Allemagne : le marasme économique va encore durer

Par latribune.fr  |   |  599  mots
Joachim Nagel, Président de la Banque fédérale d'Allemagne. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)
Pour la banque centrale d'Allemagne, la croissance de la première économie européenne devrait rester nulle au troisième trimestre cette année. Cette annonce intervient alors que le chiffre définitif de la croissance au second trimestre sera dévoilé vendredi. Sur l'ensemble de l'année 2023, les principaux instituts économiques allemands s'attendent désormais à un recul estimé entre 0,2 et 0,4% du PIB en Allemagne, le FMI tablant de son côté sur une baisse de 0,3%.

Le pessimisme gagne la Bundesbank. Dans son bulletin économique mensuel publié ce lundi 21 août, la banque centrale d'Allemagne estime que la croissance du PIB « restera probablement à nouveau largement inchangé » de juillet à septembre, par rapport au trimestre précédent. Si cette prédiction se confirme, elle prolongerait ainsi le marasme qui frappe l'économie outre-Rhin depuis un an.

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Comme lors des trimestres précédents, la production industrielle en Allemagne devrait rester « probablement faible » lors des mois d'été, explique l'institution. Pour rappel, elle a plongé en juin, pour le deuxième mois consécutif. Outre une faible demande intérieure, les prix de l'énergie restent relativement élevés, et certaines activités les plus énergivores, comme la chimie, peinent à retrouver leur niveau de production d'avant la guerre en Ukraine.

 Des coûts de financement plus élevés

La Bundesbank, elle, attribue l'apathie de l'industrie à la faiblesse de la demande étrangère, « orientée à la baisse », notamment en Chine et aux États-Unis, deux marchés cruciaux pour le secteur. Résultat, les exportations, jadis fer de lance de la croissance, sont pénalisées.

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Pour la banque centrale, cette tendance va perdurer, et ce, malgré la diminution continue des goulots d'étranglement dans les approvisionnements, qui permet d'honorer plus vite les carnets de commandes. En cause, les coûts de financement élevés, du fait de la remontée agressive des taux par la Banque centrale européenne pour juguler l'inflation. Ceux-ci vont continuer à peser sur les investissements et la construction (BTP), ajoute l'institution.

L'Allemagne, « boulet » de la zone euro ?

Les dépenses de consommation des ménages vont, de leur côté, continuer à soutenir l'économie, sur fond de « marché de l'emploi stable » et de « forte augmentation des salaires » pendant que l'inflation reflue. En raison de la hausse des salaires, l'inflation en Allemagne, redescendue à 6,2% en juillet, est « susceptible de rester au-dessus de 2% » encore « un certain temps », et ce, malgré le recul concomitant des prix d'énergie, selon la Bundesbank.

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Cette publication intervient alors que le chiffre définitif de la croissance au second trimestre sera dévoilé vendredi. L'Allemagne est tout juste parvenue à sortir de la récession d'hiver au deuxième trimestre 2023 avec une stagnation de son Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, faisant beaucoup moins bien que prévu, selon les données provisoires de l'institut Destatis, publiées fin juillet.

Les dépenses de consommation des ménages privés « se sont stabilisées au deuxième trimestre 2023 après le faible semestre d'hiver », avait-il détaillé le mois dernier. Si le PIB allemand devrait avoir, peu ou prou, laissé derrière lui la récession technique - soit deux trimestres d'affilée en recul - traversée cet hiver, cela ne pourrait être qu'une parenthèse : l'indice des directeurs d'achats (PMI) de juillet, en repli, a pointé vers une nouvelle baisse du PIB lors du trimestre en cours, à moins que les mois d'août et de septembre n'affichent un net renversement de tendance.

Sur l'année 2023, les principaux instituts économiques allemands s'attendent à un recul estimé entre 0,2 et 0,4% du PIB en Allemagne, le FMI tablant de son côté sur -0,3%. Le gouvernement d'Olaf Scholz, lui, voit encore la croissance du PIB afficher 0,4%, mais cette prévision d'avril a de bonnes chances d'être abaissée à l'automne. L'Allemagne ferait ainsi moins bien que ses voisins européens, dont la France.

(Avec AFP)