Les députés britanniques n'ont trouvé lundi aucune alternative au "Withdrawal Agreement" que Theresa May a conclu en novembre avec Bruxelles et qu'ils ont rejeté pour la troisième fois vendredi, bien que la Première ministre ait mis sa démission dans la balance. La sortie du Royaume-Uni de l'UE est théoriquement programmée le 12 avril mais toutes les hypothèses demeurent envisageables.
Le gouvernement doit se réunir deux fois ce mardi, a appris Reuters de source politique. La première réunion sera consacrée à la situation au sein du Parti conservateur, la seconde réunira les principaux ministres autour de Theresa May. Au total, les discussions devraient durer cinq heures.
Le scénario du no-deal de plus en plus crédible (Barnier)
Faute de parvenir à faire adopter l'accord de retrait, la cheffe de gouvernement devra se résoudre à une sortie sans accord le 12 avril prochain, à organiser des élections anticipées ou à demander à l'Union européenne un long report du Brexit. Dans ce dernier cas, il faudra que le Royaume-Uni organise des élections européennes - ce que ni Londres ni Bruxelles ne souhaitent vraiment.
« Ces derniers jours, le scénario du 'no deal' est devenu de plus en plus crédible, mais nous pouvons toujours espérer l'éviter », a déclaré Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE lors d'une conférence de presse organisée à Bruxelles. Ajoutant que l'Union était disposée à maintenir Londres au sein de l'union douanière ou de nouer avec les Britanniques une relation semblable à celle qui unit l'UE à la Norvège.
Maintien dans l'union douanière : trois voix d'écart
La série de votes indicatifs organisés lundi a en effet permis l'émergence d'une nouvelle piste, celle d'un maintien du Royaume-Uni au sein de l'union douanière. Rejetée à trois voix seulement (contre six le 27 mars), cette solution permettrait de résoudre la question de l'Irlande du Nord dont le territoire ne serait pas soumis à une législation différente de celle de la Grande-Bretagne.
Effaré par le chaos actuel, Jürgen Maier, le patron du géant industriel allemand Siemens en Grande-Bretagne, plaide notamment pour cette solution.
« Maintenant ça suffit. Notre patience est à bout. Décidez-vous et rassemblez-vous derrière un compromis sur l'union douanière qui assure la stabilité et la sécurité économiques », a-t-il dit, déplorant que le Royaume-Uni devienne actuellement la "risée" de ses partenaires européens.
D'après le quotidien The Sun, le gouvernement pourrait accepter "à contrecœur" ce scénario si l'accord de Theresa May était rejeté lors d'une dernière série de votes indicatifs qui devrait avoir lieu jeudi.
L'option divise les Tories
Jacob Rees-Mogg, chef de file des conservateurs eurosceptiques au Parlement britannique, n'a pour sa part pas caché son inquiétude de voir Theresa May se résigner à accepter le maintien dans l'union douanière - une proposition défendue par le Parti travailliste de Jeremy Corbyn.
« Mon inquiétude, c'est que la Première ministre soit préoccupée par-dessus tout par le souci d'éviter une sortie sans accord et je suis très inquiet à l'idée qu'elle puisse décider d'opter pour une union douanière attachée à son accord (de retrait) », a-t-il déclaré sur les ondes de LBC. « Mais si cela se produit, des gens comme moi continueront de faire campagne pour sortir de l'union douanière », a-t-il ajouté.
Un autre député conservateur eurosceptique, Steve Baker, a même laissé entendre qu'il pourrait voter une motion de censure contre le gouvernement en cas de maintien d'une union douanière avec l'UE.
Toujours selon le quotidien britannique, les ministres les plus favorables au Brexit devraient demander à Theresa May qu'elle fixe une date butoir pour trouver une solution à la question de la frontière nord-irlandaise et à la clause de sauvegarde. Faute d'accord sur ce point, le Royaume-Uni quittera l'Union sans accord le 12 avril à 22h00 GMT.
(avec Reuters)