Report du Brexit : la balle est dans le camp du Parlement britannique

Par latribune.fr  |   |  926  mots
Jeremy Corbyn a longtemps hésité à se ranger derrière l'idée d'un second référendum, après celui de juin 2016 remporté par les partisans du Brexit, car le sujet divise au sein même du Parti travailliste. (Crédits : Reuters)
Theresa May s'est résignée à accepter un report du Brexit si les députés britanniques rejettent son accord de sortie de l'Union européenne et refusent de sortir sans accord, le 12 mars prochain. Dans le même temps, le chef de file du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, soutiendra la tenue d'un second référendum si son plan alternatif pour quitter l'UE est écarté au Parlement.

[Article publié le 26.02.2019 à 9h37, mis à jour à 15h avec la déclaration de Theresa May]

À 32 jours du retrait britannique, le 29 mars au soir, et faute d'avoir réuni une majorité aux Communes pour le ratifier, Theresa May cherche toujours à obtenir de l'Union européenne des modifications à l'accord de sortie qu'elle a négocié et validé en novembre. Alors qu'elle s'est toujours refusée à cette idée, la Première ministre a annoncé ce mardi aux députés qu'elle leur laissera le choix de repousser le divorce pour "une période courte et limitée" s'ils rejettent son accord le 12 mars prochain et refusent de sortir sans accord

Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, s'est de son côté rangé à l'idée d'un second référendum si les propositions alternatives du Labour pour le Brexit ne sont pas approuvées par le Parlement.

Un report du Brexit n'annulera pas l'option d'une sortie sans accord

Ainsi, le Royaume-Uni ne quittera l'Union européenne sans un accord de retrait le 29 mars prochain qu'à la condition que la Chambre des communes donne son consentement explicite à cette issue. Theresa May a indiqué que si les députés rejetaient une nouvelle fois l'accord de retrait de l'UE d'ici au 12 mars, elle leur donnerait alors l'occasion de se prononcer sur un Brexit sans accord.

Si le parlement rejette un "no deal", alors un troisième vote aura lieu le 14 mars sur une "extension courte et limitée" de la période de négociation fixée par l'Article 50 des traités européens, et donc un report du Brexit, a-t-elle poursuivi. Cependant, elle a prévenu qu'une éventuelle prolongation des deux années de négociation prévues par l'Article 50 ne retirerait pas de la table l'option d'un divorce sans accord.

« "Je suis personnellement opposée à une extension de l'article 50. Notre objectif prioritaire devrait être de travailler à un accord et de sortir le 29 mars de l'UE (...) La Chambre doit clairement dire qu'une courte extension, pas au-delà de la fin juin, devrait presque certainement être un report unique (...) Une extension ne peut pas annuler l'option d'un 'no deal'. La seule manière de le faire serait de révoquer l'Article 50, ce que je ne ferai pas, ou d'accepter un accord. »

Corbyn fait un pas significatif vers un second référendum

Jeremy Corbyn a longtemps hésité à se ranger derrière l'idée d'un second référendum, après celui de juin 2016 remporté par les partisans du Brexit, car le sujet divise au sein même du Parti travailliste.

La décision du Labour pourrait réduire les chances de la Première ministre de rassembler une majorité d'élus en faveur d'un accord révisé. L'initiative travailliste pourrait, en effet, séduire les députés qui auraient voté en faveur d'un traité révisé pour éviter une sortie sans accord, jugée potentiellement chaotique, mais qui préfèrent encore l'option d'un second référendum. Rien n'indique cependant qu'il existe actuellement une majorité aux Communes en faveur de la tenue d'une nouvelle consultation.

Les parlementaires débattront et voteront mercredi sur les prochaines étapes de la procédure de divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Ils pourront ainsi de nouveau soumettre au vote des amendements.

« Nous sommes résolus à proposer ou à soutenir un amendement en faveur d'un vote public pour empêcher un Brexit Tory (conservateur) nuisible pour notre pays », devait déclarer dans la soirée de lundi aux élus du Labour Jeremy Corbyn. « D'une façon ou d'une autre, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher une sortie sans accord. »

Les travaillistes se disent déterminés à présenter un amendement demandant au gouvernement d'adopter leurs propres propositions sur le Brexit, y compris le maintien d'une union douanière permanente avec l'UE.

« Si le Parlement rejette notre plan, le Labour remplira la promesse faite à son congrès annuel et soutiendra un vote public », a écrit le porte-parole du Labour pour le Brexit, Keir Starmer, sur son compte Twitter.

Selon le Guardian, l'UE envisage un report du Brexit jusqu'en 2021

Bien que Theresa May s'est toujours personnellement opposée à un report de la date prévue, la perspective d'un "no deal" la contraint à se résigner à cette idée. C'est en tout cas ce que pense le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a précisé avoir discuté avec elle des « conséquences juridiques et politiques d'une possible prolongation » de la date-limite des négociations sur le Brexit.

« Je pense que dans la situation où nous nous trouvons, une prolongation serait une décision logique, mais la Première ministre May pense toujours qu'elle sera capable d'éviter ce scénario », avait-t-il déclaré ce matin depuis Charm El-Cheikh, en Egypte, lors d'une conférence de presse.

D'après les informations du Guardian, les dirigeants européens étudient au plus haut niveau la possibilité de reporter le Brexit jusqu'en 2021, si la Première ministre britannique ne parvient pas à faire adopter l'accord par le Parlement de Westminster.

Pour sa part, la Première ministre britannique a toujours jugé qu'un report du Brexit ne réglerait rien en soi et ne ferait que repousser "la grande décision".

« Une extension de l'Article 50, un report de ce processus, ne donne pas une décision au Parlement, ça ne donne pas un accord. Cela ne fait que retarder le moment où vous prenez la décision. Et je pense qu'une extension de l'Article 50 ne réglerait pas la question. »

(Avec Reuters)