Budget italien : le président Mattarella sort de sa réserve

Par latribune.fr  |   |  388  mots
« La Constitution italienne, notre Constitution, en son article 97 dispose qu'il faut assurer un équilibre budgétaire et la viabilité de la dette publique », a déclaré ce 29 septembre Sergio Mattarella, (Crédits : ALESSANDRO BIANCHI)
L'annonce d'un déficit à 2,4 % du PIB pour les trois prochaines années n'a pas plu au président de la République italienne, Sergio Mattarella invoquant la Constitution. La coalition populiste n'a pas tardé à lui répondre.

« La Constitution italienne, notre Constitution, en son article 97 dispose qu'il faut assurer un équilibre budgétaire et la viabilité de la dette publique », a déclaré ce 29 septembre Sergio Mattarella, président de la République italienne, en recevant une délégation de jeunes Italiens.

La coalition populiste a en effet proposé d'établir à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) le déficit public pour les trois prochaines années, contre les 0,8% que le précédent gouvernement, de centre-gauche, s'était engagé à maintenir.

La déclaration du chef de l'Etat qui dispose de peu de pouvoirs mais d'une autorité respectée, a immédiatement provoqué les critiques du gouvernement.

« Que le président soit tranquille, après des années de budgets imposés par l'Europe qui ont fait exploser le déficit public (parvenu à ses maximums historiques), finalement on change de cap et on parie sur l'avenir et la croissance », a réagi le vice-Premier ministre d'extrême-droite Matteo Salvini.

Un budget déjà critiqué par la Commission européenne

Garant de la Constitution, il promulgue les lois et dispose du pouvoir de dissoudre les deux chambres du parlement. Sergio Mattarella avait également refusé en mai dernier de nommer Paolo Savona, un économiste eurosceptique pourtant proposé par la majorité actuelle, au nom de la défense des intérêts des épargnants. C'est au nom de ce même argument que le président italien a invoqué ce 29 septembre la nécessité de respecter les équilibres budgétaires.

La Commission européenne, qui devra examiner ce projet à partir du 15 octobre, a d'ores et déjà jugé qu'il lui paraissait « hors des clous ». Cette décision de la coalition a également provoqué des tensions sur les marchés financiers. Le taux d'emprunt italien s'est nettement tendu, tandis que la Bourse de Milan a perdu vendredi 3,7%, entraînée dans sa chute par les banques, dont les titres ont accusé des baisses de 7 à 9%.

Rome risque en outre une nouvelle flambée du « spread », l'écart très surveillé entre les taux d'emprunt italien et allemand, qui avait dépassé 300 points en mai en raison d'inquiétudes sur la politique à venir. Or plus les taux grimpent, plus le coût de remboursement augmente pour l'Etat, ce qui réduit ses marges de manœuvre financières.

(Avec AFP)