Allemagne : recul confirmé au quatrième trimestre, le pays s'installe dans la crise

Par latribune.fr  |   |  597  mots
Cette situation économique délicate provoque de vifs débats entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz sur la réponse à apporter. (Crédits : © Patrick Pleul/dpa via Reuters)
L'institut de statistique Destatis a confirmé le recul de 0,3% du PIB au quatrième trimestre 2023. Mercredi dernier, le gouvernement s'était révélé sceptique sur les mois à venir, de quoi sabrer sa prévision de croissance.

L'Allemagne a bien enregistré un recul de 0,3% de son PIB au quatrième trimestre, sur fond de crise multiforme qui plombe l'industrie, pilier de son économie, selon l'estimation définitive publiée ce vendredi.

« La faiblesse de la demande étrangère, les tensions géopolitiques persistantes et les prix élevés de l'énergie » ont plombé la première économie européenne, après deux trimestres consécutifs de stagnation, a commenté l'institut de statistique Destatis, dans un communiqué.

Ces chiffres confirment une première estimation de Destatis fin janvier. Sur l'ensemble de l'année 2023, l'économie allemande s'est aussi contractée de 0,3%, avait annoncé Destatis plus tôt dans le mois.

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Une économie en berne

L'Allemagne fait nettement moins bien que la moyenne de la zone euro, qui a atteint une croissance de 0,5% en 2023, selon Eurostat, avec des hausses pour la France, l'Espagne ou l'Italie. Le pays est plombé par la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite.

L'Allemagne souffre depuis la guerre en Ukraine des coûts de l'énergie trop élevés avec la fin des livraisons de gaz russe. En outre, le resserrement de la politique monétaire européenne, pour lutter contre l'inflation, freine la demande et les investissements. Au dernier trimestre 2023, les investissements dans la construction ont ainsi diminué de 1,7% et les investissements en équipement de 3,5%, selon Destatis.

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Le commerce international, plombé notamment par une Chine au ralenti, ne permet pas de compenser la faible demande domestique ni de maintenir le haut niveau d'exportation qui faisait la force de l'économie allemande. À cela s'ajoute le handicap d'une pénurie de main-d'œuvre, avec des milliers de postes vacants et une transition climatique difficile pour de nombreuses branches, qui estiment qu'elles n'ont pas autant de subventions que leurs concurrents, notamment américains.

Scepticisme pour l'année 2024

Après ce mauvais résultat de fin d'année, le démarrage de 2024 est également inquiétant. Le PIB devrait « à nouveau légèrement diminuer au premier trimestre 2024 », a prévenu mi-février la Banque fédérale allemande, alors que les commandes dans l'industrie et le bâtiment sont en baisse. Cette situation « est un défi, un défi extrême », a déclaré le ministre de l'Économie, Robert Habeck.

Mercredi, le gouvernement allemand a ainsi dit ne plus anticiper qu'une hausse de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, contre 1,3% anticipé précédemment. Pire, le pays s'expose à un tunnel de croissance anémique, avec un « potentiel » autour de 0,5% par an jusqu'en 2028, selon un rapport ministériel.

Seules bonnes nouvelles ? Un faible taux de chômage (actuellement sous les 6%) et des salaires qui « augmenteront plus que les prix » cette année, sur fond de mobilisations sociales croissantes, grâce à un fort ralentissement de l'inflation « domptée » à 2,8%, ce qui pourrait soutenir la demande intérieure, selon le ministre de l'Economie.

La situation économique délicate que connaît l'Allemagne provoque de vifs débats entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz sur la réponse à apporter. Un texte prévoyant des mesures fiscales pour les entreprises est l'objet d'âpres négociations depuis des mois. Dans la dernière version, la somme des allégements proposés, initialement de sept milliards d'euros, a été réduite de moitié face à l'opposition des régions, qui craignent pour leurs budgets.

(Avec AFP)