Allemagne : nouveau recul des exportations en décembre, plus fort que prévu

Par latribune.fr  |   |  687  mots
Au total, sur l'ensemble de l'année 2023, l'Allemagne a exporté pour 1.562,1 milliards d'euros de biens, soit un recul de -1,4% par rapport à 2022. (Crédits : CATHRIN MUELLER)
Les exportations allemandes ont baissé en décembre, tombant à leur plus bas depuis mars 2022. Le recul de 4,6% est nettement plus fort qu'attendu. Il s'explique encore une fois par la faible demande européenne, qui met encore à mal les performances de l'Allemagne dont l'économie est en crise depuis des mois.

Nouveau coup dur pour la première puissance européenne : l'Allemagne a vu ses exportations baisser en décembre alors qu'elles avaient enfin augmenté le mois précédent, mettant fin à quatre mois de recul de l'indicateur.

D'une valeur de 125,3 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières (CVS), elles sont ainsi en baisse de 4,6% sur un mois, d'après les chiffres de l'Office des statistiques Destatis publiés ce lundi. Cette diminution est plus forte que les prévisions des analystes. Ceux sondés par Factset tablaient en effet sur un recul de 2,4%, tandis que les économistes interrogés par l'agence de presse Reuters prévoyaient un recul de 2%.

Dans le même temps, les importations ont davantage reculé : -6,7% sur un mois. Si bien que la balance commerciale est tout de même en amélioration sur un mois, à 22,2 milliards d'euros.

Le « made in Germany » séduit moins

Ce tassement mensuel des exportations allemandes s'explique par de moindres flux vers les pays de l'Union européenne par rapport à novembre. Les livraisons ont ainsi baissé de 5,5% et de 6% vers la zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique), alors qu'elles avaient augmenté le mois précédent. Mais cela reste finalement dans la continuité de la conjoncture de ces derniers mois - elles s'était aussi tassées notamment en octobre - et le signe d'une faiblesse générale de l'économie sur le Vieux-Continent sur fond d'inflation toujours élevée.

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Le reste du monde s'est en revanche davantage approvisionné de produits « made in Germany » sur un mois (+3,5%). Et ce, malgré un recul de 5,5% en direction des États-Unis, le premier client de l'Allemagne.

Le recul des exportations est encore plus marqué avec la Chine (-7,9%), l'ex-Empire du Milieu subissant un ralentissement de son économie comme en témoigne la publication d'une succession d'indicateurs en demi-teinte ces dernières semaines. Or le pays est le premier partenaire commercial de l'Allemagne. « Le plus gros problème pour l'industrie allemande en ce moment est la Chine », expliquait il y a quelques jours à l'AFP Jan-Otmar Hesse, chercheur en histoire économique à l'université de Bayreuth. Et d'ajouter : « L'avenir du modèle de croissance allemand dépendra de sa capacité à éliminer les risques géopolitiques tout en continuant à profiter de la division internationale du travail ».

Au total, sur l'ensemble de l'année 2023, l'Allemagne a exporté pour 1.562,1 milliards d'euros de biens, soit un recul de 1,4% par rapport à 2022, a précisé Destatis. En face, 1.352,5 milliards d'euros de marchandises ont été importées. La balance commerciale est donc excédentaire de près de 210 milliards d'euros sur l'année, ce qui n'a pas empêché le produit intérieur brut (PIB) allemand de se contracter de -0,3% sur un an.

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Fin 2023-début 2024 : même combat

Ces données confirment ainsi, s'il fallait encore le prouver, la mauvaise fin d'année 2023 pour l'économie allemande. L'industrie, qui représente environ 20% de sa richesse produite, reste engluée dans le rouge. La raison n'est pas simple mais multiple : des prix de l'énergie et des taux d'intérêt élevés, une demande intérieure atone et aussi au ralenti chez ses grands clients comme la Chine.

Et ce début d'année 2024 ne commence pas mieux, à l'aune du moral des patrons encore en berne en janvier, selon l'institut munichois IFO. Il table même sur un repli du PIB de janvier à mars de 0,2%, qui conduirait l'Allemagne en récession technique (deux trimestres d'affilée de baisse de l'activité). Un pessimiste partagé par d'autres experts. « Bon nombre des récents freins à la croissance seront toujours présents au moins pendant les premiers mois de 2024, et auront, dans certains cas, un impact encore plus fort qu'en 2023 », prédisait la semaine dernière Carsten Brzeski, analyste chez ING. Le gouvernement prévoit, lui, une reprise de la croissance à +1,3% en 2024. Mais l'année est encore longue.

(Avec AFP)