Attractivité : l'Allemagne reste un poids lourd

Par Fabien Piliu  |   |  541  mots
L'Allemagne attire plus d'investisseurs étrangers que la France. Selon le Baromètre Attractivité publié ce mardi par EY, le nombre d'investissements directs étrangers (IDE) a progressé de 12% en Allemagne en 2016 pour s'élever à 1.063 en Allemagne contre 779 dans l'Hexagone.
Malgré un coût du travail élevé et une flexibilité du marché du travail perfectible, l'Allemagne séduit toujours davantage les investisseurs selon le Baromètre de l'Attractivité du cabinet EY.

Selon le Baromètre de l'Attractivité publié ce mardi par le cabinet EY, le nombre d'investissements directs étrangers (IDE) a progressé de 12% en Allemagne en 2016. Cette augmentation est certes plus faible qu'en France, où les IDE ont fait un bond de 30% sur la période. Néanmoins, le nombre d'IDE reste encore plus élevé en Allemagne qu'en France. Il s'élève à 1.063 en Allemagne contre 779 dans l'Hexagone. Le nombre d'emplois créés y est également plus élevé: 19.961 (+17%) en Allemagne contre 16.980 en France (+24%).

De nombreux atouts

Les réponses des investisseurs interrogées laissent peu de place au doute: l'Allemagne est un pays très attractif. La qualité des infrastructures, le niveau de formation de la main d'œuvre sont clairement plébiscités. C'est également le cas de la stabilité politique et de la transparence des règles fiscales et sociales. Rappelons qu'entre 2013 et 2017, l'Allemagne n'a connu qu'un seul ministre de l'Economie: Sigmar Gabriel. Au cours de cette période, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron puis Michel Sapin ont occupé la fonction en France. Certains y voient une explication aux nombreux changements de cap de la politique économique tricolore, changements qui déstabilisent les ménages, les entreprises et les investisseurs étrangers.

Sur le podium mondial

Résultat, la première économie de la zone euro, qui a enregistré un excédent commercial record en 2016 (252,9 milliards d'euros) serait, selon 20% des investisseurs interrogés par EY, la troisième destination mondiale à privilégier, derrière les Etats-Unis (33%) et la Chine (37%). La France ne recueille que 7% des suffrages.

En dépit de la puissance du secteur manufacturier allemand - peut-être parce qu'une partie a été délocalisée dans les anciens pays d'Europe centrale et orientale (PECO) ? -, l'industrie n'est pas le secteur le plus ciblé par les IDE. Il ne concentre que 12% des IDE. En revanche, les ventes et le marketing ont attiré 67% des investissements en 2016. Viennent ensuite la recherche et développement et la logistique, deux secteurs qui attirent tous les deux 6% des investissements.

Un besoin de réformes structurelles ?

Tout est donc rose au pays de Goethe ? Heureusement pour ses concurrents, dont fait partie la France, ce n'est pas le cas. Le niveau de la fiscalité, jugé trop élevé, la politique de relance de l'Etat fédéral, insuffisante, le coût du travail, peu compétitif, ainsi que la flexibilité du marché du travail, trop faible, sont des points sur lesquels les investisseurs espèrent que l'Allemagne progresse. La France ne serait donc pas la seule économie à nécessiter des réformes structurelles ?

Transformer l'économie

En dépit de ces défauts, l'Allemagne reste donc une valeur sure. Et à l'avenir ? Les investisseurs interrogés par EY sont confiants même s'ils s'interrogent sur la capacité de l'Allemagne, comme celle de ses rivales d'ailleurs, à transformer en profondeur son économie et en particulier son industrie, via les nouvelles technologies. Une transformation indispensable si l'Allemagne veut conserver les avantages concurrentiels qui sont actuellement les siens, notamment une compétitivité hors-prix remarquable qui permet à la plupart des entreprises allemandes de s'affranchir de la concurrence pour fixer leurs prix de vente. Le made in Germany 4.0 est encore dans les limbes, estiment-ils. Il ne faudrait pas que cette situation dure trop longtemps.