Brexit : les Européens circonspects face à la nouvelle demande de report de May

Par AFP  |   |  572  mots
Dans une lettre, Theresa May souligne qu'elle cherche toujours à obtenir un accord des députés britanniques "qui permette au Royaume-Uni de quitter l'UE avant le 23 mai et ainsi annuler (la participation du pays aux) élections européennes". (Crédits : POOL New)
La Première ministre britannique Theresa May a de nouveau proposé vendredi la date du 30 juin, déjà refusée par l'Union européenne en raison des élections prévues à la fin du mois de mai. Plusieurs pays européens ont noté que cette nouvelle démarche ne suffit pas à répondre aux interrogations de l'Ue.

La Première ministre britannique Theresa May a demandé vendredi un report du Brexit jusqu'au 30 juin pour tenter de surmonter la crise politique au Royaume-Uni. Dans une lettre envoyée  au président du Conseil européen Donald Tusk, elle remet sur le tapis la date du 30 juin, avec l'engagement de lancer les préparatifs pour participer aux élections européennes... auxquelles elle espère cependant pouvoir se dérober.

Elle souligne en effet qu'elle cherche toujours à obtenir un accord des députés britanniques "qui permette au Royaume-Uni de quitter l'UE avant le 23 mai et ainsi annuler (la participation du pays aux) élections européennes". Le Royaume-Uni "continuera les préparatifs pour la tenue de ces élections si cela n'est pas possible", ajoute-t-elle.

Une demande "prématurée" selon la présidence française

La requête de la dirigeante britannique a été reçue avec circonspection par ses homologues européens. Theresa May avait déjà demandé un report de la sortie de son pays de l'Union européenne, initialement prévue le 29 mars, au 30 juin lors du sommet européen du mois de mars, ce qui lui avait été refusé. La date posait en effet problème aux dirigeants européens en raison de la tenue des élections européennes du 23 au 26 mai. Ils avaient finalement accepté un report au 12 avril.

En France, la présidence a jugé "un peu prématurée" cette nouvelle demande de report et expliqué attendre un "plan crédible" de Londres d'ici au sommet extraordinaire de l'UE consacré au Brexit du 10 avril. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a estimé que la démarche britannique "ne répond pas" aux interrogations de l'UE.

"Il y a encore beaucoup de questions qui doivent être clarifiées à Londres", a déclaré pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

Ce nouveau délai est néanmoins au programme des discussions prévues lundi à Dublin entre le gouvernement irlandais et le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.

L'idée d'un report "flexible" portée par Donald Tusk

De son côté, Donald Tusk voudrait proposer que l'UE accorde à Londres un report "flexible" allant jusqu'à 12 mois, selon un haut responsable européen. Cela permettrait de fixer la nouvelle date butoir du Brexit au 12 avril 2020, tout en laissant une porte de sortie au Royaume-Uni avant cette échéance si les députés britanniques approuvent dans l'intervalle le Traité de retrait qu'ils ont déjà rejeté trois fois. Mais cette proposition risque de ne pas soulever l'enthousiasme de tous les Etats membres, inquiets de garder le Royaume-Uni avec un pied à l'intérieur et l'autre à l'extérieur de l'UE, dont il pourrait perturber le fonctionnement.

"Si une longue extension nous laisse coincés dans l'UE, nous devrions nous montrer aussi pénibles que possible", a d'ailleurs déjà menacé le député conservateur eurosceptique Jacob Rees-Mogg. "Nous pourrions opposer notre veto à toute augmentation du budget, à la supposée armée européenne et bloquer les projets intégrationnistes de M. Macron".

A Londres, les discussions entreprises depuis mercredi avec l'opposition travailliste pour trouver un compromis susceptible d'être soutenu par une majorité de députés et éviter le scénario redouté d'une sortie sans accord semblaient elles aussi dans l'impasse vendredi soir. Keir Starmer, le référent du Brexit pour le Labour, a jugé décevant le contenu des échanges.