L'Italie sème (de nouveau) le trouble sur les marchés et les banques

La présentation par le gouvernement italien d'un objectif de déficit pour 2019 plus élevé qu'attendu, à 2,4% du PIB, a pesé sur les principales Bourses européennes. Les valeurs bancaires, italiennes mais pas seulement, ont été particulièrement touchées.
Delphine Cuny
Matteo Salvini, le président du conseil italien, a déclaré ce vendredi que l'intérêt des Italiens passe avant les bureaucrates de l'Union européenne, après avoir présenté son objectif d'un déficit à 2,4% du PIB sur les trois ans à venir, trois fois plus que la trajectoire fixée par le précédent exécutif.
Matteo Salvini, le président du conseil italien, a déclaré ce vendredi que l'intérêt des Italiens passe avant les "bureaucrates" de l'Union européenne, après avoir présenté son objectif d'un déficit à 2,4% du PIB sur les trois ans à venir, trois fois plus que la trajectoire fixée par le précédent exécutif. (Crédits : Zoubeir Souissi)

Rome fait de nouveau trembler les marchés européens. L'annonce par le gouvernement italien de coalition, jeudi soir, d'un objectif de déficit de 2,4% du PIB sur les trois ans à venir, trois plus fois plus important que ce qu'avait projeté le précédent exécutif, a jeté un coup de froid sur les Bourses du Vieux continent et en particulier les valeurs bancaires. En mai dernier, déjà, les résultats des élections italiennes avaient fait tanguer les banques européennes. Les investisseurs redoutent de nouvelles tensions sur la dette publique.

L'indice de la Bourse de Milan a reculé de 3,7%. Celui des banques italiennes a lâché plus de 7%. Ainsi Intesa Sanpaolo a chuté de plus de 8%, UniCredit de près de 7%. Elles ont entraîné dans leur sillage l'indice des banques de la zone euro (- 3,92%).

A la Bourse de Paris, Crédit Agricole, bien implanté en Italie, a inscrit la plus forte baisse du CAC 40 (-4,36%), suivi de BNP Paribas (-323%), également très présent avec sa banque BNL, puis de Société Générale (-2,8%), pourtant beaucoup moins exposée. Le CAC 40 a fini en repli de 0,85% à 5.493,49 points.

A la Bourse de Francfort, l'indice DAX a fini en baisse de 1,52%. Deutsche Bank a chuté de 3,76% et Commerzbank de 4,79%. A Madrid, l'Ibex 35 s'est replié de 1,45%, plombé par Bankia (-3,6%) et Banco Santander (-3,2%)

Exposition au risque italien

Dans un récent rapport, la Banque des règlements internationaux (BRI) s'était penchée sur la chute des valeurs bancaires européennes après les élections en Italie et sur l'exposition des banques européennes à l'Italie (dette souveraine et privée), et partant, sur le risque de contagion. Ce sont les banques italiennes, suivie des espagnoles, qui sont les plus exposées, juste avant les françaises.

Banques risque crise italienne euro

[Les spreads des obligations d'Etat italiennes sont à la hausse. Les actions des banques dans les pays développés divergent. La chute des cours des banques européennes. Les créances des banques sur des résidents italiens, par pays. Crédits : BRI]

"Le canal direct de transmission pourrait passer par d'importantes pertes à la valeur de marché sur les avoirs en obligations d'État et autres actifs, ce qui affaiblirait le capital de base des banques. Parmi les canaux indirects potentiels, figurent des conditions de financement plus strictes, si les spreads de crédit augmentent pour les banques italiennes et les autres grandes banques de la zone euro", analysaient deux économistes de la BRI.

Regain de nervosité

Autre indicateur révélateur du regain de nervosité des investisseurs, la volatilité implicite de l'Euro Stoxx 50 a gagné plus de 12%, tandis que l'indice des valeurs vedettes européennes se repliait de 1,47%. De son côté, l'euro a reculé de 0,15% face au dollar, autour de 1,1621, après avoir perdu jusqu'à 0,5% dans la journée, souffrant également de la publication des chiffres de l'inflation dans la zone euro, en ralentissement.

Même la Bourse de Londres a cédé du terrain, le FTSE clôturant en repli de 0,47%, plombé par les bancaires (Barclays, HSBC, Lloyds Banking et RBS).

Delphine Cuny

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Commentaires 22
à écrit le 30/09/2018 à 10:59
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Les politiques économiques de Bruxelles n'ont rien donné. Les taux d'intéret que paient les italiens servent à payer l'interet des assurances vies francaises et allemands qui sont sur de l'Euro. Rien que pour cela, les francais pourraient remerciés l...

le 01/10/2018 à 6:52
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"Les politiques économiques de Bruxelles n'ont rien donné." sans le QE de la BCE ça fait longtemps que l'Italie (et peut être la France) serait partie en vrille façon Grèce.

le 01/10/2018 à 14:53
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Le soutien du peuple ne signifie rien à la pertinence du plan Italien. Bien au contraire, dans un pays surrendetté, avec une pyramide des ages inversées, seule des mesures impopulaires, visant les retraités en particulier, sont possibles pour redress...

