Brexit : Michel Barnier dévoile son mandat et dément vouloir "punir" le Royaume-Uni

Par latribune.fr  |   |  627  mots
"Quitter l'Union, ce n'est pas un chiffre, ce n'est pas un prix à payer, c'est un retrait ordonné avec des comptes à solder et (un) ensemble de questions" à régler, a affirmé ce mercredi Michel Barnier, désigné par la Commission et les Etats membres pour les représenter à la table des négociations.
Alors que la tension a encore monté d'un cran entre les deux parties, Michel Barnier, négociateur en chef de l'Union européenne, a présenté ce mercredi ses "recommandations" en prévision de l'ouverture des négociations sur l'accord de retrait du Royaume-Uni dans quelques semaines.

Cette étape est incontournable pour que le camp européen soit légalement prêt à négocier avec Londres : la présentation du "mandat" des négociateurs de l'UE.

Et c'est le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit, Michel Barnier, 66 ans, ancien commissaire européen, qui a détaillé ses directives lors d'une conférence de presse à en fin de matinée ce mercredi 3 mai. Des directives fondées sur les grands principes directeurs décidés lors du sommet européen de samedi dernier, où les 27 dirigeants restants dans l'UE ont clamé leur "unité".

"Quitter l'Union ce n'est pas un chiffre, ce n'est pas un prix à payer, c'est un retrait ordonné avec des comptes à solder et (un) ensemble de questions" à régler, a affirmé le Français, désigné par la Commission et les Etats membres pour les représenter à la table des négociations.

Une facture de 100 milliards d'euros à régler par Londres?

L'une des questions les plus contentieuses est celle du "règlement financier", la somme que l'UE exige du Royaume-Uni pour couvrir ses engagements budgétaires. Entre 40 et 60 milliards d'euros selon des estimations côté européen, 100 milliards selon le quotidien britannique Financial Times.

"Il ne s'agit pas d'une punition ni d'une taxe de sortie", a expliqué M. Barnier, qui s'est fixé pour objectif de se "mettre d'accord (avec Londres, Ndlr) sur une méthodologie rigoureuse pour calculer ces engagements".

Les Britanniques refusent la position de "quémandeur"

Mercredi matin, le ministre britannique en charge du Brexit David Davis a averti que son pays "ne paiera pas" 100 milliards d'euros, sur la chaîne de télévision ITV. Le Royaume-Uni n'abordera pas les négociations du Brexit en "quémandeur mais en tant que négociateur", a-t-il insisté.

M. Barnier refuse de parler de "facture", ne souhaite pas non plus évoquer de chiffres définitifs et soutient que l'UE n'exigera pas un "chèque en blanc" du Royaume-Uni.

Nécessaire respect des engagements, argumente Barnier

Il s'agira de respecter les engagements pris dans le cadre financier pluriannuel adopté en 2013, et qui court pour la période 2014-2020, a-t-il précisé. Ces sommes sont "engagées" et des "problèmes" seraient inévitables si les "programmes devaient être amputés ou suspendus". De plus, elles sont évolutives car le Royaume-Uni est encore membre de l'UE jusqu'au 29 mars 2019 au plus tard, a expliqué Michel Barnier.

En préalable, trois dossiers clés identifiés par les Etats membres

Michel Barnier espère boucler les négociations d'ici octobre 2018, afin que le Parlement européen puisse voter l'accord trouvé dans les temps avant la date prévue du retrait du Royaume-Uni, le 29 mars 2019.

Les recommandations de la Commission, selon un projet consulté par l'AFP, poussent à demander une garantie de leurs droits actuels à vie pour les citoyens de l'UE vivant depuis cinq ans au Royaume-Uni, soit environ 3 millions de personnes.

Elles font écho aux trois dossiers clés identifiés par les Etats membres qui devront être résolus avant toute discussion sur un futur accord commercial: les citoyens, les comptes à solder et le cas de la frontière entre l'Irlande du Nord, province britannique, et l'Irlande.

Les discussions débuteront après les législatives britanniques du 8 juin

Dans un souci de transparence, la Commission va publier ces recommandations, qui devront ensuite être adoptées par les Etats membres, selon le calendrier prévu lors d'un conseil des Affaires générales réunissant les 27 ministres européens en charge du dossier le 22 mai.

L'UE sera alors prête pour entamer les discussions avec le Royaume-Uni, à l'issue des élections législatives britanniques du 8 juin convoquées par la Première ministre Theresa May, en quête d'une majorité politique sans faille.

(Avec AFP)