Brexit : Theresa May publie une tribune dans 7 journaux européens

Par latribune.fr  |   |  700  mots
Parmi les 10 premiers pays participant le plus au budget de l'Union européenne, le Royaume-Uni arrive en 2e position avec une contribution nette de 7,3 milliards d'euros derrière l'Allemagne (1re avec 12,3 milliards), la France n'arrivant qu'en 3e position (6,9 milliards).
Valeurs communes, coopération sécuritaire, liens économiques... la Première ministre britannique déploie un argumentaire censé rassurer ses futurs ex-partenaires européens mais qui semble viser d'abord à convaincre de l'inutilité d'imposer à son pays des barrières commerciales.

"Les électeurs vont réaliser qu'ils ont été trompés", prédit Michael Heseltine, ancien ministre de Margareth Thatcher et néanmoins chef de file de la rébellion anti-Brexit au Royaume-Uni dans une interview donnée mardi au Monde. De fait, les craintes sur les ravages potentiels d'une sortie de l'UE s'exacerbent encore depuis le déclenchement solennel hier mercredi 29 mars de l'article 50 par Theresa May.

Pour convaincre du bien-fondé de son délicat axiome selon lequel le Royaume-Uni "[quitte] l'UE, mais ne [quitte] pas l'Europe", la Première ministre britannique s'est lancée dans une offensive de charme avant d'entrer dans le vif des négociations en publiant ce jeudi 30 mars une tribune dans sept quotidiens européens.

Valeurs communes et... autodétermination nationale

Voici la liste des sept pays retenus, et des journaux choisis pour expliquer le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne :

Reprenant dans cette tribune l'essentiel des arguments présentés dans la lettre officielle remise mercredi au président du conseil européen, Donald Tusk, pour signifier le lancement de la procédure de Brexit, Theresa May écrit :

"Je veux vous assurer que cette décision ne signifie en rien un rejet des valeurs qui nous sont communes en tant qu'Européens."

Elle affirme qu'"il ne s'agit pas non plus d'une tentative de faire du tort à l'Union européenne", assurant que, au contraire, le Royaume-Uni "veut que l'Union européenne réussisse et prospère". Et justifie ainsi le Brexit :

"Notre référendum était, à nos yeux, un vote destiné à rétablir notre autodétermination nationale. (...) et nous voulons rester des partenaires et alliés solides de la France et de tous nos amis du continent."

Coopération sécuritaire (Ukraine, Syrie, Daesh...)

Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle salue "la voix forte" avec laquelle l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont très souvent parlé sur la scène internationale, notamment pour "l'intégrité et la souveraineté territoriale de l'Ukraine" ou "pour l'aide à des millions de gens en détresse en Syrie":

"Nous savons combien ce partenariat et cette amitié durables entre nos deux pays sont appréciables", assure-t-elle.

Elle évoque également la nécessité "d'une coopération sécuritaire la plus étroite possible", assurant qu'Européens et Britanniques sont "confrontés aux mêmes menaces mondiales du terrorisme et de l'extrémisme".

Rassurer les expatriés (y compris britanniques...)

Une amitié qu'elle souligne également dans La Repubblica entre le Royaume-Uni et l'Italie, rappelant les 600.000 Italiens qui vivent en Grande-Bretagne et la collaboration entre les deux pays "sur de nombreux sujets d'actualité de notre époque, de la lutte contre Daesh à la gestion de la crise migratoire en Méditerranée".

Elle insiste également sur les relations économiques bilatérales privilégiées, rappelant par exemple que 400.000 Britanniques travaillent pour des entreprises allemandes et 250.000 Allemands pour des entreprises britanniques.

La Première ministre affirme enfin vouloir "garantir les droits des citoyens de l'Union européenne vivant au Royaume-Uni et ceux des citoyens britanniques vivant dans les autres Etats membres le plus rapidement possible."

Au final, May aimerait éviter les barrières commerciales

Mme May présente son souhait de sceller "un partenariat étroit et spécial avec l'ensemble de l'Union européenne" car "cela répond aux intérêts du Royaume-Uni, de la France, de l'Union européenne et du monde entier", assure-t-elle dans la version française de sa tribune.

"La mise en place de barrières commerciales inutiles serait contraire à nos intérêts communs", met-elle en garde.

Et de fait, le retrait du Royaume-Uni de l'UE risque de faire des vagues des deux côtés de la Manche. Par exemple, il n'est pas inutile de rappeler que, parmi les 10 premiers pays participant le plus au budget de l'Union européenne, le Royaume-Uni arrive en 2e position avec une contribution nette de 7,3 milliards d'euros, derrière l'Allemagne (1re avec 12,3 milliards), la France n'arrivant qu'en 3e position avec 6,9 milliards d'euros (voir graphique, en tête d'article).

(Avec AFP)

*Graphique réalisé par notre partenaire Statista.