Brexit : victoire triomphale de Boris Johnson aux législatives britanniques

Par AFP  |   |  705  mots
(Crédits : TOBY MELVILLE)
Le Premier ministre sortant a obtenu une large majorité à la Chambre des communes. Une victoire qui lui permet d'honorer sa promesse de sortir son pays de l'Union européenne le 31 janvier, après plus de trois ans de déchirements.

Le pari est réussi pour Boris Johnson. Les résultats des élections législatives ont confirmé la tendance donnée par les premières estimations : une majorité écrasante pour les conservateurs qui ont remporté une victoire historique, jeudi 12 décembre, avec 361 sièges à la Chambres des communes (évaluation à 7 heures du matin), soit 35 sièges au-delà de la majorité absolue (326). Une avance jamais vue depuis 1987, lors de la troisième victoire d'affilée du parti sous le leadership de Margaret Thatcher.

Ce "nouveau mandat fort (...) donne à ce nouveau gouvernement l'occasion de respecter la volonté démocratique du peuple britannique", a souligné Boris Johnson désormais doté de la majorité absolue qui lui manquait jusqu'à présent. Le Premier ministre britannique a évoqué un "tremblement de terre" qui redessine le paysage politique britannique, au profit des conservateurs. En raflant des circonscriptions ouvrières détenues depuis des décennies par les travaillistes, les tories ont désormais les coudées franches pour mettre en oeuvre le Brexit, approuvé à 52% par les Britanniques en 2016 mais à l'heure actuelle, dans l'impasse.

La débâcle de Jeremy Corbyn

Le slogan "Réalisons le Brexit!", que le bouillonnant dirigeant à la tignasse blonde a répété à l'envi durant sa campagne, a fait mouche auprès des électeurs lassés de plus de trois ans de psychodrame. Boris Johnson a été félicité par son fidèle soutien, le président américain Donald Trump, qui lui a promis sur Twitter "un énorme nouvel accord commercial après le BREXIT", "potentiellement beaucoup plus gros et plus lucratif que n'importe quel accord qui pourrait être conclu avec l'Union européenne".

A Bruxelles, où les dirigeants européens sont réunis en sommet, la France a salué une "clarification". En revanche, pour le travailliste Jeremy Corbyn, 70 ans et chef de l'opposition le plus impopulaire jamais enregistré dans les sondages, c'est l'humiliation. "Très déçu", ce dernier a annoncé qu'il ne conduirait pas le parti aux prochaines élections, tout en souhaitant voir son parti entamer une "réflexion sur le résultat du scrutin et sur sa future politique". Maigre consolation, il a été élu pour la dixième fois, dans la circonscription londonienne d'Islington nord.

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Le parti travailliste, deuxième force politique du pays a ainsi, subit une véritable débâcle, parvenant à peine à se maintenir au-dessus des 200 sièges (selon les estimations du début de la matinée, vendredi), contre 262 dans le Parlement sortant. Il paie lourdement le flou de son message sur le Brexit - le parti s'engageait à renégocier l'accord de divorce puis à organiser un référendum -, un programme très radical (plus de 400 milliards de livres de dépenses publiques supplémentaires, environ 482 milliards d'euros) et surtout, l'image très dégradée de Jeremy Corbyn, accusé de n'avoir pas assez lutté contre l'antisémitisme rampant dans le parti. C'est la quatrième élection générale d'affilée perdue par le parti travailliste.

"Les conservateurs représentent désormais de nombreux ménages à faible revenu, des personnes qui travaillent dans les industries manufacturières et traditionnelles du centre et du nord de l'Angleterre", a dit le professeur Tony Travers, de la London School of Economics (LSE). Jusqu'à présent, Boris Johnson n'avait pas réussi à faire adopter par le Parlement l'accord de divorce qu'il avait négocié avec Bruxelles, faute de majorité à la Chambre des communes. Il a promis de soumettre cet accord aux députés avant Noël avec l'objectif de mettre le Brexit en oeuvre fin janvier, après trois reports. Boris Johnson a bénéficié d'un coup de pouce du Parti du Brexit, emmené par l'europhobe Nigel Farage, qui devrait faire chou blanc après s'être retiré de nombreuses circonscriptions pour ne pas diviser le vote pro-Brexit.