à écrit le 29/09/2018 à 18:21
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Ils ont qu'a faire comme les français, du deficit hors deficit. 98.7 Mds de prevus sur un pib de 2300, 4.3%, surement de quoi rassurer les marchés

à écrit le 29/09/2018 à 18:13
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Tss tss, les investisseurs européens surtout misent surtout sur les états unis, avec un personnage aussi puissant politiquement que Trump on ne peut que les comprendre. Ensuite c'est toujours sympa d'avoir un bouc émissaire, surtout "populiset" à...

à écrit le 29/09/2018 à 14:43
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L’actuel gouvernement italien peut faire le pari que le surcroît de croissance induit par des mesures de relance de l’économie amènera des rentrées fiscales plus importantes qui compenseront, sur le plan budgétaire, les dépenses supplémentaires engag...

à écrit le 29/09/2018 à 14:35
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Voilà un article que tout le monde peut écrire et constater au vu des baisse des cours des banques européennes, mais l' Italie n'est pas directement en cause. Certaines banques françaises ne sont pas impactées par les cours des banques italiennes, a...

à écrit le 29/09/2018 à 11:20
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Des avantages et inconvénients de la vie en commun. On reproche souvent, parfois justement, la politique de rigueur prônée par l’UE avec ses règles de ne pas dépasser les 3 % de déficit de l’administration publique et la dette publique doit être pro...

le 29/09/2018 à 12:02
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On applique en France la politique d' austérité des Gope-de-Bruxelles qui rend ce dernier seul responsable des politiques d' austérité européennes, en France comme en Italie puisque l' ensemble des pays européens est incapable ...

le 29/09/2018 à 12:43
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J'adore quand on parle de concurrence déloyale, alors l'UE rabote tout pour imposer la sienne et, on voit l'uniformisation qu'elle veut imposer sur son empire!

à écrit le 29/09/2018 à 11:09
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Après il faudra bien, un jour, nous expliquer pourquoi 3% et pas 6% ou 1%;;; Les politiques menées pour arriver à ces 3% sont parfois très déconcertantes. Comment s'étonnait ensuite que tant de personnes se détournent de l'Europe ?

le 29/09/2018 à 21:05
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A l'origine du déficit à 3% du PIB, une invention 100%... française https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20101001trib000554871/a-l-origine-du-deficit-a-3-du-pib-une-invention-100-francaise.html

le 30/09/2018 à 10:07
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3% du PIB c'est de toutes façons beaucoup trop, le chiffre tenable dans la durée c'est 0%. 3% aurait dû être une limite à ne jamais dépasser même en bas de cycle économique. Un déficit en permanence autour de 3% est l'indication que le pays est stru...

à écrit le 29/09/2018 à 10:51
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L’Italie change de ton sur les finances publiques : Les deux « hommes forts » du gouvernement assurent soudainement en chœur qu’il s’agit de « respecter les contraintes européennes » (Matteo Salvini, Liga), pour « ne pas détruire l’Europe » (Luigi...

le 30/09/2018 à 10:16
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La "Syrization" est inévitable quand un exécutif est élu sur des bases mensongères (faire croire que les problèmes viennent des exigences de la pourtant très débonnaire UE alors qu'ils viennent de problèmes structurels internes qui persisteraient (vo...

à écrit le 29/09/2018 à 10:44
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Sur ce coup Salvini reste raisonnable, l'économie italienne ne va pas bien, faire une politique de rigueur serait idiot...

le 01/10/2018 à 11:04
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En fait le problème italien (qui est d'ailleurs aussi le problème français) vient de la dette cumulée (133% du PIB en Italie, 100% en France) avec très peu de marges de manoeuvre côté recettes à cause d'un niveau de prélèvements obligatoires déjà ext...

à écrit le 29/09/2018 à 10:28
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Le problème italien (et d'ailleurs français aussi) n'est pas tant le niveau du déficit que le fait qu'il vient creuser encore une dette déjà abyssale et qu'en plus ce déficit est utilisé pour financer des dépenses de fonctionnement (notamment en Ital...

à écrit le 28/09/2018 à 22:19
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en vérité l'Italie ferait donc mieux que la France jupitérienne pour limiter le déficit . quel scandale !

à écrit le 28/09/2018 à 20:50
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La France a un budget encore plus en déficit mais ça n'affole personne. C'est parque nous avons une des meilleures administration fiscale au monde. Les marchés savent qu'elle n'aura qu'à se servir en cas de pépin.

à écrit le 28/09/2018 à 19:48
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Bonjour, il faudra dire à votre "Journaliste" qui a écrit <Matteo Salvini, le Président du Conseil italien, a déclare...> d'y aller molo avec la moquette... Bien cordialement.

le 30/09/2018 à 10:18
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Boulot vite fait mal fait, effectivement.

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