Barroso chez Goldman Sachs : Juncker finit par réagir

Par latribune.fr  |   |  554  mots
José Manuel Barroso "sera reçu à la Commission non pas comme ancien président, mais comme un représentant d'intérêts (privés)", a souligné Jean-Claude Juncker.
Le président de la Commission européenne souhaite obtenir des "clarifications" sur les conditions de l'embauche de son prédécesseur, qui sera désormais reçu à la Commission non pas comme ancien président, mais comme simple lobbyiste.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pris son temps pour réagir à la polémique sur le nouveau poste de son prédécesseur. L'actuel président de l'exécutif bruxellois a finalement demandé au Portugais José Manuel Barroso des "clarifications" sur ses nouvelles fonctions à Goldman Sachs. Celles-ci seront soumises pour avis au comité d'éthique de Bruxelles, a assuré Jean-Claude Juncker dans une lettre datée du 9 septembre et rendue publique par la médiatrice de l'Union européenne.

La nomination en juillet dernier de José Manuel Barroso comme conseiller au Brexit par la banque d'affaires Goldman Sachs, souvent citée parmi les responsables de la crise des subprimes, avait suscité de vives réactions. D'abord celle de Paris qui, par l'intermédiaire du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir, avait demandé "solennellement" à l'ancien président de "renoncer à ce poste". Puis par une pétition du personnel de l'UE, craignant qu'il ne mette au profit de ce groupe privé la notoriété gagnée dans ses anciennes fonctions publiques.

Enfin, une lettre adressée en forme d'avertissement à Jean-Claude Juncker par la médiatrice de l'Union européenne, Emily O'Reilly, a finalement poussé Bruxelles à réagir. Dans sa missive, Emily O'Reilly demande des "clarifications" sur l'embauche de José Manuel Barroso et suggère une révision du code de conduite des commissaires.

"Il n'est pas suffisant de dire qu'aucune règle n'a été enfreinte"

Suite à l'annonce du nouveau poste de José Manuel Barroso, Bruxelles avait estimé qu'aucune règle n'avait été transgressée, rappelant simplement qu'il restait tenu au "secret professionnel" en tant qu'ancien président de l'exécutif européen.

Le code de bonne conduite signé par les commissaires prévoit en effet une période de "refroidissement" de 18 mois à l'issue de leur mandat, durant laquelle ils doivent demander une autorisation à leur ancien employeur avant de pouvoir rejoindre un groupe privé. Mais celle-ci ne s'applique pas à l'ancien président qui a quitté ses fonctions en novembre 2014.

"Il n'est pas suffisant de dire qu'aucune règle n'a été enfreinte, il faut considérer l'esprit et l'intention que sous-entend l'article en question du traité et modifier le code pour refléter cela précisément", estime Emily O'Reilly dans sa lettre au président Juncker.

José Manuel Barroso sera accueilli comme un lobbyiste

Dans sa réponse datée du 9 septembre à Emily O'Reilly, Jean-Claude Juncker assure que même si José Manuel Barroso lui "a confirmé qu'il s'engageait à agir de manière intègre et discrète" chez Goldman Sachs, il a "demandé au secrétaire général (de la Commission) de lui envoyer une lettre pour lui demander de fournir des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat".

Et, poursuit-il, la réponse sera soumise "à l'avis du comité d'éthique ad hoc". Celui-ci est chargé d'éclairer la Commission afin de savoir, si les projets de reconversion professionnelle des anciens commissaires européens ne se heurtent pas aux règles édictées en commun.

En outre, Jean-Claude Juncker indique que désormais José Manuel Barroso "sera reçu à la Commission non pas comme ancien président, mais comme un représentant d'intérêts (privés) et sera soumis aux mêmes règles" que les lobbyistes.

(avec AFP)