Angela Merkel défend sa politique migratoire malgré les attentats

Par Romaric Godin  |   |  634  mots
Angela Merkel a affirmé qu'elle assumait sa politique migratoire.
La chancelière a interrompu ses vacances après les attentats de la semaine dernière. Tout en donnant quelques gages à sa droite, la chancelière a, ce 28 juillet, défendu sa politique migratoire.

Angela Merkel était restée, comme à son habitude, très discrète après les événements de la semaine passée où l'Allemagne avait connu quatre attaques terroristes sur son sol, dont un attentat-suicide dans la ville d'Ansbach revendiqué par l'Organisation de l'Etat islamique. Finalement, ce jeudi 28 juillet, elle a brisé le silence, interrompu ses vacances et donné sa conférence de presse de rentrée avec un mois d'avance au cours de laquelle elle a tenté de redonner l'impression d'une maîtrise de la situation.

Durcissement sécuritaire modéré

En réaction aux événements récents, la chancelière a annoncé un plan de sécurité en neuf points, comprenant la possibilité d'une intervention de la Bundeswehr, l'armée fédérale, sur le territoire national, un système de « alarme préventive » pour contrer la « radicalisation des réfugiés » et la levée des obstacles pour l'expulsion des demandeurs d'asile dont la demande a été rejetée. Angela Merkel tente donc de donner du grain à moudre à une partie du camp conservateur qui s'inquiète de la présence d'islamistes radicaux chez les réfugiés arrivés en Allemagne depuis septembre. « Là où il y a des manques, nous devons agir », a affirmé la chancelière qui a nié qu'il y ait « une guerre contre l'Islam », mais qui a reconnu que l'Allemagne était bien « en guerre contre l'EI ».

Mais elle s'est refusé à entrer dans une vraie surenchère sécuritaire. Elle a mis en garde contre tout changement des habitudes de vie quotidienne des Allemands : « Ma conviction est que nous pouvons et nous devons ne pas laisser détruire notre façon de vivre ». Et de mettre en garde contre le danger de « détruire notre cohésion et notre vivre-ensemble ». La chancelière reconnaît que c'est une « épreuve » pour son pays, mais elle rappelle que « nous avons déjà eu d'autres jours difficiles » et que « nous dépasserons cette épreuve ».

Maintenir ses principes

Là où la chancelière était attendue, c'était sur la responsabilité de sa politique d'accueil des réfugiés au second semestre de l'an dernier. Elle n'accepte pas la critique et affirme avoir agi « de façon responsable » et  « de la manière la plus adaptée, dans une situation difficile, en fonction de ses connaissances ». « Je n'ai jamais dit que tout serait facile », a-t-elle cependant admis en reconnaissant que des terroristes ont pu utiliser les mouvements de réfugiés pour venir en Europe. Mais, a-t-elle affirmé, elle entend continuer à « s'en tenir à nos principes », ceux du « respect de la dignité humaine » et du « respect de l'asile pour les réfugiés selon la convention de Genève ».

Maintenir l'équilibre

Angela Merkel tente donc de reprendre la main en évitant de généraliser le problème sécuritaire à l'ensemble de la population des réfugiés. Son objectif reste le maintien de l'équilibre politique qui fonde sa force : pour son centre et sa gauche, elle insiste sur le respect des réfugiés et de l'intégration de ces derniers à la société allemande et, pour sa droite, elle renforce le cadre sécuritaire et s'engage à maintenir la politique actuelle basée sur la fin de l'arrivée des réfugiés grâce à l'accord avec la Turquie et la fermeture de la route des Balkans.

Si elle a critiqué le manque de « proportionnalité » de la réponse du pouvoir turc à la tentative de coup d'Etat du 15 juillet dernier, elle s'est bien gardée d'évoquer cet accord qui est de plus en plus menacé par le durcissement du régime d'Ankara. Mais c'est la stratégie habituelle d'Angela Merkel : éviter autant que possible les sujets délicats et tenter de construire un large compromis autour de sa personne.