'histoire. Sofia reproche aux Macédoniens de nier leurs origines bulgares et considère la langue macédonienne comme un dialecte bulgare.

« Relations de bon voisinage »

Fin mars, le Premier ministre bulgare, Kiril Petkov, a néanmoins montré des signes encourageants déclarant que des « progrès » avaient été réalisés dans les discussions en cours depuis janvier. Profitant de cette ouverture, Emmanuel Macron s'est dit prêt, lundi, à accueillir à Paris, « le moment venu », les autorités de Bulgarie et de Macédoine du Nord en vue de la conclusion d'un accord bilatéral qui permettrait l'ouverture de négociations d'adhésion de Skopje à l'UE.

La France, qui assure la présidence tournante de l'UE jusqu'au 1er juillet, appuie « depuis plusieurs semaines » la recherche d'une solution au différend entre les deux pays, a rappelé l'Elysée à l'issue d'échanges avec le président bulgare Rumen Radev et le Premier ministre de Macédoine du Nord Dimitar Kovacevs.  Lors de ces échanges, Emmanuel Macron a fait part de son « plein soutien à un accord entre les deux pays, qui permettrait de contribuer aux relations de bon voisinage » et de « concrétiser la perspective européenne de la Macédoine du Nord ».

La France se place désormais aux côtés de l'Italie qui a réclamé début mai l'ouverture « immédiate » des négociations formelles pour intégrer la Macédoine du Nord et l'Albanie dans l'UE, ainsi que l'« accélération » des pourparlers en cours avec la Serbie et le Monténégro. Alors que l'UE a conforté son unité en soutenant l'Ukraine face à l'offensive russe, « la pleine intégration des pays qui manifestent des aspirations européennes ne représente pas une menace pour le maintien du projet européen, cela fait partie de sa réalisation », avait affirmé le Premier ministre italien Mario Draghi, lors d'un discours au Parlement européen à Strasbourg.

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Les gouvernements de la Macédoine du Nord et de l'Albanie espèrent l'ouverture des négociations d'adhésion en juin ou en juillet. Mais pour l'Albanie, le processus semble pour l'instant plus compromis, les Vingt-Sept ayant approuvé seulement sous conditions l'ouverture des négociations à son intégration en 2020. L'Allemagne et les Pays-Bas ont, en effet, imposé à Tirana d'exigeantes réformes à accomplir avant l'ouverture formelle des pourparlers, notamment des réformes électorales, judiciaires et de lutte contre la corruption et la criminalité organisée.

Procédure accélérée pour l'Ukraine ?

La Macédoine du Nord et l'Albanie font partie des cinq pays actuellement officiellement candidats pour entrer dans l'Union européenne, dont le Monténégro, la Serbie, et la Turquie. D'autres pays convoitent une place dans l'UE. Entre fin février et début mars, l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie ont successivement envoyé leur candidature d'adhésion, dans la foulée de l'offensive russe en Ukraine.

La candidature de l'Ukraine a soulevé de nombreux débats parmi les Vingt-Sept, notamment sur la possibilité d'une procédure accélérée. Début mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi réclamé l'intégration « sans délai » de son pays à l'UE. Or, ce processus nécessite notamment de rapprocher la législation du pays candidat du droit européen, un processus long et difficile. Kiev a néanmoins bénéficié d'un traitement accéléré de sa demande. En effet, l'Ukraine a présenté le 28 février dernier sa demande d'obtention du statut de candidat à l'UE et devrait obtenir une réponse de Bruxelles en juin, soit quelques mois contre des années habituellement. Un premier avis de la Commission européenne sera rendu prochainement avant un accord à l'unanimité lors du sommet européen des 23 et 24 juin, ce qui ouvrira alors des négociations au long cours.

Une « communauté politique européenne »

Reconnaissant qu'il faudrait « des décennies » à un pays comme l'Ukraine pour rejoindre l'UE, Emmanuel Macron a proposé, le 9 mai, la création d'une inédite « Communauté politique européenne ». Cette institution parallèle à l'Union européenne et au Conseil de l'Europe permettrait aux nations européennes de « trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération en matière énergétique, de transports et d'infrastructures, de circulation des personnes et en particulier de la jeunesse », avait-il détaillé. Et de préciser que l'adhésion à cette communauté « ne préjugerait pas de l'adhésion future à l'Union européenne » et qu'elle ne serait « pas fermée à ceux qui ont quitté cette dernière ».

(Avec AFP)